Serie de démissions dans le gouvernement Komara

Nous assistons ces derniers jours à une série de démissions au sein du gouvernement Komara, suite aux tragiques évènements du 28 septembre 2009. Les raisons du désistement de ces ministres, invoquées dans leurs lettres respectives de démission, sont liées à leur désapprobation de la tournure actuelle des évènements et leur solidarité aux victimes de la répression sanglante, car ils estiment tous, ne plus se reconnaître dans la ligne politique définie par la junte au pouvoir et ne cautionnent en aucun cas les massacres perpétrés sur les populations civiles. Pour les observateurs de la vie politique guinéenne, la question qui se pose, est de croire ou non à la sincérité de leur démarche que d'aucuns voient comme une manière de prendre les devants, pour échapper aux poursuites,car il faut le rappeler, l'étaut se resserre de plus en plus autour de la junte et la CPI, vient d'annoncer qu'elle ordonne un enquête préliminaire pour déterminer si oui ou non, les crimes commis le 28 septembre, relèvent de ses compténces.

Conakry le 10 octobre 2009

A son Excellence Monsieur le Président de la république, Chef de l’état

Conakry

Excellence Monsieur le Président de la République

Par décret D/2009/PRG/CNDD du 14 janvier 2009, vous avez bien voulu me nommer au poste de Ministre du Travail, de la Reforme Administrative et de la Fonction Publique; tâche que j’ai assumée au mieux de mes compétences et de mon dévouement pour l’intérêt exclusif de notre pays.

Après les événements du 28 septembre 2009, mes convictions religieuses et morales ne me permettent plus d’exercer mes fonctions actuelles telles que je le souhaiterais. Cette situation vient se greffer au dysfonctionnement chronique déjà constaté au niveau du département dont vous aviez bien voulu me confier la charge. Ce qui du reste a contribué à dégrader fortement ma santé.

Aussi suis-je donc dans l’incapacité de donner la pleine mesure de mes compétences et de satisfaire à votre très légitime attente.

Partant, mon honnêteté me commande de vous demander respectueusement et en toute loyauté de me décharger de mes fonctions actuelles.

Je vous remercie très respectueusement de la haute confiance que vous aviez bien voulu placer en ma modeste personne.

Veillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute et déférente considération

Copie : PM

Docteur Alpha Diallo


Ancien Ministre du Travail, de la Reforme Administrative et de la Fonction Publique

 


 

 

 

 

 

 

A Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat/ Directrice du Cabinet

Objet : Démission

Excellence Monsieur le Président,

Je viens par la présente vous rendre ma démission des fonctions de 1er Conseiller, chargé de la Communication et des NTIC à la Présidence de la République que j’occupais depuis le 14 janvier 2009.

Tout en vous remerciant, Monsieur le Président, de la confiance placée en ma modeste personne en me choisissant parmi tant de compétences, je suis au regret de constater, dix mois après, que les conditions n’ont pas été créées ni les moyens réunis pour me permettre d’exercer et d’agir efficacement dans le sens des espérances que suscitaient ma nomination. Les nombreuses Notes techniques proposant un programme et les règles d’une politique de communication maitrisée et productive n’ont jamais été suivies. Des personnes sans statut, et pour des intérêts mesquins et égoïstes, s’improvisant communicants alors qu’elles n’avaient ni la formation, ni la qualité encore moins le talent pour prétendre jouer ce rôle, ont œuvré à cultiver une image peu reluisante du chef de l’Etat guinéen. Par rapport à la position officielle qui est la mienne, j’avoue vivre comme un drame personnel les effets désastreux de ce mercantilisme impitoyable et dégradant.

Après avoir vainement gardé l’espoir d’une éventuelle normalisation et amélioration de l’environnement de travail, seules voies capables de rectifier le tir et corriger l’image de la haute institution présidentielle que vous incarnez, je suis arrivé aujourd’hui à la regrettable conclusion qu’il n’y a aucune autre alternative pour moi que celle de rendre le tablier.

Par ailleurs, Monsieur le Président, en acceptant ma nomination, j’étais particulièrement heureux de contribuer à vos côtés à la réalisation de certaines valeurs explicitement contenues dans l’acte de prise du pouvoir par le CNDD et souvent réitérées dans vos discours : L’instauration d’un Etat de droit, la promotion et la défense de la démocratie, des libertés et des droits humains, la culture de la bonne gouvernance, la fin de l’impunité, la lutte contre la corruption, l’organisation d’élections transparentes et crédibles…

Ces valeurs, Monsieur le Président, sont celles qui ont animé ma conscience professionnelle et alimenté ma plume jusqu’au jour de ma nomination, le 14 janvier 2009, au poste de premier conseiller en charge de votre communication. Elles sont celles pour lesquelles je me suis battu durant ma carrière de journaliste et auxquelles je continue de croire fermement. Hélas, les derniers événements du 28 septembre 2009, constituent, à mon humble avis, au nom du patriotisme, de l’honnêteté et de la sincérité toujours prônées dans vos déclarations, une autre raison de me démettre d’une fonction dont les apparences exposent son occupant aux fâcheuses conséquences des dégâts provoqués par l’improvisation, l’amateurisme et la fuite en avant.

En ma qualité de journaliste, je me trouverais en porte-à-faux avec la déontologie et l’éthique de la profession ; en tant que cadre, ce serait trahir ma conscience et tromper l’opinion, que de vouloir entretenir cette apparence en continuant de donner l’impression d’une collaboration dont la réalité ne s’est jamais vérifiée dans les faits.

