Un pouvoir arrogant, méprisant et incompétent
- Par Administrateur ANG
- Le 23/09/2011 à 07:33
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L'opposition guinéenne a décidé de faire des manifestations pacifiques, conformément à notre Constitution pour faire "plier" le gouvernement et l'inviter à prendre en considération ses revendications légitimes pour une bonne sortie de cette fameuse transition qui n'a que trop duré.
Au lieu d'instaurer un dialogue, le pouvoir en place habitué à l'épreuve de force et aux coups tordus, décide tout seul par la voie de son "représentant" à la CENI, le sieur Louncény Camara, d'organiser les législatives le 29 décembre prochain. De qui se moque-t-on, et mieux nos dirigeants savent-ils lire ?
En effet les accords de Ouaga sont toujours d'actualité et ne seront caducs qu'à la fin de ces élections législatives.
Mais habitué à la désinformation, au cynisme couronné d'une mauvaise foi légendaire, "nos chefs" ont décidé de tout décider dans notre pays : de la couleur, du diamètre et de la longueur du papier hygiénique à la nomination par décret du chef-cuisinier de Sékoutouréya, sans oublier le recrutement de retraités pour meubler le Ministère de l'Administration du territoire, nous dit-on, à la place de jeunes chômeurs diplômés.
Un gouverneur, celui de Conakry (d’ailleurs à quoi sert celui-là) interdit cette manifestation (au nom de quoi Mr ?) et promet de verser des tonnes d'eau sur les manifestants au lieu de remplir les robinets de Conakry...
Cette introduction m'amène à parler de l'administration guinéenne et de la place des fonctionnaires en Guinée. Un adage dit que, je cite : "Les hommes politiques passent et l'administration reste". Pour preuve la Belgique n'a pas de gouvernement depuis presque 1 an mais l'administration "fonctionne" et le pays n'a pas sombré dans l'anarchie ou la mal-gouvernance.
En effet le fonctionnaire, donc l'administration d'un pays, n'est pas faite pour servir un chef d’Etat, un gouvernement ou un parti politique mais l'ensemble des citoyens, autrement dit les usagers des services publics, d'où leur recrutement par voie de concours et l'interdiction pour tout fonctionnaire d'afficher son appartenance et ses idées politiques.
Il convient par ailleurs et ce, pour un bon fonctionnement de notre administration, de rédiger des fiches de postes (description du poste, rémunération, etc.) et des profils types de compétence (diplôme, qualification, expérience professionnelle, etc.) afin que chacun sache ce qu'il doit faire ou ne pas faire). Toute promotion ou recrutement interne suite à une vacance de poste doit faire l'objet d'un appel à candidature par affichage dans les locaux du service concerné ou par voie de presse.
Pour les cadres dirigeants ou les hauts fonctionnaires, il convient d'établir un tableau récapitulatif de tous les cadres du pays, par secteur d'activité, de compétences et d'ancienneté pour éviter qu'un ingénieur agronome soit nommé au ministère de la Santé par exemple. Cette banque de cadres fera office de pôle d'emploi pour le recrutement de tous les dirigeants de notre administration pour mettre fin aux nominations fantaisistes par népotisme ou pour récompenser des militants certes zélés mais éminemment incompétents.
Cependant, tout en étant protégé par un statut contre le licenciement, les mutations ou les rétrogradations abusives, le fonctionnaire est responsable de ses actes dans le cadre de ses attributions. A ce titre, il est non seulement responsable du fonctionnement de son service, du poste occupé mais aussi de ses décisions, d'où l'existence du Tribunal administratif chargé des contentieux entre l'administration et les usagers du service public. .
Ceci dit, nos hommes politiques doivent à leur tour connaitre les BA.BA de la démocratie qui n'est pas synonyme du multipartisme, l'exemple guinéen en est une parfaite illustration. Manifester est un droit constitutionnel reconnu dans tous les pays dits civilisés. De quel droit refuserait-on à l'opposition guinéenne d'exercer ce droit fondamental ?
Notre pays est au bord de l'implosion. Il est de mon devoir et du vôtre, quelle que soit l'appartenance politique de chacun de crier, NON au viol de nos lois et de notre Constitution. Le droit des 47 % de notre peuple qui n'ont pas voté pour l'actuel locataire de Sékoutouréa doit être respecté.
Défendre le contraire est suicidaire, dangereux, je dirais même anti-guinéen comme dirait l'autre. Respectons-nous afin que notre pays se porte mieux.
Bonne semaine...
Mohamed Sampil
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