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Qui est le cardinal Sarah, le Guinéen conservateur pressenti parmi les successeurs du pape François ?

UnnamedÀ bientôt 80 ans, le conservateur Robert Sarah pourrait faire partie des noms cités au conclave, pour élire un nouveau pape. 

Depuis lundi, les yeux sont tous tournés vers les "papabile", cette longue liste de prétendants au trône du Saint-Siège. Après le décès du pape François ce lundi 21 avril, au terme de douze ans de pontificat, s’organiseront solennellement deux cérémonies importantes : les obsèques du défunt souverain pontife ce samedi 26 avril, et le conclave, dans les quinze à vingt jours qui suivent la mort du pape François.

Au cours de ce dernier, l’ensemble des cardinaux (environ 120) tiendront un vote à huis clos dans la chapelle Sixtine pour élire le successeur de Jorge Mario Bergoglio. Depuis des siècles, et bien que tout homme baptisé puisse prétendre au titre, le pape est toujours choisi parmi les cardinaux.

Parmi les favoris se trouvent un Français (le Marseillais Jean-Marc Aveline), mais aussi plusieurs Italiens, un cardinal philippin et un cardinal à la retraite guinéen. Ce dernier, Robert Sarah, se distingue pour ses positions conservatrices, notamment sur l’homosexualité et l’immigration. Retour sur son parcours, de Conakry au Vatican.

Il devient à 34 ans le plus jeune évêque africain de l’histoire...

Né en 1945 à Ourouss, un village de 1000 âmes au nord de la Guinée, Robert Sarah a connu au moins sept règnes papaux – mais ce sont les trois derniers papes qui lui ont fait gravir les échelons. Il est le fils unique d’une famille de cultivateurs animistes, cette croyance qui veut qu’un esprit anime tous les êtres vivants, les animaux, les éléments de la nature et les objets.

Il découvre sa vocation religieuse lorsqu’il est adolescent mais c’est dans un séminaire de Côte d’Ivoire qu’il poursuit sa route, après que sa famille a dû quitter son pays d’origine en 1957. Les voyages jalonnent la poursuite de ses études canoniques, de la France (à Nancy), au Sénégal en passant par Rome et Jérusalem.

Mais la Guinée, devenue indépendante en 1958, lui prévoit un retour en grandes pompes. À seulement 34 ans, le pape Jean-Paul II nomme Robert Sarah archevêque de Conakry, la capitale guinéenne – il fait ainsi de lui, au moment de sa nomination en 1979, le plus jeune évêque africain au monde, le nommant affectueusement "vescovo bambino", "l’évêque-enfant".

...puis le tout premier cardinal guinéen

Durant deux décennies, Robert Sarah parcourt son pays en n’hésitant pas à s’opposer frontalement au régime marxiste de Sékou Touré, le premier président de la Guinée. Comme il le raconte dans un entretien-fleuve à Paris Match en 2022, il est à l'époque mis sur écoute et se voit confisquer sa résidence mais brandit en étendard le franc-parler qui fera sa réputation. C’est ainsi qu’il bâtit en Guinée son image de liberté, bien loin de celle du traditionaliste conservateur qu’il incarne en Europe.

En 2001, Jean-Paul II le convie à Rome et le nomme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples ; mais c’est en 2010 qu’il devient l’un des cardinaux les plus importants de l’Église – en plus d’être sacré premier cardinal guinéen de l’histoire. C’est Benoit XVI qui le consacre.

Le mariage homosexuel, "une hérésie qui mine gravement l’Église" selon lui

Figure d’autorité au sein du Vatican, l’ex-archevêque de Conakry est sacré commandeur de la Légion d’honneur à Rome, pour son engagement pour la démocratie, la solidarité, et la lutte contre la corruption en Afrique.

Mais en parallèle, il affirme ses positions haut et fort dans des livres ou dans la presse française. Il représente dès lors une figure conservatrice de premier plan. Il est par exemple un grand défenseur du célibat des prêtres, thème brûlant de l'Église, dans les médias et dans un livre polémique, sorti en 2020 et co-signé avec le pape émérite Benoît XVI. Sur CNews en 2021, Robert Sarah affirme que "le prêtre est l’époux de l’église (...) il est le prolongement de Jésus et ne peut pas partager sa vie avec une autre personne."

Dès l’élection du pape François en 2013, le Guinéen s’oppose au pontife argentin sur de nombreux sujets : l’immigration, le retour de la messe prononcée en latin, son opposition au mariage homosexuel, entre autres. Le prélat définit le mariage gay comme une "hérésie qui mine gravement l’Église". Dans un autre livre de 2020, le cardinal Robert Sarah évoque sans fard "l'effondrement de l'Occident", et critique les "processus migratoires". Comme il le détaille sur Europe 1, il souhaite aider l’Afrique "à se développer sur place, et faire que ces jeunes trouvent du travail et restent chez eux".

À deux mois près, il aurait perdu son droit de voter au conclave

De 2014 à 2021, et sur décision du pape François, le prélat guinéen exerce comme préfet de la Congrégation du culte divin. Puis Robert Sarah démissionne, en restant à la fois éligible au poste de pape et très actif dans ses prises de position publiques.

Aujourd’hui, son influence au sein du Vatican et sur le continent africain reste majeure. Pourtant, lorsque Paris Match lui demandait s’il se voyait "papabile", Robert Sarah répondait il y a trois ans : "Ça ne m’intéresse pas. Ce qui compte, c’est de retrouver Dieu."

La réponse éclora dans quelques semaines, lorsque, une fois les votes du conclave dépouillés, le résultat sera annoncé avec le fameux déclenchement d’une fumée blanche (ou noire si les cardinaux ne se sont pas mis d’accord), visible depuis la place Saint-Pierre.

Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans sont autorisés à voter lors du Conclave. Or Robert Sarah ne fêtant ses 80 ans que dans deux mois, le 15 juin 2025, il pourra de justesse rejoindre le précieux conciliabule et donner de sa voix, en plus de faire partie des éligibles.

Anne D. Source: yahoo - actualités

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