Lansana Conté (1984-2008)

Lc1198jaecvr 1Lansana Conté, né vers  1934 à Moussayah Loumbaya dans la région de Kindia[] et mort le  22 décembre 2008 à Conakry, est un  homme politique guinéen, président de la République de Guinée de 1984 à sa mort en 2008.

D'origine soussou, il intègre l'armée française en 1955, et participe à la guerre d’Algérie. Promu lieutenant, il défend le régime dictatorial d' Ahmed Sékou Touré. Dix ans plus tard, il est élu député  du Parti démocratique de Guinée (PDG, parti unique).

Parvenu au grade de colonel, il participe au coup d'État de 1984, une semaine après la mort du « père de l'indépendance de la Guinée », Sékou Touré. La junte, dénommée Comité miltaire de redressement national (CMRN), porte Lansana Conté à la tête du pays.

Libéral et nationaliste, il privatise les entreprises publiques, réduit le nombre de fonctionnaires, et dote la Guinée d'une nouvelle Constittution qui autorise le multipartisme. Devenu général,  il est officiellement élu président de la République en 1993, et largement reconduit en  1998 et 2003, grâce à une modification constitutionnelle. Malgré les restrictions des libertés et les menaces, l'opposition critique ouvertement ces scrutins, qu'elle estime truqués, et qu'elle boycotte par la suite.

À la fin de sa présidence, alors que la situation économique et sociale continue de se dégrader, Lansana Conté doit affronter plusieurs révoltes, réprimées dans le sang, ce qui le contraint à négocier avec les syndicats. Victime de plusieurs tentatives de renversement et d'assassinat, il décède des suites d'une « longue maladie », après 24 ans de pouvoir sans partage. Sa mort est suivie d'un coup d'État qui renverse la IIe République qu'il avait instaurée.

Les grands axes du discours-programme de Lansana Conté le 22 Décembre 1985.

 
 A — De la consolidation de la démocratie

Le 3 avril 1984, nous avons tourné le dos aux comportements contre lesquels nous nous sommes dressés. L'opinion internationale a salué le nouveau régime avec étonnement et admiration.

En matière de Droits de l'homme, trop de choses ont été dites sur la Guinée. Les hommes ne changent pas vite; les moments de souffrance ne s'oublient pas facilement. Quand l'occasion leur fut donné, certains se sont vengés sur ceux qui symbolisaient un passé abhorré. Nous sommes retombés dans le cycle infernal de la répression et de la vengeance. Je suis profondément convaincu qu'il faut cesser d'entretenir des ressentiments qui accentuent nos divisions, et je souhaite que tous partagent cette conviction. Sachons surmonter nos faiblesses et cessons de regarder derrière nous. Ce sera plus facile bientôt quand le système aura été définitivement abattu.

Aujourd'hui, ce système est encore présent dans ce qu'il a de pire, dans des pratiques que notre population espérait a jamais révolues. Le comportement de certains agents de l'Etat est inadmissible. Les détentions arbitraires dont le seul objet est de soutirer de l'argent à des innocents doivent immédiatement cesser.

Les ministres de la Justice et de la Sécurité ont une tâche impérieuse et urgente à remplir : faire de la Guinée un Etat de droit, un Etat respectueux des Droits de l'homme et des libertés individuelles. Nous avons affirmé que la démocratisation est un processus irréversible en Guinée, puisque librement pensée et décidée par les Guinéens. Comme prévu, le C.T.R.N. a élaboré et présenté le 23 décembre 1991, les Lois Organiques régissant nos Droits et Devoirs démocratiques.

La qualité et la hauteur de vue des textes ont rehaussé la légitime fierté de notre pays en Afrique et dans le monde. Les Institutions, toutes les Institutions, seront donc mises en place conformément à la volonté et au droit légitime du Peuple guinéen. Toutefois, si la Démocratie est un droit et un art de vivre ensemble pour une société responsable, elle exige de s'enraciner dans les réalités profondes de chaque Peuple pour traduire ses aspirations propres.

