Que cherche Sékouba en se déchargeant sur Dadis ?
- Par Administrateur ANG
- Le 03/10/2010 à 13:28
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Tout le monde espère une issue favorable à la crise politique qui prévaut actuellement en Guinée, sachant que le pays se remettrait difficilement des conséquences d’une éventuelle conflagration civile. Mais curieusement, c’est dans cette expectative que notre général se permet de baragouiner des inepties dignes d’un inculte ivrogne de cabaret, dans une interview assez inopportune sinon de nature à mettre de l’huile sur le feu. Sa digression a consisté en partie, à se décharger sur Dadis alors que le contexte ne s’y est guerre prêté.
L’analyse de cette sortie ratée du général dont la cote de popularité connaît désormais une chute vertigineuse, amène à se demander quel pouvait être l’intérêt de se défouler sur un homme qui n’est plus aux affaires? Personnellement je n’en vois qu’un seul. Chatouiller la susceptibilité de la communauté forestière dont ce dernier est issu, afin de trouver un bouc-émissaire à ses impérities et à son incapacité à assumer ses responsabilités, face à la crise qui l’interpelle. L’on se rappelle qu’il avait essayé en vain, de trimballer cette même communauté sur un terrain que celle-ci s’est toujours gardée de visiter, par grandeur d’esprit, patriotisme et souci d’unité, valeurs que tous les guinéens reconnaissent unanimement à cette couche de leur société à grande hétérogénéité culturelle et linguistique.
Il avait en effet allusivement accusé des « éléments de la Forêt » de vouloir fomenter un coup d’Etat afin de mettre en échec les efforts de transition. Heureusement que les forestiers sont un peuple dont la résilience communautaire est un exemple à émuler dans la sous-région Ouest Africaine. N’ont-ils pas essuyé des décennies durant, toutes sortes de préjugés, de brimades et de vexations sans que, ni leur sagesse, ni leur intégrité encore moins leur disposition à la tolérance et à l’hospitalité ne changent ?
Aux accusations de Sékouba, la coordination de la Foret avait apporté un démenti cinglant dans une démarche empreinte de sagesse. C’est après avoir insidieusement mais vainement tenté de créer le spectre d’une guerre civile afin de se faire prier de garder le pouvoir, que Sékouba récidive dans cette autre aventure qui, malheureusement pour lui, sera aussi vouée à l’échec. Car ni les forestiers ni les autres communautés guinéennes ne se laisseront prendre à son piège. D’ailleurs, loin de produire l’effet escompté, l’interview du Général a dressé le portrait de sa personnalité.
S’il se vante d’instiller la peur à Dadis, l’on peut se demander qu’est-ce qu’il peut y avoir de si effrayant en un officier qui n’ose exprimer publiquement, ce qu’il pense de son collègue, qu’en état d’ébriété avancé. De toute façon, je ne pense pas qu’un seul guinéen s’intéresse à ce que Sékouba pense de Dadis, ses sentiments pour lui n’étant plus qu’un secret de polichinelle. Par contre, son interview aurait été utile s’il nous avait entretenus autour de la déprédation qu’il fait de l’argent du pays. Ce d’autant qu’il est visiblement très sain de corps et d’esprit, et que les sommes qu’il puise dans les caisses de l’Etat, sont trop importantes pour qu’on nous fasse croire qu’il n’opèrerait que de petits larcins sans intérêt, outre le plaisir d’assouvir le désir pulsionnel et insatiable qu’on connaît aux cleptomanes. Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que l’envie lui prendra de faire une interview nocturne en état d’ivresse, on lui saura infiniment gré de ne pas éluder des sujets tabous, notamment relatifs à ses voyages multiples faits dans un faste entretenu aux frais de l’Etat et de ses harems qui ne peuvent subsister sans drainer des subsides de l’Etat. Mais je crains qu’il ne se montre beaucoup moins bavard s’agissant de ces questions. Puisqu’en toute évidence, il tiendrait à savourer aussi longtemps que possible, les délices des séjours bien arrosés et accompagnés, qu’il fait dans les pays des autres, pendant que le sien fait cap vers le précipice.
Ce que chacun de nous devrait savoir aujourd’hui, c’est que le problème de la transition n’est ni Alpha ni Cellou mais Sékouba Konaté lui-même.
Tout d’abord, il forge au sein de l’opinion, l’impression qu’il est pressé de rendre le pouvoir, ensuite il fait semblant de rouler tantôt pour ce candidat-ci, tantôt pour ce candidat-là, se complaisant par moment dans des discours accusatoires ayant pour toile de fond, des tentatives de sabotage de la transition. Les auteurs en sont toujours des ressortissants de telle ou telle région. Et le but de tout ce manège est de créer le chaos pour ensuite venir jouer le sauveur sollicité et vénéré. Mais puisque le peuple n’a pas mordu à l’hameçon, il faut parvenir à ses fins par d’autres moyens. C’est ce qui expliquerait qu’il veuille se servir de Dadis. Que les plus candides se détrompent. Ce général à l’allure de maquisard ne « roule » que pour lui-même. Son souhait, à défaut de garder le pouvoir, semble être d’imposer un civil qui couvrira ses arrières, entendu que le peuple voudra savoir quel rôle il a joué dans les massacres du 28 septembre et l’attentat meurtrier du 03 décembre 2009. Il doit se douter qu’on a commencé à comprendre ce qui s’est réellement passé en ces deux dates fatidiques et qu’avec le temps tout se saura.
Il est bien vrai qu’on ne dispose d’aucune preuve tangible pour confondre Sékouba de manière formelle, mais il n’y a qu’à observer ses agissements pour arriver à la conclusion que notre sauveur n’est en réalité qu’un saboteur. Un observateur attentif verra aisément derrière son regard fuyant, mi-naïf mi-acrimonieux, un personnage malin au caractère volatile et insaisissable, qui a su tromper tout le monde avec des faux-semblants, un prétendu désintérêt pour le pouvoir et des menaces de démission. Toutefois, si nous l’avions naïvement prié de rester par ce qu’on l’avait pressenti comme, le chantre de la transparence, le fleuron incandescent qui allait éclairer le chemin de la transition, nous devrions tous exiger désormais sa démission au profit d’un homme plus courageux et plus honnête. Car à mi-parcours du périple démocratique, l’homme s’est avéré être le maillon faible de la transition. L’on peut même se demander s’il n’a pas lui-même subrepticement programmé l’échec de la transition afin de servir ses propres intérêts. Alors n’attendons pas que son dessein se matérialise, pour le déposer.
A. Modibo Traore, UK
bimodib@yahoo.fr
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