Un engagement humanitaire périlleux pour bien peu de considération. Après trois semaines passées à risquer sa vie dans l'épicentre de l'épidémie d'Ebola, Robin, étudiant infirmier à Nice, risque aujourd'hui le renvoi de son établissement de formation. S'il n'est pas parti pour les lauriers, Robin reste sidéré du traitement qui lui est fait. «Je ne demande pas une médaille, mais pas d'emmerdes», lâche-t-il, excédé.
Début mars, Robin reçoit un ordre de mission de la part de l'établissement de préparation et de réponse à l'urgence sanitaire (EPRUS), organisme dépendant du ministère de la santé. Suite à une défection de dernière minute, il doit intégrer le dispositif de contrôle à l'aéoroport de Conakry, en Guinée. Il prend alors immédiatement contact, par mail, avec l'Institut de formation aux soins infirmiers (IFSI) de la Croix-Rouge de Nice, où il étudie en deuxième année. Sans réponse, il s'envole pour la Guinée quatre jours plus tard.
«Un endroit où personne ne veut aller»
Là-bas, dans cet «endroit où personne ne veut aller», alors que l'épidémie était loin d'être enrayée, Robin assiste un médecin français dans les contrôles effectués aux abords de l'aéroport. Il vérifie les températures et le lavage des mains au chlore pour éviter une propagation internationale de l'épidémie. Un engagement risqué mais vu comme une évidence par ce chrétien de 31 ans, bénévole de la Croix-Rouge depuis 14 années.
En dépit de son investissement, humainement louable et professionnellement formateur pour un futur infirmier, Robin reçoit un accueil défavorable de son établissement. Il est convoqué en conseil de discipline, alors même que le ministère de la Santé plaide sa cause. L'étudiant ne comprend pas le procès qui lui est fait. D'un côté «ils me reconnaissent comme un bon élève», plaide-t-il, mais en même temps, «ils me parlent de démarches que je n'aurai pas respectées». «Ils me reprochent de ne pas avoir attendu leur réponse… mais leur réponse je l'attends toujours», ironise-t-il.
Un avertissement pour la forme
Pourtant Robin semble avoir bien fait les choses. Le dossier qu'il a présenté lors de son conseil de discipline, ce mardi, est solide. Il y prouve ne pas avoir dépassé le seuil de journées d'absence tolérées. L'étudiant a aussi gardé trace de toutes ses demandes restées vaines. Triomphal, il brandit d'ailleurs une loi du 12 avril 2000, selon laquelle «le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative sur une demande vaut décision d'acceptation». Mardi, jour de son audition, cela faisait deux mois et un jour que Robin avait formulé sa première demande.
S'il sera probablement sanctionné d'un avertissement, pour la forme, Robin ne devrait toutefois pas être renvoyé. Mais il redoute que ces attaques sans fondement mettent en péril son cursus, alors que les examens finaux de deuxième année sont prévus dans deux semaines. «C'en est trop», tempête-t-il, pointant la mauvaise foi de la direction et ses cafouillages. De réputation procédurière, comme il le concède, l'étudiant assure qu'en cas de sanction, il saisirait le tribunal administratif.