Puisqu'il faut l'appeler par ce nom...L 'élection présidentielle du 11 octobre 2015‏

Sans titre 97

Ce n'est pas de l'humour sombre mais un constat de cette République de Guinée qui n'en finit pas d'imiter et d'utiliser le vocable en usage sous d'autres cieux, sans plus. Au mot élection, le tout petit dictionnaire dit: «Choix que l'on exprime par l'intermédiaire d'un vote ». Au mot vote : « Acte par lequel les citoyens d'un pays ou les membres d'une assemblée expriment leur opinion lors d'une élection , d'une prise de décision ».

En Guinée, il y a déjà des mois sinon des années que le Président en place agit, parle comme si son second mandat lui était assuré sans aucun doute.Or partout où l'on parle de démocratie, toute élection transparente comporte sa part d'incertitude. Dans ces cas il s'agit naturellement d'élection transparente. Dans notre démocratie guinéenne, on n'a aucun scrupule à parler de transparence tout en faisant, quotidiennement le contraire. C'est dire que nos élites qui ont usé des fonds de culottes sur les bancs de l'école pour apprendre les B-A-BA des institutions étatiques, du savoir et de l'éducation qui sont les ferments du développement humain de toutes les sociétés, oublient le plus souvent tout « ce bagage » dès qu'ils entrent dans la politique. Avaient-ils réellement compris le contenu de ce bagage ?

Par delà toutes autres considérations (enrichissements faciles, superficialités de comportements), on peut douter du niveau de formation intellectuelle qu'ils affichent ostensiblement. Je crois qu'en réalité, ils manquent totalement de ce qu'est L'ESPRIT DE LOI dans la cité. Ce sont des lois élaborées par les hommes qui civilisent et régissent la vie sociale dans tous les Etats, ce ne sont pas des caprices de quelques-uns qui doivent régir la société. Des lapalissades ailleurs dans le monde , n'est-ce pas ? Et sur lesquelles on ne revient plus chez-nous, il faut constamment y revenir.

Dans une chronique précédente, j'avais émis l'idée, mais j'étais loin d'être le seul, que le contexte d'impréparation de l'élection présidentielle prêtait à un tel imbroglio qu'il aurait été préférable que l'Opposition républicaine ne doive pas y prendre part. Mais il semble que l'habit devenu négatif du mot boycott a effrayé et personne n'a voulu demeurer en reste. Mais tout au long de l'Histoire, le boycott dans son sens de refus collectif de participer par exemple à un événement public, n'a pas été toujours négatif.

Bref, malgré l'amoncellement de situations susceptibles de donner lieu à des fraudes lors de cette élection . Il faut citer à cet égard quelques points :

implication de l'Administration ; le fichier électoral qui n'a pas été convenablement essoré ; le dernier recensement de la population guinéenne qui a montré une rupture inattendue dans l'évolution démographique régionale guinéenne, en faveur d'une Région, la Haute-Guinée qui n'est pas traditionnellement la plus dynamique ; la caution anormalement élevée pour être candidat, alors qu'on aurait pu adjoindre à cette caution d'autres critères ( niveau de formation citoyenne par exemple). Et puis les problèmes liés à la CENI (Commission électorale nationale INDEPENDANTE) étaient-ils résolus ?

Il se trouve que l'Opposition républicaine avait menacé de boycotter le scrutin si les accords politiques du 20 août dernier n'étaient pas intégralement appliqués. Mais le Pouvoir savait que ce n'était là qu'agiter des lanternes sourdes et n'a donc rien changé à son plan élaboré de longues mains.Une synergie d'actions de cette Opposition républicaine et une détermination de sa part de non participation, auraient sans doute fléchi la position rigide du Président Alpha Condé, qui, malgré ses rodomontades sur ces questions, a besoin de la présence du grand nombre des Guinéens pour donner à son élection, l'aura d'une élection de grand consensus national , donc de transparence et de démocratie. Et l'on sait que ça ne peut pas être les seuls électeurs de la mouvance présidentielle qui peuvent donner à cette élection une revanche éclatante sur les 18 % du premier tour de juin 2010. L'Opposition républicaine telle qu'elle est dans son ensemble et dans son électorat, aurait pu construire la digue pour le changement. Il n'est même pas déraisonnable de croire qu'elle aurait pu faire un premier tour époustouflant dans la transparence, puisqu'elle ne dispose pas d'arsenaux composites pour faire autrement. Mais de toute évidence, des fraudes massives ou pas planeront sur cette élection, des acteurs , tels des robots sont préparés pour ces pratiques.

Ainsi, des agents de l' Administration publique qui doivent assurer la permanence de l'Etat républicain guinéen, quel que soit le parti au pouvoir, vont se mettre (ou seront mis) au service du Président-candidat . Alors quand on entend parler dans ce contexte de VIGILANCE, on en rirait si la naissance de la démocratie en Guinée n'était aussi préoccupante . Trêve de plaisanteries ! Revenons à l'essentiel,c'est-à-dire à l'élection .

 

A dire les mots comme ils doivent être dits, cette élection, constitutionnellement attendue par tous les Guinéens, a été engagée de la façon autocratique habituelle à Alpha Condé, pour qu'elle se déroule techniquement  sur le terrain, comme lui et son parti l'ont planifiée. Et ils ont les moyens des fraudes à grande échelle pour cela.