En Guinée, elle doit consolider la Paix dans l'unité de la Nation pour le développement. C'est pourquoi nous avons dénoncé et condamné les troubles et incidents nombreux qui ont endeuillé les familles en 1991, dans certaines localités de notre pays, notamment à Conakry, N'zérékore et Kankan. Ces actes et comportements sont contraires à nos coutumes et à nos principes moraux qui reposent sur le respect de la vie et des biens d'autrui. Je souhaite donc, par delà les passions que l'avènement d'une ère nouvelle pourrait susciter, que chacun, du fond de lui-même, puise la force et la sagesse nécessaires pour assurer une transition pacifique vers la société démocratique digne de notre grand Peuple.
Ce Peuple saura, j'en suis sûr, donner encore, comme en 1958 et en 1984, l'exemple par sa maturité et sa grandeur.

D'abord, bâtir un Etat au service du développement. La Guinée a besoin de fonctionnaires au service exclusif de leur pays; de fonctionnaires responsables et efficaces; de fonctionnaires conscients d'appartenir à une équipe qui joue une partie décisive pour notre avenir. Sans un objectif commun, sans solidarité entre ses membres, une équipe ne gagne pas. Aujourd'hui, dans l'Administration, chacun garde la balle pour soi; l'information ne circule pas; les collègues et les subordonnés sont ignorés. Les compétences, quand elles existent, sont mal utilisées. Le choix des hommes dépend plus des relations personnelles que des qualifications réelles. Les structures sont inadaptées et les responsabilités totalement diluées: personne n'ose prendre de décision, tout remonte jusqu'au sommet. Cela n'est plus possible !

Un homme ne peut diriger à lui tout seul un grand pays comme le nôtre.

Pour que chacun sache ce qu'il doit faire, soit capable de le faire et ait envie de le faire, nous allons réformer l'Administration. A la Fonction Publique, nous avons hérité de la pagaille. Pour savoir où nous sommes, nous recensons les fonctionnaires et les travailleurs de l'Etat.

Parallèlement, sont définis les missions de chaque service, les structures appropriées et les postes à pourvoir. Ensuite des hommes seront affectés à ces postes en fonction de leur compétence. La sélection se fera à partir d'une formation préalable effectuée par des spécialistes du secteur concerné. Les agents non retenus seront placés en position de disponibilité spéciale : leur salaire sera maintenu mais l'accès aux locaux de la Fonction Publique leur sera interdit.

Certains d'entre eux, après une formation complémentaire, retrouveront leur place dans l'Administration. La reconversion dans le secteur privé sera encouragée par des primes de départ, des prêts bancaires garantis et des sessions de formation. Ceux qui ne sauront pas saisir toutes les chances que nous leur offrons, soit de réinsertion dans la Fonction Publique, soit de reconversion dans le secteur privé, seront licenciés à la fin dc la période de restructuration.

Les besoins de la nouvelle Administration guinéenne seront limités. Nous pourrons donc réduire les effectifs et mieux payer ceux qui restent au service de l'Etat. Rapidement, il faut que le salaire du fonctionnaire lui permette de vivre correctement avec sa famille, sans qu'il ait besoin de chercher ailleurs des compléments de revenus.

Cette réforme est essentielle. Je tiens à ce qu'elle soit menée avec toute l'autorité et la compétence nécessaires. Pour la grande majorité des fonctionnaires, la situation actuelle cumule des inconvénients. Responsabilisés, qualifiés, bien rémunérés, demain ils formeront l'Administration du Redressement national.

B — Du redressement de l'économie

La remettre en marche est notre affaire à tous.

Pour démarrer sur des bases saines, il faut d'abord la réviser entièrement; ensuite, veiller à ce qu'elle ne dérape pas, et pour cela, maintenir les équilibres nécessaires; enfin, savoir où nous voulons aller, sinon, d'autres nous feront aller là où nous ne voulons pas. Je propose aujourd'hui aux Guinéens un projet de développement que nous aurons à préciser et à réaliser tous ensemble. Ce projet, c'est l'autosuffisance pour tous les produits essentiels au bien-être : alimentation, logement, habillement.

