Retrouvailles Macky Sall - Alpha Condé : La banane de la réconciliation
- Par Administrateur ANG
- Le 07/08/2015 à 22:59
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Quand le pouvoir lui échappait en Guinée, il se terrait à Dakar pour échapper aux représailles du défunt Lansana Konté qui dirigeait la Guinée d’une main de fer. Alpha Condé, qui entame à partir d’aujourd’hui sa première visite officielle dans la capitale sénégalaise, va fumer le calumet de la paix avec Macky Sall après plusieurs mois de brouille provoquée par Ebola.
Le président de la République de Guinée est attendu, ce jeudi 6 août 2015 à 17h, à Dakar, pour une visite officielle de trois jours. Le communiqué de la Présidence dévoile les détails du voyage du Professeur : «La visite a pour but de renforcer les liens d’amitié et de coopération entre les deux pays. Le Président Condé sera reçu par le Président Sall, au palais de la République, le vendredi 7 août à 11h, pour un entretien en tête-à-tête entre les deux chefs d’Etat, suivi d’une séance de travail élargie aux délégations sénégalaise et guinéenne.»
Autour du «cendrier» pour fumer le calumet de la paix, les deux chefs d’Etat auront des discussions passionnantes pour arrondir les angles et laisser le passé chargé d’incompréhensions derrière eux. La blessure provoquée par Ebola a impacté les relations diplomatiques entre les deux pays. Alpha Condé est venu à Dakar lors du sommet de la Francophonie en novembre à reculons. Ce jour-là, il a foulé au pied les règles de bienséance en s’en prenant, lors d’une conférence de presse, au chef de l’Etat sénégalais.
Furax, il reprochait à Dakar d’avoir fermé ses frontières avec la Guinée alors que son pays était ravagé par le virus hémorragique. Alpha Condé a croqué difficilement cette… amère pomme. «Ils (les Sénégalais) nous ferment leurs frontières alors que c’est nous qui les nourrissons. Laissons-les. Ne les insultons pas et ne leur en voulons pas. Nous sommes des panafricains. La Guinée a aidé l’Afrique du Sud, Mandela a fait sa formation à Kindia. Nous avons aidé l’Angola, la Guinée-Bissau. Et nous continuerons à aider toute l’Afrique», regrettait le Président Guinéen.
L’affaire Mamadou Alpha Diallo, jeune Guinéen qui a importé Ebola au Sénégal, avait creusé davantage la fracture entre les deux pays. Les autorités guinéennes avaient éconduit l’avion qui l’avait ramené chez lui après sa guérison. Les deux chefs d’Etat s’étaient «retrouvés autour de l’essentiel» après une discussion téléphonique. Ce dossier était venu s’ajouter aux milliards de la Présidence guinéenne, à destination de Dubaï, interceptés par la douane sénégalaise à l’aéroport de Dakar. L’ébruitement de l’information avait mis Conakry dans un fiévreux état. Comme un virus, ces éléments ont longtemps rongé les relations entre les deux pays.
Ces sorties sont un marqueur sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Elles avaient embarrassé «parce que» le Président guinéen était logé, nourri à Dakar du temps de la traversée du désert. Alors qu’il était traqué par Lassana Konté qui était allergique à la démocratie.
Santé, sécurité, énergie
Cette visite ouvre un nouveau chapitre de coopération entre Dakar et Conakry. Selon le ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, François Lounceny Fall, les questions énergétiques et sécuritaires seront abordées en priorité, lors de la visite du le chef de l’Etat guinéen. «Nous sommes disposés à travailler très intimement avec le Sénégal pour le développement des ressources énergétiques, et c’est la raison pour laquelle notre ministre (de l’Energie) est là et est en entretien avec son homologue sénégalais», a-t-il dit. Il ajoute : «Nous avons de très grands projets dans le domaine de l’énergie que nous pouvons faire ensemble. Nous sommes sûrs que, demain (aujourd’hui), les deux Présidents aborderont cette question et aboutiront à la relance de ce secteur stratégique pour les deux pays.»
Au-delà de l’énergie, les questions sanitaires et sécuritaires seront au cœur des discussions. Le contexte l’impose. «La sécurité est très importante, nous sommes dans une région troublée où aux menaces (drogue, trafic d’êtres humains et l’extrémisme violent) anciennes s’ajoutent de nouvelles. Nous tentons de faire face à cela dans la synergie, dans la coopération, et renforcer notre coopération dans le domaine de la sécurité et travailler pour que la Cedeao puisse mieux prendre en compte ces préoccupations de sécurité nationale et régionale», renchérit Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
Bref, le menu sera copieux pour lever les nuages. Le Président guinéen quittera Dakar le dimanche 9 août 2015. Entre-temps, il aura ramassé toutes les peaux de banane qui ont fait glisser l’axe Dakar-Conakry vers la rupture.
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