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Sansy Kaba Diakité: « Toute la Guinée se mobilise pour faire du livre une référence culturelle nationale »

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Le commissaire général de Conakry Capitale mondiale du livre (CCML) et directeur de L’Harmattan-Guinée, Sansy Kaba Diakité, détaille le programme et les enjeux de l'année culturelle qui se profile à Conakry.

Jeune Afrique : Qu’est-ce qui a permis à Conakry d’être désignée Capitale mondiale du livre par l’Unesco ?

Sansy Kaba Diakité : Ce n’est pas le hasard, mais le résultat d’un plan stratégique de développement de l’industrie du livre. Certaines capitales africaines ont leur référence culturelle : Ouagadougou a le cinéma, Bamako la photographie, Abidjan la musique, Dakar la mode… Conakry méritait d’avoir la sienne, et c’est autour du livre que nous avons construit notre projet, pendant dix ans.

Après une maîtrise en sciences économiques à Conakry, j’ai complété ma formation par un master 2 en édition à l’université du Maine [au Mans, en France], en 2006. À mon retour à Conakry, nous avons travaillé en équipe sur le concept et, aujourd’hui, toute la Guinée se mobilise pour faire du livre une référence culturelle nationale.

Nous avons été désignés par l’Unesco grâce à ces efforts et à la qualité de notre programme, qui fait la part belle à la jeunesse et à l’alphabétisation, mais aussi grâce à un budget maîtrisé et orienté vers le développement durable.

Quels sont les objectifs de ce programme ?

C’est un projet de long terme. Il veut contribuer à rendre le livre accessible à tous, promouvoir la lecture et l’écriture, l’échange et le dialogue, et ouvrir la Guinée au monde pour qu’elle retrouve sa place en tant que berceau d’éminentes personnalités littéraires, à l’instar de Camara Laye, Djibril Tamsir Niane, Williams Sassine, Alioum Fantouré ou encore Tierno Monénembo.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous maîtrisons notre programme et nous sommes prêts : l’Unesco nous a demandé une vingtaine d’activités. Nous projetons d’en réaliser une centaine.

Le livre est l’outil fondamental de l’éducation. Il faut qu’il soit dans notre quotidien, qu’il soit prioritaire et donc que nous disposions d’ouvrages, de salles de lecture, de bibliothèques… C’est pourquoi il est essentiel de mobiliser les professionnels, les partenaires privés et les pouvoirs publics pour qu’ils accompagnent l’initiative sous diverses formes : en ratifiant la convention de Florence et le protocole de Nairobi [sur l’importation et la libre circulation d’objets à caractère éducatif, scientifique ou culturel], en définissant une politique nationale du livre, en construisant une véritable bibliothèque nationale, en créant des points de lecture dans les quartiers, etc.

Le budget global prévu pour CCML est estimé à 60 milliards de francs guinéens, soit environ 6 millions d’euros. Mais ce montant ne tient pas seulement aux financements publics et privés : si un partenaire construit un point de lecture, nous allons le valoriser et le comptabiliser. La finalité, c’est d’avoir des réalisations.

Pouvez-vous nous donner quelques temps forts de CCML ?

En plus des 72 Heures du livre [du 23 au 25 avril], plusieurs salons seront organisés au fil de l’année : un salon des bandes dessinées, un salon international du livre jeunesse, une foire internationale du livre et des matériels didactiques et un salon du livre des langues africaines. L’année sera rythmée par des présentations d’ouvrages, des forums, des formations, des concours et des manifestations culturelles. Par ailleurs, des points de lecture et des médiathèques nationales seront installés dans les communes de Conakry.

Le 23 avril, outre l’inauguration de deux bibliothèques, nous allons lancer l’accès à une bibliothèque numérique [YouScribe, bibliothèque en ligne créée par une start-up française. Pendant toute l’année CCML, l’abonnement mensuel sera de 10 000 francs guinéens, au lieu de 100 000 francs].

Pensez-vous que les jeunes peuvent se détourner du smartphone pour le livre ?

Les livres en version papier et en version électronique se complètent. Il ne faut surtout pas freiner les jeunes, qui vivent dans leur époque, mais leur expliquer que, dans l’univers des technologies, il y a aussi un temps pour lire. Pour cela, il faut disposer des outils nécessaires [applications, livres numériques]. Et tant mieux s’ils peuvent les trouver dans leur smartphone.

« 72 HEURES », ACTE 9

Directeur de la maison d’édition L’Harmattan-Guinée et de la librairie du même nom, Sansy Kaba Diakité consacre tout son temps, ou presque, aux livres. En 2008, il a lancé les 72 Heures du livre de Conakry.

Cet événement organisé chaque année du 23 au 25 avril est devenu l’un des plus importants salons du livre du continent, avec ceux d’Afrique du Sud (South-African Book Fair, SABF) et du Nigeria (Nigeria International Book Fair, NIBF).

Les deux dernières éditions ont chacune accueilli plus de 300 auteurs et 50 000 visiteurs venus de toute la Guinée et de l’étranger. Coïncidant cette année avec le lancement de Conakry Capitale mondiale du livre, la 9e édition des 72 Heures promet de battre des records d’affluence. Elle comptera aussi plus de personnalités et de participants étrangers que d’habitude, avec notamment les délégations de l’Unesco, et le Sénégal en invité d’honneur.

Deux « parcours découverte » s’adressent spécifiquement au public étranger : l’un sur la filière du livre et sa réalité en Guinée, l’autre sur l’initiation aux mystères de la vie sociale et culturelle en Guinée.

 

Diawo Barry

Source: jeune afrique

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