Cest la maîtrise du marché intérieur par des Entreprises nationales conçues à l'échelle de nos besoins. Dans la réalisation de ce projet, l'Etat prendra ses responsabilités. Il n'agira plus à la place des Guinéens, mais, quand c'est nécessaire, les aidera et les protégera. Notre économie doit se roder; elle ne peut, sans risques, s'ouvrir brutalement à la concurrence étrangère; elle s'engagera progressivement sur la voie du libéralisme.

Le préalable à tout redressement économique, c'est l'assainissement monétaire. Comme la monnaie et le crédit, les instruments juridiques sont essentiels au développement économique. Ces derniers mois, un effort de réglementation a été accompli. Il est encore marqué par l'esprit du système et traduit plus le souci du contrôle et du trafic d'influence que la volonté de promouvoir la libre entreprise.

Je veux que chaque Guinéen ait la plus grande liberté d'investir et de créer l'Entreprise de son choix.

Les agréments vont être supprimés et les procédures simplifiées au maximum.

Une commission est chargée de proposer d'urgence les mesures à prendre pour établir en Guinée l'environnement institutionnel le plus favorable à l'épanouissement de l'initiative privée, prioritairement celle de nos compatriotes. L'économie a besoin des règles de jeu claires et précises : que chacun sache ce qu'il peut faire et ce qu'il ne doit pas faire.

Ceux qui respecteront ces règles n'auront rien a craindre de l'Etat; leur réussite ou leur échec dépendra de leur capacité à affronter la concurrence. Satisfaire les besoins des clients et réaliser des profits, cela doit aussi être la règle pour l'actuel secteur de l'Etat.

C'est dans cette perspective que nous allons l'assainir.

Une profonde rénovation avec réduction des effectifs du personnel s'impose pour la plupart des Entreprises qui le composent. Sauf dans les domaines stratégiques, nous souhaitons que ces Entreprises soient reprises par le secteur privé ou transformées en Sociétés d'économie mixte.

Nous ne pouvons tenir compte du seuil critère de rentabilité immédiate pour fermer celles qui devront l'être.

Nous devons en effet, éviter de priver le pays de capacités de production qui demain seront utiles pour atteindre notre objectif d'autosatisfaction des besoins élémentaires. Les droits des travailleurs seront préservés : préalablement à tout changement de statut, des Conventions collectives seront négociées par secteur d'activité; un droit du travail moderne garantira à la fois les intérêts des travailleurs et ceux des Entreprises.

Cet acte fondamental, socle d'une société nouvelle, est certes issu du libre engagement pris par l'armée, le 3 Avril 1984, de faire de la Guinée un Etat respectueux du droit et de la justice dans la liberté. Mais il est surtout l'aboutissement d'un pari historique qu'un Peuple a tenu, soutenu et réalisé avec courage et sacrifices.

En effet, suite à l'indispensable réforme de nos structures économiques et administratives d'énormes difficultés assaillent notre vie de tous les jours : L'emploi est rare, surtout pour les jeunes. L'électricité, l'eau, les communications, pour ne citer que celles-là, constituent de réellse entraves à notre épanouissement. Aussi pénible soient-elles, ces difficultés sont inhérentes à toute phase de mutation profonde qu'implique la réalisation d'un véritable programme de redressement, visant à asseoir les bases d'un développement durable. Malgré ces difficultés de parcours, je voudrais vous dire et vous faire partager ma confiance dans le présent et dans l'avenir; car pointent déjà à l'horizon, réelles et visibles, les promesses d'une oeuvre bien engagée.

En effet, la volonté et la compétence de nos cadres s'affirment de plus en plus; la conscience grandit chez nos opérateurs économiques de s'engager dans le combat pour un véritable développement national. Et leur confiance renaît dans les mécanismes financiers et les institutions bancaires où les dépôts privés s'accroissent.

Dans une économie de libre entreprise, l'Etat doit maintenir les principaux équilibres économiques : budget, échanges extérieurs. Sinon, le véhicule dérape: la monnaie se déprécie et les réformes échouent. Avant de prélever des impôts, il faut créer la richesse.

 

Notre fiscalité encouragera les investissements créateurs d'emplois.

