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Tribune de l'ONU: Discours du Colonel-Président Mamadi Doumbouya

Capture 1M. MAMADI DOUMBOUYA, Président de la Guinée, a souligné qu’après la pandémie de COVID-19, l’Afrique est aujourd’hui frappée par une « épidémie de coups d’État », en particulier les pays francophones du sud du Sahara.  Pendant que le monde condamne, impose des sanctions et s’émeut, à juste titre, de la « brusque » réapparition de cette pratique que l’on croyait révolue, le Président a souhaité que la communauté internationale ait « l’honnêteté » de ne pas dénoncer les seules conséquences de ces coups de force, mais aussi d’en examiner les causes profondes.  « Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes pour renverser un régime », a-t-il argué, mais également ceux, plus nombreux, qui ont recours à la duplicité pour manipuler la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir.  Le Président a visé ainsi « ceux en col blanc qui modifient les règles du jeu pendant la partie pour conserver les rênes du pays ».  La « rectification institutionnelle » à laquelle il a pris part le 5 septembre 2021 n’était à ses yeux qu’une conséquence du chaos qui fissurait le tissu social de son pays.

Pour expliquer la multiplication des coups d’État en Afrique de l’Ouest, M. Doumbouya a cité les promesses non tenues, l’apathie de la population, le « tripatouillage des Constitutions » aux dépends des intérêts nationaux.  Qui plus est, la mauvaise répartition de la richesse engendre des « inégalités sans fin », la famine et la misère.  L’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui lui a été imposé par l’Occident et qui s’adapte mal aux réalités et aux coutumes africaines, a-t-il analysé en tirant la conclusion que ce modèle démocratique « insidieusement » imposé aux Africains par l’Occident ne fonctionne pas.  Ce modèle a contribué « à entretenir un système d’exploitation et de pillage de nos ressources par les autres », a-t-il regretté avant de dénoncer aussi la corruption des élites africaines considérées comme des démocrates « en fonction de leur docilité ou de leur aptitude à brader les ressources et les biens de leurs peuples », ou encore « à céder aux injonctions d’institutions internationales au service des grandes puissances ».  Dans ce contexte, il a dit comprendre, « sans les approuver », ceux qui ont cédé à ce qu’on leur demandait.

Pour sa part, cependant, M. Doumbouya a affirmé n’avoir pour seule préoccupation que le bien-être de son peuple.  Bien que le Sahel traverse l’une des crises les plus graves de sa « très vieille histoire », il saura y faire face, a-t-il assuré.  À cette fin, il a jugé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devrait revenir à sa vocation économique et cesser de se mêler de politique pour privilégier le dialogue.

« Nous, Africains, sommes fatigués, épuisés des catégorisations dans lesquelles les uns et les autres veulent nous cantonner », a poursuivi le Président, en s’insurgeant contre ces classements « insultants » qui les placent sous l’influence des Américains, des Français ou encore des Russes. « Nous ne sommes ni pros ni anti-Américains, ni pro ni anti-Chinois, ni pro ni anti-Français; nous sommes tout simplement pro-Africains », a-t-il martelé.  Avec plus d’un milliard d’Africains dont environ 70% de jeunes « totalement décomplexés », il est temps selon lui de prendre conscience que les règles issues de l’après-guerre, lorsque les États africains n’existaient pas, sont périmées.  Le moment est venu « d’arrêter de nous faire la leçon, d’arrêter de nous traiter comme des enfants », a conclu M. Doumbouya, pour qui cette « infantilisation est du plus mauvais effet pour une jeunesse africaine qui s’est émancipée ».

 

 

L'intégralité du discours en pdfGn fr 0Gn fr 0 (318.28 Ko)

Source : Communiqué de presse de l'ONU AG/12534

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