Se surpasser pour dialoguer
- Par Administrateur ANG
- Le 27/07/2011 à 11:36
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Les concertations entre le gouvernement guinéen et l’opposition ont du plomb dans l’aile. Promis en grande pompe par Alpha Condé comme un des axes principaux de son mandat, le dialogue républicain tarde à se mettre en train. Lundi dernier, la rencontre annoncée entre le ministère de l’Administration du territoire et les partis politiques n’a pas eu lieu. Pourquoi ce report sine die ? Motus et bouche cousue du côté des autorités.
Et pourtant, le temps urge de mettre en place des règles du jeu consensuelles, en prévision des élections législatives sensées renforcer le processus démocratique en cours. Sans des élections crédibles pour installer le parlement, la démocratie guinéenne a un goût d’inachevé. Et surtout, ce vide institutionnel peut être un motif d’abus divers. Déjà laborieux à mettre en place, le processus devant conduire à ces élections tant attendues connaît un véritable coup d’arrêt, depuis la tentative d’assassinat contre le président Condé. Visiblement, le pouvoir n’est plus pressé de discuter avec la classe politique. Il a d’autres chats à fouetter.
D’abord rétablir son autorité qui a vacillé, ensuite châtier les auteurs de l’attaque. On voit d’ailleurs que ces derniers jours le président Condé n’a pas la tête aux longues palabres politiques, lui qui passe son temps à recevoir des délégations venues lui apporter leur soutien. Mais au-delà de cet agenda surbooké, c’est peut-être la volonté d’engager des discussions dans un contexte de malaise sociopolitique et sécuritaire, qui manque le plus. Les accusations d’abord ciblées sur des militaires se sont désormais tournées vers des civils, des hommes d’affaires et même des hommes politiques. On vit dans le conspirationnisme en Guinée, un climat apparemment peu propice au dialogue. Comment, en effet, le régime peut-il s’asseoir à la même table que ceux qui ont attenté à la vie de son leader, comme si de rien n’était ? Et avec qui discuter d’ailleurs, puisque le chef de l’opposition vit un exil forcé à l’étranger ?
Cellou Dalein Diallo a des raisons de rester en lieu sûr, surtout par les temps qui courent : son domicile a fait l’objet d’une perquisition, un de ses vice-présidents est porté disparu, un journal de l’opposition a été saccagé. Quant aux opposants présents à Conakry, ils se sont barricadés chez un des leurs, craignant des représailles. Autant de signes qui ne trompent guère sur la tension qui prévaut en Guinée. Le président Condé n’a cependant d’autre choix que d’instaurer un climat apaisé avec ses opposants. L’attaque de sa résidence ne doit en aucun cas servir de prétexte pour verrouiller les espaces de dialogue.
La Guinée changera si chacun de ses fils fait le sacrifice de changer. Or, on a l’impression que depuis la dernière présidentielle, la Guinée est une démocratie sans démocrates. Tous, civils comme militaires, continuent de fonctionner selon les anciens schémas basés sur l’ethnicisme, l’incivisme, la violence et l’affairisme. Pas de quoi rêver d’un ancrage rapide et définitif du pays dans un véritable Etat de droit.
Mahorou KANAZOE
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