Nos recettes budgétaires sont limitées; nous les utiliserons au mieux dans les intérêts du pays, en réduisant les frais de fonctionnement de l'Etat et en donnant la priorité aux dépenses productives.

Mais l'important est de produire afin de réduire des importations et d'accroître les exportations.

L'Etat doit aujourd'hui, prioritairement, aideràrelancer la production: elle seule procurera des revenus aux Guinéens, à ceux qui investissent à l'intérieur du pays.

Nous allons mettre en place un système d'aide à la création et au développement des Entreprises, en donnant la priorité à ceux qui investissent à l'intérieur du pays.

Pour le redressement national, nos paysans sont en première ligne, il suffit de sortir de Conakry pour se rendre compte de l'effort qu'ils ont accompli avant même que l'aide prévue leur soit parvenue.

Pour leur faciliter la tâche, l'Etat fera tout ce qui est en son pouvoir.

Dans les villes, la chute des revenus parallèles va poser de grands problèmes sociaux.

Les experts ne pensent pas toujours à ces choses-là et les réformes se cassent le nez dessus.

Il faut remplacer d'urgence les revenus spéculatifs qui vont disparaître par des revenus provenant du travail.

Les Organisations Internationales et les pays amis doivent savoir que la création et le développement des petites et moyennes Entreptises sont, à court terme, nos priorités absolues.

C'est par des actions ponctuelles, concrètes et bien adaptées aux besoins de chacun que l'Etat peut intervenir efficacement. Par exemple, en favorisant le regroupement volontaire des entrepreneurs d'un même corps de métier pour l'approvisionnement et le stockage des matières premières.

Le secteur du bâtiment est celui où les potentialités de production comme les besoins à satisfaire sont les plus importants. Que ce secteur s'organise rapidement, l'Etat lui confiera en priorité toutes les constructions et rénovations de bâtiments administratifs.

Les efforts de diversification des recettes budgétaires, pour alléger la part prépondérante du secteur minier, commencent à porter des fruits, grâce notamment à l'amélioration de notre administration fiscale et douanière.

De même se renforce la détermination du Gouvernement à assainir les finances publiques et à maîtriser ses dépenses, par une meilleure rationalisation de sa gestion.

Voilà autant de gages certains sur lesquels, précisément, l'extérieur et les Bailleurs de Fonds les plus intransigeants ne se trompent pas.

Ils reconnaissent les efforts accomplis et encouragent la poursuite du Programme par le renforcement de leur assistance financière à notre pays.

Produire et commercialiser guinéen doit être aujourd'hui notre mot d'ordre. Il n' y a pas d'économie libre sans commerce libre.

L'intérêt de tous est que s'instaure en Guinée un vrai commerce, travaillant sur des grandes quantités et pouvant donc se contenter de bénéfices raisonnables en vendant des marchandises à leur juste prix.

La régularité des prix et des approvisionnements sera assurée et la population y trouvera son compte; le pays aussi, car seule une juste rémunération du travail de nos paysans permettra d'arriver à l'autosuffisance alimentaire.

L'assainissement économique n'ira pas sans sacrifices.

L'Etat ne doit ni produire ni commercialiser lui-même; mais il ne peut se contenter d'être un spectateur passif du jeu économique : sinon, c'est la loi de la jungle.

Nous connaissons les effets néfastes du libéralisme sauvage sur la société africaine. Nous ne voulons pas de l'écrasement des faibles par les forts : profiteurs du système, spéculateurs et groupes internationaux.

Nous ne voulons pas du seul critère de rentabilité immédiate pour le choix des investissements : nos campagnes seraient délaissées.

Nous ne voulons pas qu'une minorité de privilégiés sous influence extérieure impose son modèle de société à un peuple resté fidèle à ses traditions.

La mise en valeur de la Guinée par les Guinéens eux-mêmes : ils sont assez nombreux, intelligents, entreprenants.

Nous voulons que notre pays se développe prioritairement avec les nationaux, sans dépendance de l'extérieur qui ne puisse être rattrapée par la suite.

Les étrangers qui désirent investir en Guinée sont les bienvenus s'ils ne s'ingèrent pas dans les affaires de l'Etat et s'ils investissent en priorité à l'intérieur du pays.

