Réponse au défi de Lounceny Camara
- Par Administrateur ANG
- Le 25/09/2010 à 13:08
- 1 commentaire
« Je défie quiconque de prouver que j'appartiens à un parti politique en Guinée » avez-vous dit. C'est un faux problème. Personnellement je ne vois pas pourquoi vous n'auriez pas le droit d'avoir des sympathies pour un parti politique. Vous pourriez parfaitement être membre du RPG ou de l'alliance Arc en ciel, que cela ne me dérangerait pas. En revanche, il y a trois choses qui me dérangent profondément et qui sont bien plus importantes, que le défi que vous lancez et qui n'a vocation qu'à noyer le poisson.
Êtes-vous malhonnête ?
Dans tous les comptes-rendus et entretiens que j'ai lus à votre sujet, vous ne faites que justifier votre élection en déclarant avoir été choisi par une majorité de membres de la CENI, ce qui la justifierait, mais vous ne répondez pas au fond du problème.
Si vous êtes honnête, il vous faut répondre aux questions que je soulève ci-après :
-
quel est le statut de Mme Camara, présidente de la CENI par intérim : est-elle décédée, a t-elle démissionné, est-elle empêchée ? En d'autres termes, qu'est ce qui justifie que l'on ait procédé à l'élection d'un nouveau président de la CENI, puisque le règlement intérieur (article 49) prévoit le remplacement de membres dans les mêmes conditions que leur nomination. Certains membres n'ont pas été remplacés, ce qui n'est pas une obligation. Puisque vous avouez vous-même que ce n'est pas le décès de Ben Sékou Sylla qui en est la cause, mais la probité de la présidente par intérim, en profane que je suis, j'aimerais comprendre ce qu'on lui reproche, puisque la CENI elle aussi, est en transition, dans l'attente du deuxième tour. Sans être une obligation, le décès de son président est pourtant la seule raison qui aurait pu me convaincre d'une nouvelle élection. Vous personnellement, que reprochez-vous à la présidente, puisque vous indiquez que l'on est forcément juste lorsqu'on est à la tête de la CENI, ce qui s'applique donc à elle ?
-
vous dites que la CENI est libre et même le président de la transition ne peut interférer dans votre fonctionnement, alors pourquoi reconnaissez-vous que c'est le Matap et le PM qui ont suggéré cette élection ?
-
quel texte précise que seul un membre de la Société civile peut-être président de la CENI ?
-
vous étiez responsable des finances, doit-on faire un audit de l'institution, ou êtes-vous à même de présenter les comptes d'une institution publique, beaucoup décriée dans ce domaine ?
Vous êtes en revanche incompétent ….
L'ennui avec les gens qui parlent trop, c'est que souvent, leur langue fourche, et ils ne contrôlent pas toujours ce qu'ils disent. A trop vouloir exposer leur science, ils finissent par étaler au contraire leur incompétence. Un exemple suffisamment éclairant est lorsqu'on vous demande, ce que vous comptez faire pour redorer le blason de l'institution, en solidarité avec vos collègues condamnés au tribunal de Dixinn (dont Ben Sékou Sylla), vous dites qu'il y a eu des erreurs personnelles. Lesquelles ? La mauvaise gestion du budget ? Vous dites que vous assumez les négligences de vos collègues en tant qu'institution, comment le faites-vous concrètement ?
Qui vous a renseigné pour solliciter une annulation du jugement ou une grâce présidentielle ? Car lorsqu'on est incompétent dans un domaine, on ne s'exprime pas à l'emporte pièce. Au stade actuel de la procédure, les deux cas que vous évoquez ne sont tout simplement pas possibles, car sans entrer dans le détail, il faut déjà épuiser toutes les voies de recours avant d'envisager ce genre de choses, ce qui est loin d'être le cas encore.
mais également partisan
Pour les mêmes raisons que précédemment, il faut éviter de trop parler sous peine de trahir votre esprit partisan. Tout membre de la CENI devrait être loyal envers l'institution, toute l'institution, rien que l'institution. Et dans ce cas de figure, peu importe que vous soyez sympathisant ou même membre d'un parti politique. Le problème se pose lorsque non seulement on ne défend pas l'institution dont on dépend, mais pire on la condamne sournoisement. En premier lieu au moment du jugement, on a peu entendu la solidarité des membres de la CENI s'exprimer, comme si cette affaire ne les concernait pas vraiment.
En outre, en indiquant que vous sollicitez la grâce présidentielle pour vos deux collègues, vous prenez à votre compte les arguments d'Alpha Condé, qu'ils sont coupables et que seule une grâce présidentielle peut les élargir. Or j'ai démontré – je l'espère par des textes à vocation pédagogique -, que le tribunal de Dixinn avait été pris en « flagrant délit » de violation de la loi, et que les prétentions d'Alpha Condé auraient du être rejetées. Et pourtant je ne suis ni membre de l'UFDG, ni d'un de ses alliés. Et pourtant je défend votre institution avec plus d'énergie que vous ne le faites vous-même. Vous ne méritez même pas d'en être membre, et cela n'a rien à voir avec votre incompétence juridique – vous avez probablement des compétences dans d'autres domaines -, mais votre absence de foi dans la mission qu'elle mène, et lorsqu'on est pas motivé pour agir, il vaut mieux rester couché.
En conclusion
Certains n'ont pas compris pourquoi je défendais une institution – et non les hommes qui la composent -, parce qu'elle est synonyme de démocratisation progressive de la Guinée. Mais quand je découvre petit à petit les hommes qui la composent, je me dis qu'après les élections, un grand coup de balai sera nécessaire, parce que nous n'avons aucune raison d'être fier de ceux qui la composent, tout en percevant davantage l'origine de ses dysfonctionnements.
En attendant, contrairement à votre arrogance à considérer que vous êtes le seul capable à diriger la CENI, je vous dis publiquement que vous n'en n'avez ni le profil, ni la compétence, ni la largeur de vues.
Gandhi, citoyen guinéen
Commentaires
-
- 1. Ibrahima M'Bemba SOW Le 25/09/2010
M. Barry,
Une fois de plus, on ne peut faire mieux que se conforter de votre éclairage sur ce sujet brûlant de l'actualité politique du pays.
En effet, ce qui empêche la société guinéenne de progresser, c'est moins le manque d'institutions et de lois cohérentes que le peu de respect qui en est fait au quotidien.
Même si Louncény Camara était le seul compétent et apte à remplacer le président de la CENI dont les statuts prévoientt la plupart des cas de figure, ce n'est pas sous la dictée d'un seul candidat et du Premier Ministre complice que cela doit se faire en catimini, juste avant le 2nd tour de l'élection présidentielle. De toute évidence, la CENI peut bien achever l'organisation du processus électoral engagé sous la houlette de sa Présidente intérimaire actuelle.
Les traditionnels coups politiques foireux qui ne trompent personne, doivent être dénoncés et repoussés sans aucun compromis.
I.SOW
Ajouter un commentaire