Je souhaite que cette démission, qui ne se veut ni sensationnelle ni alarmiste, serve de sonnette d’alarme et attire votre attention sur le malaise et le désoeuvrement dans votre cabinet. Aussi, comme je l’ai déjà écrit et publié lors des cent jours de votre avènement à la tête de l’Etat guinéen, mon souhait demeure que vous rentriez dans l’histoire de ce pays, que vos enfants et petits enfants soient vus dans cinquante ans, cent ans, comme les descendants de celui qui a instauré la vraie démocratie en Guinée.

Dans l’espoir que vous comprendriez le déchirement qui est le mien en franchissant aujourd’hui ce pas, cette difficile décision, je vous prie de croire, Excellence Monsieur le Président, en l’expression de mon dévouement citoyen.

Que le TOUT PUISSANT ALLAH guide votre inspiration et protège la Guinée. AMEN

Abdoulaye CONDE


Journaliste


 

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE

Excellence Monsieur le Président de la République,

Je viens par la présente vous remettre officiellement ma démission du Gouvernement de Transition, en ce jour du neuvième mois de ma nomination au poste de Ministre de l'Information et de la Culture. J'accomplis cet acte, le coeur meurtri par les douloureux événements du 28 Septembre dernier, au stade du même nom. Je n'étais pas en Guinée quand les massacres ont eu lieu. J'étais en Allemagne, invité avec d'autres compatriotes par le Bundestag pour y 'observer le processus d'élections démocratiques'. Ce jour-là, Monsieur le Président, j'ai porté le deuil. J'ai pleuré les victimes innocentes et annulé tous les rendez-vous importants que j'avais avec de grandes personnalités allemandes. J'ai analysé, mesuré toute la gravité de la situation guinéenne et la dangerosité de la dérive.

Monsieur le Président, en me faisant appel au Gouvernement, j'ai répondu oui au nom de la patrie, au nom de l'espoir suscité par votre avènement à la tête du CNDD, depuis, je me suis employé à la relance de la culture et de l'information en Guinée. Dans ce travail, j'ai constamment bénéficié de votre appui, le Peuple en est témoin et ma reconnaissance envers vous dans ce cadre est entière. Mais, Monsieur le Président, il y a désormais un avant et un après 28 septembre 2009. Depuis cette date, ma conscience s'est révoltée et mon coeur a lâché. Ma raison me dit que je n'ai plus de raison d'être aux commandes du Ministère dont j'avais jusque là la charge. Je n'ai pas la force morale de porter la parole du Gouvernement, au lendemain de ces horribles massacres. C'est pourquoi, vous comprendrez ma décision.

Depuis deux semaines, de mon lit de malade, j'ai réfléchi et décidé. Aujourd'hui j'ai voulu vous le dire, vous l'écrire en toute franchise. Je suis sûr que vous aviez bien compris mon silence et ma distance depuis. Je suis convaincu que vous comprendrez ma démarche. Je n'ai jamais cherché le pouvoir, par la force du destin, il m'a souvent tendu la main, par la volonté de Dieu. Mais, Monsieur le Président, après les morts du 28 Septembre 2009, mon coeur et ma raison me demandent de partir. Je vous remets donc ouvertement ma démission ce jour.

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens et qu'il leur donne Sa Paix.

Conakry, le 15 octobre 2009

Signé

Justin MOREL Junior

 


Ancien Ministre de l'Information et de la Culture
Ancien Porte-parole du Gouvernement


COMMUNIQUE

A l’avènement du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) au pouvoir, le 23 décembre 2008, les nouvelles autorités guinéennes ont bien voulu créer un poste de ‘’Premier Ministre, Chef du Gouvernement’’ avec les attributions que l’on sait et y nommer comme titulaire Monsieur Kabinet Komara.

Sur proposition du Premier Ministre, j’ai eu l’honneur, comme bien d’autres de mes compatriotes, d’être élevé au rang de Ministre par le Président Moussa DADIS CAMARA pour contribuer, dans le domaine de l’Agriculture et de l’Elevage, à la réussite du programme de transition conformément au contenu du premier communiqué du CNDD et du discours programme du 14 Janvier 2009.

Cette confiance placée en ma modeste personne et amplifiée par l’espoir que le changement survenu a suscité au sein de l’opinion, exigeaient d’inestimables sacrifices pour insuffler une nouvelle dynamique susceptible de favoriser l’émergence d’une base solide pour la relance de notre agriculture. Ces défis (Confiance présidentielle et espoir du Peuple) et ma conviction de servir loyalement la nation justifiaient mon engagement et ma détermination dans la conduite de ma mission.

Malheureusement, le nouveau mode de gouvernance publique et les disfonctionnements qu’il engendre n’ont pas permis la conduite de cette mission. Après neuf mois d’efforts sans perspectives claires et n’étant sûr de pouvoir réaliser des résultats fiables dans un tel contexte, il me semble plus juste de tirer les conséquences appropriées, pour éviter de continuer à faire de la figuration et conserver des ‘’honneurs et privilèges’’ au détriment des intérêts du Peuple.

Par ailleurs, les tragiques évènements du 28 septembre dernier, qui n’honorent pas notre pays, constituent un fait condamnable qui nécessite justice. Ils viennent me conforter dans la difficile position qui était la mienne de démissionner de mon de poste de Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage.

En prenant cette décision pour être en harmonie avec mes convictions, je m’incline humblement devant les dépouilles des disparus et compatis à la douleur de toutes ses femmes violées et autres victimes de ces douloureux évènements.

Par ailleurs, la gravité de ces évènements appelle tous les Guinéens à la retenue, en premier lieu les plus hautes autorités militaires et civiles, mais aussi les leaders politiques et sociaux, les mass médias, ainsi que tous les citoyens et les partenaires qui nous accompagnent en ces moments difficiles de notre histoire.

Conakry, lundi 12 Octobre 2009

Abdourahamane SANO

, Ancien Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage

 

 

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