Ce sont nos paysans qui vont reconstruire le pays, assurer l'auto-suffisance alimentaire et le développement de ses exportations. Nous devons empêcher l'exode rural et favoriser le retour à la terre en donnant la priorité à l'amélioration des conditions de vie dans les campagnes.

Routes ou puits, écoles ou dispensaires : nos paysans sont les meilleurs juges de leurs besoins. Ces besoins, ils peuvent en partie les satisfaire avec les ressources humaines et financières à leur disposition.

Ils doivent d'abord compter sur leurs propres forces, mais également sur l'aide de l'Etat et de la Communauté Internationale.

Cette aide n'ira pas spontanément dans les villages : la tendance est aux grands projets qui coûtent des millions de dollars : les petits projets sont oubliés. Je veux inverser cette tendance et donner vraiment la priorité aux micro-réalisations.

Pour y parvenir, nous allons associer nos collectivités locales à l'élaboration de la planification.

Chaque communauté devra définir les investissements qu'elle souhaite réaliser en priorité sur son territoire, les moyens humains et financiers dont elle dispose et ceux dont elle manque pour les effectuer. Ces projets seront rassemblés au niveau préfectoral puis au niveau national où seront assurées la coordination et la cohérence nécessaires.

Ceux qui auront été retenus seront intégrés au Plan National d'Investissement qui aura ainsi un important volet d'exécution local.

Une part importante des ressources affectées au développement par l'Etat et la coopération internationale sera répartie entre les différents projets surune base contractuelle: l'Etat apportera sa contribution dans la mesure où la collectivité locale aura mobilisé ses propres ressources.

La planification contractuelle et décentralisée sera l'outil essentiel d'un développement équilibré de la Guinée.

Les Ministères chargés du Plan et de la Coopération Internationale vont définir un projet de développement pour le pays et vérifier que les différentes politiques sectorielles sont cohérentes avec ce projet.

Ils vont élaborer le budget national d'investissement de l'Etat et, en liaison avec le Ministère de l'Economie et des Finances, en assurer le suivi technique et financier. Enfin, ils vont définir une stratégie de l'endettement.

La Guinée a besoin de l'aide internationale. Mais un jour, cette aide il faudra la rembourser.

Pour ne pas laisser une dette trop lourde à ceux qui viendront après nous, nous allons sélectionner les projets à réaliser et donner la priorité aux investissements qui favorisent le développement du pays.

La Guinée est engagée dans une course de fond.

Certains font une course de vitesse et signent n'importe quoi, au nom de l'Etat. Les Ministères chargés du Plan et de la Coopération internationale doivent mettre fin à ce gaspillage.

Ils doivent également coordonner l'action des experts étrangers en service auprès de notre gouvernement et veiller à ce que cette action soit conforme aux orientations de notre politique.

Certains experts se sont mis au service de notre pays avec compétence, dévouement et sans arrière pensées.

Je tiens à les féliciter et à les encourager.

Nous devons nous garder de deux excès :

penser que nous ne sommes bons à rien, et que seuls les étrangers nous sortiront d'affaire
croire que nous pouvons nous débrouiller tout seuls, sans aucune aide extérieure.
Ne vous inquiétez pas, Guinéens : je ne laisserai pas recoloniser la Guinée par qui que ce soit; nous saurons préserver une indépendance acquise dans des conditions dont nous sommes fiers; mais cette fierté ne doit pas être mal placée.
Il nous faut connaître nos limites et apprendre à les dépasser.

Ce n'est plus en fermant nos frontières que nous nous rendrons maîtres de notre destinée, c'est en nous perfectionnant dans tous les domaines et en renonçant définitivement aux erreurs du passé.


C — Du renforcement des solidarités
Nous faisons le choix d'une société fondée sur les solidarités naturelles mises au service du développement.
Renforcer ces solidarités là où elles existent encore, c'est l'objet de la décentralisation. Les créer aux niveaux plus complexes de la vie économique et sociale, c'est l'enjeu de la planification contractuelle et décentralisée.

