Puanteur et insalubrité, Concasseur, quartier dépotoir de Conakry
- Par Administrateur ANG
- Le 08/07/2016 à 08:18
- 0 commentaire
C’est l’un des plus grands dépotoirs de Guinée : dans le quartier des Concasseur, situé en plein centre de la capitale Conakry, se dresse une montagne d’ordures. Pour notre Observateur, l’insalubrité qu’elle engendre favorise la propagation de diverses maladies comme le choléra ou le paludisme. Et il incombe autant à l’État qu’aux habitants de changer les choses.
La capitale guinéenne compte 1,6 million d’habitants et connaît une forte croissance de sa population (+4,52 % de hausse moyenne annuelle entre 1996 à 2008). Notre Observateur estime d’ailleurs qu’aucune mesure efficace n’a été prise pour faire face à la hausse de production des déchets qui l’a accompagnée. Autrefois surnommée "la perle de l’Afrique "après que tant de voyageurs ont flatté, à partir de la fin du XIXe siècle, la beauté des îles de Loos situées aux larges de Conakry, la ville est aujourd’hui envahie par les ordures. En 2015, le magazine Forbes la plaçait en dix-neuvième position de son classement des 25 villes les plus sales au monde.
Interrogé il y a quelques jours par le site Guinée7.com, l’ancien directeur général du SPTD (Service public de transfert des déchets) a mis en cause le manque de financement de son service pour expliquer cette situation.
"Quand il pleut, l’eau draine les ordures du dépotoir devant les maisons qui en sont les plus proches. Et les habitants doivent nettoyer eux-mêmes." Oumar Daroun Bah
Oumar Bah, journaliste et membre de l’association ablogui (Association des blogueurs de Guinée) a écrit un post sur son blog où il estime que la responsabilité est partagée entre l’État et les citoyens.
Concasseur est l’un des plus grands quartiers de Conakry. Ce site ne cesse de s’étendre. Non seulement parce que les gens entassent leurs ordures ici, mais aussi parce que les véhicules du SPTD et des entreprises de nettoyage ramassent les ordures de la ville et les jettent dans le dépotoir.
L’odeur y est vraiment épouvantable. Lorsque je me suis rendu dans cet endroit pour la première fois avec des amis, j’ai été choqué tellement cela sentait mauvais.
Ces dernières années, il y a eu une forte croissance de la population sans que les choses ne changent. Quand il pleut, l’eau draine les ordures du dépotoir devant les maisons qui en sont les plus proches. Pour les maisons qui n’ont pas de clôture, cette eau pleine de déchets arrive au niveau de leurs portes. À chaque fois, les habitants doivent attendre le retour du soleil pour nettoyer eux-mêmes leurs entrées.
En plus de cela, beaucoup de citoyens jettent leurs ordures dans les caniveaux. Et lorsqu’il pleut, ces caniveaux-là sont bouchés et ça crée des inondations.
Plusieurs personnes que j’ai contactées estiment que ce dépotoir favorise le développement de diverses maladies qui sévissent à Conakry. Le paludisme, par exemple, est causé par les piqûres de moustiques, qui pullulent à Conakry, vu que c’est une ville sale. Il y a aussi plein d’enfants qui jouent près du dépotoir de Conakry. Lorsqu’ils arrivent chez eux, ils ne se lavent pas les mains et cela peut faire proliférer les microbes et autres vecteurs de maladies telles que le choléra.
Je pense qu’il faudrait absolument délocaliser ce site en dehors de la ville. Il faudrait aussi transformer certains déchets en engrais. Parce qu’en plus des ordures ménagères, il y a des déchets en plastique. Par exemple : des bouteilles d’eau minérale et des sacs en plastique. Ces éléments-là ne sont pas biodégradables. Ça causera d’énormes dégâts à long terme si on n’agit pas maintenant.
"Il faudrait que les populations essaient de s’organiser en coopératives pour gérer les ordures "
Les autorités sont ouvertes au dialogue, elles ont évoqué la possibilité de délocaliser le site [Sur Guinée7, l’ancien directeur général du SPTD parle de la déplacer à Khorira, à un peu plus de 60 kilomètres de Conakry]. Mais il n’y a rien eu de concret.
Cela dit, je n’accuse pas uniquement l’État. Il faudrait que les populations essaient de s’organiser en coopératives pour gérer les ordures, avec une coopérative dans chaque quartier : ça serait un moyen pour que tous les citoyens assument leur part de responsabilité, s’engagent et s’investissent dans le traitement de leurs déchets. Les ménages pourraient ainsi les collecter et les déposer au beau milieu du site des Concasseurs et non aux abords. Ces coopératives pourraient aussi faire des plaidoyers auprès des autorités guinéennes en charge de la salubrité afin qu'elles puissent délocaliser le site. Ou à la rigueur, construire une usine de transformation de déchets à Concasseur, ce qui pourrait créer de l'emploi. Tout ça demanderait un important travail de sensibilisation.
France 24 a contacté la Service public de transfert des déchets, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations. Nous publierons leur réponse si elle nous parvient.
Article écrit en collaboration avec Imane Moustakir. @imanemoustakir
Ajouter un commentaire