SOS UNITE NATIONALE EN PERIL

 Ma plume de bataille me réclame de rappeler que l’unité nationale est dangereusement en train de se fragmenter en petits compartiments ethniques. Le guinéen de type nouveau, qui naquit dans les douleurs de janvier et février dernier, s’effacerait au profit d’un guinéen égoïste, sectaire, communautariste, perfide et fataliste. De nombreux compatriotes qui pensaient que l’insurrection inattendue du pays avait rangé l’identitaire dans les oubliettes, devraient se retrouver dans une profonde agoraphobie de la toile, à cause du vacarme inter-ethnique. Je me dis souvent: il vaudrait mieux ne pas savoir d’où nous venons, afin de mieux nous focaliser sur le but que l’on souhaiterait atteindre. Mais en fait, que s’est-il passé ? Cette disjonction s’explique par une seule et unique raison : L’accord tripartite et son corollaire « consensus ». Ces deux composantes en une, nous ont fait faire le grand écart. En effet, Tripartite a cloué notre révolution au pilori, et Consensus n’a eu qu’à donner le coup de grâce. Le procédé de celui qui devrait relever le redoutable défi se dressant sur son chemin, s’apparente à la poursuite d’un destin personnel, sans se soucier des retombées bénéfiques pour le peuple. L’homme s’est grillé et a emporté notre unité nationale dans sa braise. Le feu est partout. La fumée nous aveugle. La maison brûle de toutes parts. Beaucoup voient de l’ethnocentrisme dans ses méthodes, alors que c’est la manifestation d’un des symptômes de cette infectieuse mais guérissable maladie qu’est la mauvaise gouvernance. Ce symptôme est mis en évidence par le choix des personnes appelées à nous administrer. La compétence et la probité de ces individus ne sont pas la pierre angulaire d’un recrutement souhaité et souhaitable. La caractéristique fondamentale relèverait des normes comportementales nocives, qui expliqueraient la gestion calamiteuse du pays. S’il y’a ethnocentrisme, ce serait par amalgame. L’accord tripartite a ainsi sauvé Conté d’un piège pour le remettre dans un autre. Désormais ce dernier sait que Kouyaté veut l’enterrer vivant. Lui qui aime tant le pouvoir, vient de trouver son alter ego. Le général Président qui semblait dans un coma clinique et politique, est subitement dopé par la tragédie Kouyaté, et tenterait de rappeler à son Premier Ministre que seul lui, Conté, devrait rester l’unique garant en chef de la mauvaise gouvernance. Les complices d’hier sont devenus les ennemis d’aujourd’hui. Pendant ce temps, le pays continue de nager dans la misère. Pourtant, selon les soutiens au gouvernement de consensus, il existerait une Guinée virtuelle, où Kouyaté serait compétent, où les indicateurs de bon fonctionnement de l’économie seraient sortis du rouge, où il y aurait à manger pour tous, où le minimum vital ne serait plus un luxe. Mais de qui se moque-t-on ? De qui se moquent-ils? Vivement que cette Guinée voie véritablement le jour. Ceux qui supportent inconditionnellement ce gouvernement, ne sont sans doute pas alertés par le fardeau de la douloureuse vie des guinéens, mais plutôt par leur satisfaction personnelle. A ce stade de notre drame national, la préoccupation des différents acteurs de la politique Guinéenne est arrivée au summum; chacun essaie de trouver le meilleur positionnement possible. A cet effet, Kouyaté se demande : comment se maintenir à ce poste ô combien précieux à ses yeux pour pouvoir franchir la dernière marche ? Ses ministres, ses préfets, ses gouverneurs et ses corrompus font bloc autour de lui. Ne pas se laisser intimider par les agissements externes, semble être le mot d’ordre. Les opposants : comment faire pour rafler le maximum de sièges lors des futures élections législatives? Surtout, quels sont les moyens à mettre en œuvre pour empêcher l’organisation d’élections avec des résultats prémédités, comme à l’accoutumée. Conté, quant à lui, se demande comment se défaire de l’énigme Kouyaté afin de couler les derniers jours paisibles de son trône. Il est le plus instable du triumvirat politique et ça ne passera pas pour lui, qui a toujours transformé ses défaites en victoires. Kouyaté le tient et ne le lâchera pas. Tous nos acteurs politiques sont préoccupés par la recherche de leurs intérêts. Hélas le peuple n’a pas encore compris qu’il doit se préoccuper de son intérêt. Les forces vives de la nation et la jeunesse, qui doivent leur servir de guide, se trouvent profondément morcelés. On lutte en rang dispersé, on se laisse corrompt, avec pour seul souci de profiter du système avant que celui-ci ne s’effondre définitivement. On est déjà regroupé par ethnie dans les quartiers, pour se préparer à un affrontement qui n’est plus utopique. On associe désormais à notre misère, une crise ethnique. Dans la République des préoccupés, il ne doit pas avoir pas de place pour la division ! Nous sommes dans un pays qui regroupe en son sein plusieurs nationalités, mais nous n’avons d’yeux que pour notre ethnie. A ce sujet, l’attitude de certains intervenants, s’ayant octroyé le droit de parler au nom de leur ethnie, laisse à désirer. Le début d’année semble déjà distant. A cette date, on était parfaitement corrélé. Aucune distinction ethnique ne pouvait être décelée dans les nombreux textes qui défilaient durant cette époque, ni sur le terrain. En janvier, la qualité des textes était positive. Désormais, certains n’existent qu’en écrivant quantitativement, faisant des querelles ethniques, une priorité. Fini, les textes constructifs, rassembleurs, sans œillères, sans langue de bois ni de complaisance. Il n’est stipulé nulle part que nous devrions être en accord sur tout, mais nos désaccords ne devraient pas se limiter à des cloisonnements ethniques et nocifs, qui ne profiteraient à aucune pseudo-appartenance, encore moins à la peuplade. Osons croire que la majeure partie des individus composant nos groupes ethniques sont loin de toutes ces conduites destructives. Notre tragédie nationale poursuit toujours son chemin, mais n’empêche que certaines personnes ont foi en Kouyaté pour sortir la Guinée de l’étau! Pourquoi pas ? Le rêve est toujours permis. Mais faudrait-il y croire! J’en doute fort. D’autres ont plutôt foi au Général, mais en oubliant que le cauchemar ne sera plus autorisé par les guinéens. Subséquemment, il serait primordial d’intégrer l’idée que nous pouvons être politiquement opposés, spirituellement en déphase, ethniquement différents, communautairement en dissemblances, mais nous avons tous en partage la Guinée et nous devrons œuvrer, ou plutôt booster nos gouvernants, pour qu’ils s’activent à atténuer les mauvaises conditions de vie de la population, qui n’en finit pas d’accumuler les frustrations. Le jour où l’on s’imprégnera de ce « nous », nous redonnerons à notre combat toute sa plénitude. Je vous remercie de votre attention

Koumbassa Alassane

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