 

C'est pour cette raison, que certains comme moi, avaient souhaité une non participation de l'Opposition républicaine pour éviter que les Guinéens ne se retrouvent encore une fois devant une élection, dont les résultats seront probablement contestés dès la proclamation des résultats. Mais les micro-calculs dans l'Opposition, n'ont pas permis l'union qui fait la force dès le premier tour.

 

Ce ne sont pas de simples citoyens épars de par le monde, comme moi, qui ont pu faire changer le cours des événements. Il faut donc rentrer dans le bal.

 

Les candidats en présence sont au nombre de 8.

Le Président sortant Alpha Condé s'est beaucoup démené ces derniers temps, que dis-je, s'est démené depuis la première année (2011) de son mandat, en pure activité de propagande politique pour sa réélection en 2015. Rappelez-vous les inutiles voyages à travers le monde, au prétexte de recherche d'investisseurs à attirer en Guinée. On n'en connaît pas de notables qui soient venus. De grandes unités déjà en place avant son arrivée à la présidence comme Friguia ne sont plus du monde des entreprises vivantes de notre pays. En tout cas le cimetière des unités économiques est beaucoup plus impressionnant que les berceaux des entreprises nouvellement nées. Je reconnais que ce champ économique était plus difficile à rénover en cinq ans que d'autres axes d'action. Par rapport aux coûteux et inutiles voyages lointains, la connaissance par le Président de la Guinée du ras-le-bol n'est vraiment intervenue que quand l'élection présidentielle a commencé à montrer le bout de son nez.

Un barrage hydroélectrique, celui de Kaléta vient d'être inauguré à quelques jours de l'élection, c'est bien. Mais il y avait un autre barrage d'un autre type qui aurait dû être détruit dès l'arrivée d'un intellectuel, pour la première fois, à la magistrature suprême de la Guinée. C'est le barrage qui bloque toujours l'inter-connectivité sociale de la population guinéenne. S'attaquer à cette question vitale pour la nation guinéenne dès l'année 2011, aurait constitué pour moi la plus grande réussite du quinquennat d'Alpha Condé. Au lieu d'une telle perspective, c'est à un très profond morcellement ethnique, jamais vu avant ce quinquennat, qu'on a assisté . Alors, je n'hésite pas à dire que c'est un quinquennat perdu pour la Guinée qu'il ne faut pas renouveler. Serai-je entendu ? Je ne me fais pas d'illusions.

 

Des sept autres candidats, celui que je connais le mieux est CELLOU D'ALEIN DIALLO. Je l'ai rencontré. C'est un homme de grandes qualités humaines. Mon expérience de vie ne m'avait pas confiné qu'à l'univers professionnel (Institut national de la statistique et des économiques, INSEE, ou Université ), j'ai beaucoup rencontré des hommes, politiques et des professionnels de divers secteurs, d' Europe, d'Afrique et même d'Asie. Cela permet une certaine perception des hommes. Cellou Dalein Diallo n'est pas l'homme dont des paltoquets guinéens n'ont eu de cesse de présenter sous des couleurs pas loin de leur propre image. A entendre certains de ces paltoquets, on a l'impression que c'est Cellou Dalein Diallo qui était l'omnipotent et inamovible ministre qui a tout régenté sous le magistère de Lansana Conté de 1984 à 2008. Or tout le monde sait, même parmi les jeunes, qu'un ministre était sous Conté, sur une chaise éjectable à tout moment. L'entourage immédiat du Président assurant la réalité du pouvoir de décision. Les pillages économiques et financiers dont on a tant parlé sont indéniables, mais on ne peut pas les imputer aux seuls ministres et premiers ministres, mais à tout le système en place à commencer par le Président Conté qui venait à la Banque Centrale pour se servir en liquidités fraîches. Les pillages ont donc résulté d'une absence d'Etat organisé. Si ces pillages étaient prises avec sérieux à l'arrivée d'Alpha Condé, ce sont la plupart de ses conseillers qui auraient été renvoyés. Alors s'acharner sur Cellou Dallein Diallo parce qu'il avait été ministre sous Conté, ressemble à une grande peur devant un adversaire politique qu'on a senti ne pas pouvoir battre à la loyale. Quant aux votes ethniques, ils sont pratiqués partout, c'est regrettable, mais on ne peut pas les imputer à un seul. Si au sommet de l'Etat, s'était trouvé un leader de haut niveau, les choses n'auraient pas évolué comme nous les voyons évoluer.

Cellou Dallein Diallo me fait penser à ces mots d'un Maître s'adressant à un disciple et qui disait : «  Vous ne savez pas vous ennuyer. Vous êtes patient avec les imbéciles. Vous dites spontanément ce que vous pensez. En politique il faut savoir mentir tout le temps avec tout le monde. C'est difficile. » C'est cette nature honnête et pleine d'humilité que j'ai rencontrée chez Cellou Dalein Diallo, c'est l'Homme capable d'apporter aux Guinéens ce qu'ils ont toujours attendu dans le silence : l'unité des Guinéens, les vrais débuts de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, la fin du banditisme dans nos villes et campagnes etc. Tout cela, il ne les réalisera pas comme par un coup de baguette magique, mais il s'y attaquera dès son élection.

Alors, JE VOTERAI CELLOU DALEIN DIALLO dès le premier tour et j'appelle les nombreux Guinéens avec lesquels je suis en correspondance permanente à travers le monde à faire comme moi et à voter CDD, le Président guinéen de demain.

Nous n'allons pas à cette élection à armes égales avec le pouvoir en place. Le triomphalisme ?...Laissez cela à d'autres.

 

 

Ansoumane Doré

Dijon, 28-29 septembre 2015  

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