Qui sauvera le football guinéen?
- Par Administrateur ANG
- Le 28/02/2013 à 09:30
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Ce n’est un secret pour personne que le football guinéen va mal ; qu’il a perdu son lustre d’antan et pour redorer son blason, différentes décisions sont prises et certaines sont à mes yeux, inadéquates.
Deux événements me poussent à faire une petite analyse sur notre football:
- Lors de mon séjour en Guinée, j’avais apporté la version corrigée du film sur le Hafia à Petit Sory et aussi le reportage sur la coupe Hafia77, organisée chaque année à Koba ; version corrigée parce que lors du montage du documentaire sur le Hafia, j’avais désespérément cherché une photo actuelle de Maxime Camara et parmi les nouvelles, j’avais confondu le sourire de Koita à celui de Maxime ; c’est au moment de la projection que nous nous en sommes rendus compte.
Alors j’ai remplacé la photo de Koita par une ancienne de Maxime que j’avais faute de mieux
Donc arrivé au stade à la réunion de l’association, encore une fois Petit me présenta et encore une nième fois me remercia pour le documentaire et à la fin de la réunion, il demanda de prier pour moi ; émouvant.
- Ensuite, la visite du footballeur Samuel Eto’o que j’ai suivi à télévision avec toutes les déclarations des uns et des autres.
Mon Analyse :
Je vais d’abord commencer par une clarification ; que des footballeurs africains de la trempe d’Eto’o visitent notre pays, cela est une bonne chose pour notre jeunesse ; des enfants qui rêvent d’êtres comme eux, se réjouissent et se motivent à leurs rencontres.
En plus quand le joueur déclare qu’il tâte le terrain pour d’éventuels investissements, je trouve que c’est bien pour la Guinée d’attirer des investisseurs diverses ; mais ce qui me gène ; c’est quand certains déclarent que cela est bon pour la promotion du football guinéen ; il y a un pas à ne pas franchir.
Petit Sory dit et redit toujours qu’il y a des journalistes qui les suivaient partout mais que personne n’a pensé faire un documentaire sur eux et qu’ils n’ont rien à me donner sauf un merci et demander de prier pour moi ; c’est incroyable.
Je redis encore ici mon intervention dans la salle ; ce n’est pas aux joueurs du Hafia de me remercier mais bien au contraire ; gamin, ils m’ont fait rêver ; je me suis embarqué dans leur bus plus d’une fois pour aller aux entrainements et adulte, ils m’ont permis de réaliser ce documentaire de mes rêves sur eux. Cela n’a pas de prix ; c’est donc à moi de prier pour leurs longévités.
Que Chérif Souleymane, ballon d’or africain en 1972, me dise « Paul je reviens d’un voyage, j’ai besoin de la journée de demain pour faire certains travaux ; ensuite même s’il faut trois jours, je serai à ta disposition pour ton interview » ou Ousmane Bangoura qui dit « nous sommes là à ta disposition » ; vous imaginez ma joie d’être capable de faire mon travail avec mes idoles disposés pour cela. Ce sont eux à remercier.
Il y a un adage qui dit que quand on se sait pas où l’on va, il faut au moins savoir d’où l’on vient ; en regardant un tout petit peu en arrière ; force est de noter que :
- Le syli National fut la première équipe africaine à participer aux jeux olympiques ; c’était au Mexique en 1968 ; c’est là que Chérif Souleymane a eu le surnom d’El Crac donné par un journaliste mexicain.
- Le Syli National joua la finale de la coupe d’Afrique des Nations en Ethiopie en 1976 ; sans perdre un match, elle perdit la coupe au détriment du Maroc ; score, un but partout ; comme ce fut un système de championnat, le Maroc avait plus de points ; ce système fut abrogé par la FIFA
- De 1975 à 1978, le Hafia joua quatre finales de suite ; en tout il joua cinq finales entre 1972 et 1978 et il remporta trois.
Excuser du peu, quand une nation a un passé aussi glorieux et que son football patauge comme en ce moment ; à mon humble avis, il faut organiser des états généraux du foot avec tous ces anciens qui ont porté haut les couleurs du pays ; c’est avec eux qu’il faut chercher les solutions adéquates et organiser des championnats dignes du nom à tous les niveaux.
J’ai assisté avec les joueurs du Hafia à une coupe à Koba qui porte le nom du Hafia ; je peux vous dire le niveau était déplorable ; des passes directes à l’adversaire, des contrôles manqués, bref les bases techniques ne sont plus là ; c’est lamentable ; Le football guinéen n’a plus de base.
Je trouve que la solution aux problèmes dans notre football passera par l’apport de ces anciens qui sont oubliés de nos jours et qui sont souvent agréablement surpris que quelqu’un vienne tout simplement pour les interviewer.
A Koba, il était convenu d’interviewer Morlaye Camara (le premier gardien de But) ; Daki M’bore, Pierre Bangoura (le 3e capitaine du Syli) Bref. Ceux qui étaient à Mexico mais par manque de temps cela fut reporté ; ils sont là oubliés.
Il y a eu inauguration du centre de formation qui porte le nom du président de la FIFA ; quels sont les jeunes qui y seront pris ? Quand on sait le niveau intellectuel des jeunes footballeurs. Un parent me demanda si je pouvais aider son fils qui est bien au foot, à aller en Europe pour le professionnalisme ; je lui ai répondu que je n’étais pas du milieu.
Ce qui est vrai d’une part et d’autre part, je n’ai pas voulu lui dire que son enfant qui sait à peine lire et écrire n’avait pas la chance d’accéder à un centre de formation.
D’ailleurs dans mon documentaire, Djibril Diarra le dit « c’est bien de construire des centres de formation mais qui y mettre? Quand un jeune joue bien et que les gens commencent à l’applaudire, il quitte l’école ; il faut dire aux jeunes d’aller à l’école, d’apprendre »
Dans un centre on apprend des tactiques, des schémas de jeu ; ce qui requiert un minimum de niveau intellectuel.
En conclusion, je dirai que la promotion du football guinéen se fera sur le terrain par des victoires et pour arriver à cela, il faudra un énorme travail de base avec la participation des anciens ; leur faire appel au lieu de les ignorer. Combien connaissent aujourd’hui Blinki ? Papa Camara a un diplôme d’entraineur obtenu à Clairefontaine en France ; personne ne sollicite cette compétence.
Sano Madi ancien international guinéen, est décédé le jour de la remise des médailles aux Ballets Africains ; les radios privées en parlent mais les médias d’Etat n’en ont même pas mentionné ; ce qui choqua Petit et plein d’autres.
Le Burkina est arrivé en finale de la coupe d’Afrique ; fruit d’une politique menée il y a quelques années ; pareil pour d’autres pays.
L’année dernière, quand d’autres pays accueillaient leurs footballeurs sur des résultats probants à la coupe d’Afrique, la Guinée accueillait triomphalement les siens sur un beau match perdu et une élimination au premier tour ; Cela ne se voit qu’en Guinée.
Bref, avant qu’ils ne disparaissent tous un à un, prenons les en considération et profitons de leurs expériences pour sauver notre football et lui redonner la gloire du passé.
Je ne cherche à accuser, ni à nuire à personne ; je donne mon avis sur un sport que je connais et je condamne cette manière que nous avons en Guinée d’ignorer les anciens.
Les gens ne parlent de leurs qualités et de leurs mérites que quand ils nous quittent ; ce qui est révoltant.
Paul Théa
Nb: photo de Petit Sory
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