Autour de ces deux axes, doivent s'articuler l'ensemble de nos politiques. Les traditions de coopération et d'entraide sont toujours vivantes dans les campagnes. Grâce à elles, la Guinée a survécu à 60 années de colonisation et 26 années d'autoritarisme.

Pour construire une maison, récolter un champ, secourir un malade, nos populations se regroupent spontanément.

Il ne s'agit pas là de politique mais bien de solidarité.

Je songeais à ces solidarités naturelles quand j'ai proposé à nos populations rurales de constituer des Districts.

Le District doit regrouper des villages qui ont tissé entre eux des liens étroits, souvent fondés sur des relations de parenté ou d'alliance, et qui ont l'habitude d'organiser leur vie quotidienne sur des bases collectives.

Les habitants n'auront alors aucune difficulté à choisir ceux qui sont dignes de les représenter ni à décider des mesures d'intérêt collectif à prendre.

Les Districts doivent permettre aux populations de gérer en toute liberté leur mode de vie traditionnel. Mais leur taille est insuffisante pour entreprendre des actions de développement économique.

Pour aménager une route, faire un petit barrage, défricher une terre, créer un marché, faire fonctionner une école ou un dispensaire, il faudra souvent rassembler les forces de plusieurs d'entre eux.

Entre Districts voisins se créeront progressivement de nouvelles solidarités et leurs populations prendront conscience de la nécessité de se regrouper au sein d'unités plus vastes.

Parallèlement au niveau des villes, des communes seront créées à partir des quartiers.

Ces nouvelles collectivités s'administreront librement et auront à leur disposition des ressources suffisantes pour leur assurer une réelle autonomie financière.

Les moyens d'intervention de l'Etat seront regroupés au niveau des Préfectures.

Outre les actes qui relèvent toujours de la puissance publique: justice, police, état-civil, cette intervention sera essentiellement une assistance au développement.

Les moyens nécessaires seront placés entre les mains de mes représentants directs et exclusifs, les préfets, qui auront ainsi la pleine responsabilité, devant moi et devant les populations, de la mise en oeuvre, dans leur Préfecture, de la politique du gouvernement.

Dans un premier temps, pour assurer le redressement général, la Préfecture sera le lieu d'intervention de l'Etat et la communauté rurale de développement le lieu d'action des populations.

Ces communautés vont promouvoir le développement économique de nos campagnes.


D — Du renforcement de l'unité nationale
Un pays uni et un pouvoir efficace: pour mieux atteindre ce double objectif, j'ai décidé de réformer en profondeur nos Institutions.
L'équilibre et la solidarité entre nos régions constituent la pierre angulaire de notre politique de développement.

Personne ne doit être oublié dans le développement national.

Notre unité en sera renforcée.

Désormais, je souhaite parler aux Guinéens sans avoir à me référer ni à leur origine, ni à l'endroit où ils vivent.

Tous tiennent la même place dans mes préoccupations.

Tous ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Chacun peut participer à la place qui est la sienne et à sa manière à la reconstruction matérielle et morale du pays.

A cette oeuvre de reconstruction, le nouveau gouvernement va s'atteler avec une ardeur renouvelée.

De nouvelles structures rendront le travail de chacun et de tous plus efficace.

Le Gouvernement, pour sa part, ne ménagera aucun effort pour préserver et renforcer le climat de paix et d'unité. Aucun abus d'autorité, d'où qu'il vienne, ne saurait être toléré.

J'en appelle donc au sens de responsabilité et de patriotisme de chacun et de chacune de vous.

Face à l'histoire, nous serons tous, gouvernés et gouvernants d'aujourd'hui, comptables devant les générations futures.

Ce programme sera donc poursuivi, avec plus de rigueur, car nous sommes convaincus que les résultats positifs sont désormais à portée de main.

Certes des correctifs nécessaires doivent être apportés pour pallier les inconvénients majeurs, tels le manque d'emploi pour notre jeunesse et l'insuffisance des services de sécurité dans notre pays.

J'ai confiance dans le Peuple du 28 septembre 1958 et du 3 avril 1984.

Puisse Dieu aider la Guinée
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Commentaires

  • sondomariepia
    • 1. sondomariepia Le 23/11/2010
    fasonet merci

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