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Semer les graines de la formation en Guinée Conakry

Capture 18N’Gaye Traoré aime sa nation d’origine, la Guinée Conakry. Installé en France depuis 2008, il veut mettre sur pied une formation agricole dans son pays natal, pour aider les paysans africains à acquérir plus de connaissances.

Le chemin de ces deux hommes était fait pour se croiser. Le  premier, maraîcher, éleveur et paysan boulanger à Cléder (29), possède de nombreuses cordes à son arc. Passionné de musique traditionnelle, Stéphane Quéré a plusieurs fois voyagé en Guinée Conakry pour écouter le son des percussions, notamment celles de Kouroussa, mondialement connues. Cette contrée africaine regorge de trésors musicaux. Le rythme des percussions guide les tâches quotidiennes, les danses traditionnelles reproduisent le geste auguste du semeur.

Le second, Guinéen en France depuis 2008 et à la tête d’un cabinet de conseil en évolution professionnelle, aime sa terre d’origine et voudrait développer des formations agricoles pour que la population de ce pays d’Afrique de l’Ouest puisse vivre et s’alimenter de sa propre agriculture. Aussi appelé le pays des muets car les autochtones ne parlaient généralement pas la langue berbère, la Guinée « est un paradoxe : c’est un pays vert, avec de la chaleur, de la pluie et des terres fertiles. L’espérance de vie en bonne santé n’est que de 47 ans ; l’espérance de vie tout court n’est pas beaucoup plus élevée. C’est une injustice de mourir si tôt », déplore N’Gaye Traoré. Des maladies liées à l’alimentation se multiplient comme le diabète ; les Guinéens importent une grande majorité de leur nourriture. « C’est un pays qui ne devrait pas tendre la main : on a tout sur place ». Les trois quarts des gens vivent à la capitale Conakry.  « 50 % de la production alimentaire est perdue entre les champs et les marchés. Le modèle agricole est ancien ; il a besoin d’un coup de pouce ». Le Guinéen veut marcher dans les pas de son père, aujourd’hui disparu, qui souhaitait apporter la formation agricole nécessaire à la bonne conduite d’une ferme. Hormis des diplômes d’ingénieur, il n’existe pas d’école agricole enseignant les rudiments de l’élevage et de l’agronomie. Un manque que le Franco-Guinéen veut absolument combler : « Plutôt que de donner du poisson à la population, je préfère leur donner des cannes à pêche et leur apprendre à pêcher », illustre-t-il.

Viande et légumes

N’Gaye Traoré a déjà acheté 30 ha de terre dans son territoire natal. Là-bas, à Kindia, le ciel donne 1 500 mm d’eau par an. Dans cette forte zone agricole, l’accès au foncier commence à être compliqué. « Quand on achète un terrain, il faut absolument le baliser, sous peine de voir les vendeurs venir reprendre les terres. Je retourne 2 fois par an sur mes terres ».

C’est un pays vert, avec de la chaleur, de la pluie et des terres fertiles

Sur ses parcelles, il souhaite cultiver des légumes « type ratatouille, des piments, du gingembre, des mangues à sécher. Avec une serre et un atelier de transformation, j’aimerais produire des conserves de tomate ou des pots pour bébés ». Aussi et en reprenant les pratiques de Stéphane Quéré, N’Gaye pense à faire du pain, « les Guinéens en mangent beaucoup. En revanche, ils ne consomment pas de lait ». Dans un système polyculture élevage, il pense à la même race bovine élevée par son copain breton. « La Salers est très rustique et est capable de vivre dans plusieurs endroits différents dans le monde ». Dans ce projet de ferme et d’apprentissage des techniques agricoles, N’Gaye espère développer un volet social. « Je souhaite au maximum embaucher des femmes, qui sont des piliers de la société, ce sont elles qui tiennent les foyers. Si elles ont plus d’autonomie, c’est toute la société qui en bénéficiera ».

Le jeune homme reste lucide. « Je ne veux surtout pas transposer le modèle de Stéphane là-bas », résume-t-il, en pensant plutôt à emprunter des pratiques du maraîcher clédérois. « Je ne vais pas changer l’espérance de vie à moi tout seul ». Par philanthropie, il veut simplement « amener des produits plus qualitatifs, éveiller les consciences, faire prendre du recul ».

Un voyage pour bien choisir

En fin d’année, Stéphane et N’Gaye iront en Guinée, afin de réfléchir à l’agencement du terrain, au choix des matériels de traction ou de semis nécessaires à l’activité, pour penser à des solutions alternatives aux brulis. Déjà, des tomates et des aubergines poussent dans une placette expérimentale, « afin de voir comment le terrain se comporte ». Reste enfin à rédiger le contenu des formations agricoles qui seront dispensées. Pour cela, les 2 hommes s’appuient sur les compétences de Denis Amice, référent FOAD (formation ouverte à distance). « Nous allons créer une association qui nous servira de support pour les échanges entre les 2 pays, et qui pourrait servir de mise à disposition de moyens humains », conclut-il. 

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Source: Paysan Breton

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