Semaine Nationale de la Citoyenneté et de la Paix, Senacip : les Chemins de la Nation

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Le titre choisi est pour nous, évocateur. Les Chemins de la Nation évoque avant tout un cheminement, un processus, une pédagogie et l’idée de pluralité de pistes à explorer dans la dynamique d’édification de notre Nation.

Édifier une Nation? C’est une noble œuvre exigeante dont l’accomplissement s’impose comme devoir; devoir c’est avant tout la loi de la conscience. L’édification est une œuvre éducative pérenne, un investissement au quotidien et allant sacrément de la famille à la considération de la parole publique et, en passant rigoureusement par la valorisation du système éducatif d’une manière générale. La précaution qu’elle exige s’explique par la différence de sensibilités au sein de la société; il est un principe des réalités qu’aucune société ne fonctionne exclusivement sur la seule foi des prescriptions impératives. Cependant, ce n’est pour autant pas qu’il faille soutenir une société sans loi, qui reste de toute évidence utopique.

 

Simplement, concevant la société comme dynamique, il serait trop risqué à notre sens de se fier à une réalité dont les limites nous interpellent-elles sans cesse. Cette réalité qui veut de la Loi toute-puissante est illusoire; il nous faut dès lors intégrer une philosophie consciente de cette limite au risque de toujours assister, impuissants, à l’opposition de plus en plus profonde entre la Société et l’État.

 

Voilà pourquoi, à l’effet de repenser notre société déboussolée, nous en appelons au temps de la réflexion pour un changement de paradigme. Un travail de réflexion et d’action qu’il faudrait mener loin de tout conformisme ambiant, donc de toute fragilité intellectuelle. Conséquemment avec la prise en compte effective de nos réalités, mais dans l’absolu respect des droits humains, de la dignité humaine.

 

C’est donc naturellement que nous contribuons, modestement, à la vie des idées dans notre société. Une Société de démissionnaires, dans laquelle le politique égocentrique intéressé par le seul pouvoir n’assure point son rôle d’éducateur pourtant consacré constitutionnellement; les Citoyens sont habitués à un univers laxiste avec un niveau d’acculturation effarant; la forte et déconcertante propension des autorités à la violation de nos textes de loi. D’ailleurs, la mission de garant de la Constitution est désacralisée publiquement, spectaculairement devant son chargé attitré, le Président de la République qui s’en donne étonnement à cœur joie.

 

Face à cette situation d’urgence, nous devons répondre à l’appel du devoir envers et contre tous. Mais, un examen de conscience préalable est nécessaire pour être résolument à la hauteur du défi. L’indifférent-e est coupable; le pessimisme et le fatalisme ont gagné les esprits à cause de la profondeur de nos difficultés mais rien ne peut justifier le renoncement.

 

Honnêtement et sans a priori, nous avons salué l’inspiration instituant la Semaine Nationale de la Citoyenneté et de la Paix, Senacip en abrégé. Car, l’idée qui a présidé à son institution procède d’un constat communément partagé et du reste préjudiciable à la vie de la nation : l’absence de conscience nationale, l’intolérance, l’incivisme, les pratiques discriminatoires, l’effritement des valeurs, le manque d’information sur les droits, le bradage du système éducatif, et sur cette liste non exhaustive, la détérioration poussée du tissu social et du sens du devoir.

 

Et, c’est justement à l’issue de ce tableau sombre et qui n’augure rien de bon, qu’une loi interviendra à l’effet de trouver de voies et moyens à même de décrisper le climat et baliser le chemin pour la formation citoyenne/civique. La sensibilisation sur le respect des principes et symboles de la République, la promotion continue des valeurs dont celles de l’attachement à la vertu du dialogue et le souci d’incarner l’exemplarité dans l’observation de nos textes de loi. Le bon exemple étant une valeur cardinale instruite dans nos traditions.

 

Ce travail d’éducation et d’éveil des consciences qui obéit à une certaine pédagogie et exige plusieurs modes d’intégration de comportements reste un défi de première importance. Il est d’autant exigeant qu’aucune société ne peut évoluer avec la seule vertu de la seule Loi. Mais, le privilège réservé de l’État quant à son application reste une condition de stabilité et nul ne peut prétendre lui disputer cette prérogative qui est somme toute régalienne.

 

La Senacip, même si elle peut aider avec enthousiasme à imprimer un sens élevé des responsabilités et promouvoir le vivre-ensemble n’a pas vocation de se substituer à l’application de nos textes de loi. Aussi, d’un apport inestimable est qu’elle peut se révéler fort utile là où la loi exacerberait, elle, les tensions sociales, en n’offrant autre solution que l’usage de la force en application des prescriptions impératives même face à de légitimes revendications. Voilà pourquoi, le comité d’organisation auquel nous rendons hommage se doit de former de Citoyen-ne-s afin d’établir cette proximité éducative et participative pour une mission de médiation tout au long de l’année. 

