Violences post-électorales en Guinée: Tout ça pour ça ?
- Par Administrateur ANG
- Le 08/02/2018 à 09:32
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Le 4 février dernier, les Guinéens étaient aux urnes pour l’élection des conseillers municipaux. Mais au sortir de ces élections locales attendues depuis 2005, deux faits majeurs retiennent l’attention. Il s’agit des soupçons de fraudes et la violence aveugle qui s’est emparée du pays, avec au total sept cadavres sur le carreau.
En effet, pour des élections réclamées à cor et à cri depuis fort longtemps, et qui ont cristallisé les attentions, l’on pouvait s’attendre à mieux en termes de mobilisation des électeurs et même d’organisation, pour avoir des élections propres. Mais, à en juger par les premiers chiffres et les récriminations de l’opposition qui dénonce des fraudes massives, l’on est porté à croire que ces élections ont été tout sauf ce à quoi l’on était en droit de s’attendre. Tout ça pour ça, a-t-on envie de s’interroger ?
Ces consultations étaient tellement attendues que l’on pouvait croire qu’elles susciteraient l’enthousiasme des électeurs
Quoi qu’il en soit, à la faveur de la clameur qui monte déjà des rangs de l’opposition, l’on peut dire qu’une fois de plus, la Guinée s’illustre de la pire des manières en renvoyant l’image de mauvais élève de la démocratie en termes de régularité et de transparence des scrutins. C’est à croire que les Guinéens ne tirent jamais leçon de leur histoire. A moins que certains acteurs politiques ne se complaisent dans cette situation de capharnaüm qui leur permet de tirer les marrons du feu. De quoi renforcer le scepticisme de ceux qui pensent que les Guinéens sont incapables d’organiser des élections apaisées, sans verser dans la contestation. Cela est d’autant moins étonnant que les acteurs politiques guinéens nous ont souvent habitués à des scénarios du genre, à chaque élection. Et cette fois-ci encore, la tradition a été respectée. Autrement, l’on ne comprend pas qu’après 13 ans d’attente et de rendez-vous manqués, l’on en vienne à organiser des élections aussi chaotiques et visiblement bâclées, comme si leur tenue avait surpris. Pourtant, ces consultations électorales étaient tellement attendues que l’on avait eu la faiblesse de croire qu’elles susciteraient l’enthousiasme des électeurs. D’autant plus qu’il s’agissait d’élections de proximité pour la désignation des acteurs de développement à la base, censées les concerner au premier chef. Et quand on voit les marches organisées par l’opposition, les bastonnades et autres répressions violentes quelquefois subies, pour exiger la tenue de ces élections, l’on ne comprend pas ce qui a bien pu se passer pour que les électeurs ne soient pas au rendez-vous des urnes du 4 février. Est-ce pour des raisons organisationnelles, ou par simple désaffection
? L’une n’excluant pas l’autre, l’on peut être porté à croire qu’il y a certainement un peu de tout cela à la fois. En effet, depuis le temps que la Guinée organise des élections, les problèmes organisationnels se sont toujours posés avec acuité. Quand ce ne sont pas les cartes d’électeurs qui ne sont pas disponibles à temps, ce sont des problèmes de listes électorales ou même de matériel de vote qui se posent. Parfois, c’est la croix et la bannière pour les électeurs pour retrouver ou accéder à leurs bureaux de vote.
Il est temps pour la Commission électorale nationale indépendante de se montrer à la hauteur de sa mission
Mais cela n’est pas propre à la Guinée. C’est même le lot de la majorité des pays africains qui ont mal à leur démocratie. Le hic, c’est qu’en Guinée, on ne semble rien faire en amont pour pallier la situation. Non content de cela, l’on vient en rajouter à la complexité de la situation par des mesures comme le vote par procuration qui n’est rien d’autre que la porte ouverte à la fraude organisée. Ceci pouvant expliquer cela, l’on pourrait comprendre la désaffection des populations, certainement blasées de participer à des élections auxquelles elles ont peut-être le sentiment que leur voix compte pour du beurre et que cela ne changera rien. Disons-le net, la Guinée aurait dû faire mieux. Et il est temps pour la Commission électorale nationale indépendante de se montrer à la hauteur de la mission qui est la sienne, pour éviter ces contestations à répétition qui ne font pas honneur au pays, sans oublier le lot des violences postélectorales qui se sont plus d’une fois traduites par des pertes en vies humaines.
Il faut maintenant souhaiter que les éventuelles réclamations se limitent au seul cadre de la légalité constitutionnelle et ne se transposent pas dans la rue. En tout état de cause, il est impératif, dans la perspective des prochaines échéances électorales dont la présidentielle de 2020 qui se profile déjà à l’horizon, de gérer le contentieux électoral de façon à donner à la Commission électorale toute sa crédibilité. Autrement, le risque est grand qu’à l’occasion des prochaines élections, il pleuve une fois de plus des hallebardes de violences sur Conakry.
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