Synode : Les hommes politiques se servent des jeunes en Guinée, déplore Henriette Camara
- Par Administrateur ANG
- Le 19/10/2018 à 08:26
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Henriette Camara, membre de l’association des Scouts de Guinée, a égrené quelques problèmes auxquels est confrontée la jeunesse guinéenne, notamment l’instrumentalisation dont elle est victime, de la part des hommes politiques dans son pays.
Auditrice au Synode des évêques consacré aux jeunes qui se tient au Vatican, Henriette Camara, se prononce sur cette rencontre et fait un tour d’horizon de la situation de la jeunesse dans son pays.
Situation difficile pour les jeunes étudiants
En Guinée, le système LMD (Licence - Master - Doctorat ) n’est pas en faveur de tous. Certains étudiants peinent à avoir les documents nécessaires pour y faire face, faute de moyens. « Je trouve que c’est alarmant, parce qu’ avec le système LMD, ce n’est pas facile pour un étudiant guinéen d’avoir tout à sa portée. S’il faut se munir de tous les documents, ce n’est pas évident. Ils coutent chers, et sur internet on ne peut pas tout avoir. L’internet n’est pas à la portée de tous. Ceux qui vivent dans la capitale peuvent l’avoir, mais ceux des zones rurales n’y accèdent pas facilement à internet », affirme Camara.
L’emploi, difficile à obtenir
Comme nombre de jeunes africains aujourd’hui, la difficulté d’obtenir de l’emploi se vit chez les jeunes guinéens. La jeune scoute dit vivre les mêmes réalités. « En Guinée, il est difficile de trouver de l’emploi après les études. J’en suis témoin, car je vis la situation. Certes, on trouve des stages de deux ou trois mois, voire d’une année, mais le travail stable on ne peut l’avoir facilement, c’est trop difficile », insiste Camara. Certains employeurs engagent soit pour des collaborations ou par affinité, ce qui pousse les jeunes guinéens à sortir du pays et beaucoup de nos frères meurent en méditerranée », ajoute la jeune scoute qui évoque aussi l’instrumentalisation des jeunes de la part des leaders politiques. Ces derniers ne tiennent pas leurs promesses concernant les jeunes. « Les hommes politiciens font des promesses aux jeunes par rapport à l’emploi qu’ils ne réalisent pas. Ils ne proposent rien de concret, se servent des jeunes pour accéder au pouvoir et certains perdent parfois la vie», dénonce la jeune auditrice.
Les rapports entre la jeunesse et l’Eglise de Guinée
« Les jeunes s’investissent beaucoup pour l’Eglise, malgré l’absence de celle-ci dans leur vie. Ils participent souvent aux activités de l’Eglise, ils répondent à l’appel des évêques, malgré les difficultés qu’ils rencontrent, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. L’Eglise ne s’occupe pas d’eux à 100%. Mais quand on a besoin d’elle, l’Eglise est quand même présente ».
Ce Synode peut être bénéfique pour la jeunesse guinéenne ?
Selon Camara , ce Synode sur les jeunes peut apporter beaucoup dans son pays. Elle affiche sa fierté d’y avoir participé et représenté son pays.
« C’est une fierté et une joie pour moi de prendre part à ce Synode, une fierté que la Guinée soit représentée. On attend énormément de ce Synode, malgré le fait que certains points ne soient pas mentionnés dans l’instrumentum. Dans nos différents groupes, nous jeunes auditeurs, nous avons essayé d’en faire cas, pour qu’à la fin des travaux, nos préoccupations soient prises en compte », a-t-elle poursuivi. L’auditrice guinéenne souhaite que la XVème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur les jeunes, soit un repère pour tous les jeunes de l’Afrique et du monde.
Le Synode, une rencontre fructueuse
« Cette rencontre est une belle et enrichissante expérience, vu que c’est une toute première pour moi. J’ai constaté que nous jeunes africains, avons parfois les mêmes préoccupations que ceux de l’Occident. Aujourd’hui à ce Synode, nous avons formé une famille, même si nous parlons des langues différentes. Nous faisons de notre mieux pour pouvoir communiquer et nous comprendre. Nous essayons d’exprimer nos préoccupations pour que nos voix portent dans l’Eglise », c’est ce qu’espère Camara.
Message aux jeunes de Guinée
« Je demande aux jeunes guinéens d’être forts et unis à jamais, pour pouvoir montrer aux yeux du monde, que nous pouvons faire quelque chose. L’immigration clandestine n’est pas forcément la meilleure solution, nous pouvons être entreprenants en initiant des activités, ainsi, nous pourrons aussi sourire à la vie. Il est temps pour nous de nous réveiller, de nous mettre à la tâche et d’innover », lance la jeune guinéenne.
Henriette Camara au micro de Jean-Pierre Bodjoko, SJ
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