 

La République est un système de valeurs dans lequel le corps social confère la légitimité. Et ce corps social qui a des valeurs diversement appréciées, construit aussi sa relative quiétude et son évolution par la promotion d’autres échappant à la sphère juridique; telles la solidarité, la fraternité, l’amour du prochain, l’entraide mutuelle, le respect dû à l’âge, la générosité, l’assistance aux démunis et même le patriotisme, etc. Dans cette optique donc, la semaine citoyenne constitue un véritable vecteur d’unité et de paix. La Senacip n’est donc pas un non-sens; nous proposons qu’elle ne revête plus son caractère étatique ou politique.

 

Dans cet univers politique discrédité, il y’a un vide de responsabilités que comblerait cette campagne d’éducation et de sensibilisation pour une vigilance citoyenne soutenue. Bien menée, elle peut se révéler comme un moyen efficace à même de faire prendre conscience à l’État les limites de son domaine, car les rapports avec les Citoyen-ne-s ne sont pas ceux de subordination. Comme toute entreprise humaine, il faut une remise en question permanente et, c’est l’essence même d’une évolution cohérente. Et, la semaine nationale de la citoyenneté et de la paix n’en fait pas exception. Mais, au lieu de s’inscrire dans une démarche constructive, d’aucuns ont usé de leur imagination fertile pour se livrer à la critique facile.

 

Notre processus d’édification de la nation doit être d’inspiration locale et dans sa conduite, il a nullement besoin de certificateurs étrangers. D’ailleurs, autant que faire se peut, il faudrait toujours minimiser la part pécuniaire et miser sur la sagesse collective et sur l’engagement citoyen. Car, être Citoyen-ne implique absolument droits et devoirs. Devoirs de Citoyens!

 

Organiser les missions d’intérêt général sur la base du volontariat assurerait aussi, la vitalité de la République. La Senacip! Une campagne d’information, de sensibilisation et d’éducation de cette envergure est d’excellence. Mais, un politicien n’est jamais sincèrement enchanté par une mission d’éveil de consciences.

 

L’absence du premier ministre et de son équipe mis au pas n’est que l’expression d’un mépris et d’une insouciance qui trouve sa traduction dans le presque boycott assumé du Président de la République par sa visite éclair. Même le thème préoccupant de la semaine citoyenne n’aura pas trouvé leur adhésion : la Construction de la Nation.

 

La SENACIP, est aussi un agenda s’étendant du 01er au 07 novembre de chaque année et consacré par une loi; géré par un ministre de la République. Mais hélas, malgré la tenue par ailleurs demi teinte de la cérémonie, tout porte décidément à croire que le respect du calendrier n’est pas le fort de ce pouvoir. Les hôtes surpris d’une action gouvernementale sans harmonie et le ministre piqué au vif, exprime incompréhension et déception. En déphasage avec le sens de l’histoire, Monsieur le ministre ne daigna pas donner lecture de son discours préparé. Sans conteste, nous lui reconnaissons du talent et une volonté de servir, mais il n’est pas allé au bout de sa logique...

 

Le professeur reste un militant chevronné. Arrivé sous les ovations du public alors que comme par hasard, le ministre était appelé au pupitre pour son discours, l’honneur lui reviendra pour le sien. De façon très subtile, tels la carotte et le bâton, il salue le ministre et son comité d’organisation, comme si cela ne suffisait pas, assène-t-il presque moqueur pour donner la preuve éloquente de la démission de l’institution qu’il incarne : «...Je pense qu’il faut aller beaucoup plus loin...» !

Beaucoup plus loin que vous dans la consolidation de l’état de droit? Beaucoup plus loin que vous dans le raffermissement du tissu social? Beaucoup plus loin et jusqu’où ?

 

Il abordera aussi un sujet de préoccupation majeure, la pratique banalisée du lynchage dans notre pays. Cependant, contrairement à son appréciation de la question, et c’est même malheureusement l’idée répandue : le lynchage avant de nécessiter une éducation civique devrait interpeller sur l’affaiblissement de l’autorité de l’État. Un pays dans lequel, l’administration et les institutions républicaines respirent la corruption qui a pris le pouvoir sur l’État, la République dans le sens étymologique du terme, Res publica, gestion de la chose publique.

 

Dans une perspective de rassemblement et pour favoriser l’entente républicaine, nous estimons qu’il serait sage de fusionner la semaine du soldat avec celle de la citoyenneté et de la paix au compte du 01 au 07 novembre.

 

Ayons le courage de questionner la République. Soyons inspirés de baser le système de valeurs qui fonde la République sur nos valeurs sociales authentiques, humanistes.

 

 

 

Vive la République !

 

 

 

Citoyen,

PENDESSA Amara

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