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Problèmes d’eau à Conakry: les défis restent entiers

Eau au congo 1

Après les manifestations consécutives au problème d’électricité, c’est le problème d’eau qui a fait descendre les Guinéens dans la rue. Le lundi 11 mars dernier, tôt le matin, des femmes sont descendues dans les rues de Conakry, pancartes et bidons vides en mains, pour passer un message fort au gouvernement, face au manque criard d’eau auquel elles sont confrontées.

En Guinée, l’eau ne coule pas souvent au robinet

La Guinée étant réputée comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, il y a là un paradoxe que l’on a du mal à comprendre. Comment peut-on être à l’ombre d’un château d’eau et souffrir de manque d’eau ? Comment peut-on être assis sur la margelle d’un puits et avoir la gorge sèche au point de mourir de soif ? En tout cas, c’est le cas en Guinée où l’eau ne coule pas souvent au robinet et est en passe d’être un luxe pour les populations. Or, quand on sait que l’eau c’est la vie, autant dire que les populations qui en manquent cruellement sont assurées d’une mort certaine. C’est pourquoi, décidées à manifester leur mécontentement, ces femmes, appuyées de jeunes, et dont les rangs sont allés grandissants, sont sorties exprimer leurs frustrations face à la dégradation de leurs conditions de vie, et traduire toute leur déception de la gouvernance Condé, au moment même où ce dernier recevait son homologue malien Ibrahim Boubacar Kéïta, à Conakry.

A ce rythme, l’on se demande comment faire pour désamorcer la bombe sociale qui voit chaque jour des Guinéens descendre dans la rue avec des revendications aussi différentes les unes que les autres. En tout cas, ces manifestations récurrentes des populations en Guinée, avec leur cortège de casses et de violences comme cela a encore été le cas avec la mise à sac de l’entreprise du fils unique du président Condé accusé de bénéficier de contrats de faveur et de ne pas s’acquitter de ses impôts, donnent finalement le sentiment que rien ne va dans ce pays. Cette image négative est d’autant plus renforcée que ces manifs sont aussi l’expression d’un ras-le-bol et de la lassitude des populations face à des problèmes prioritaires que les autorités ont bien du mal à résoudre.

Aussi les autorités actuelles sont-elles interpellées car, c’est leur gouvernance qui est ici mise à l’index. Particulièrement, le président Alpha Condé qui a été élu sur ses promesses de travailler à un mieux-être des Guinéens.

Il est difficile de comprendre que malgré les nombreuses richesses de ce pays, ses populations peinent à disposer du minimum vital

Cela passe par l’accès à la santé, à l’éducation, à l’énergie, mais aussi à l’accès des populations à des besoins de base comme l’eau potable.

L’Homme étant un concentré de besoins, quand les besoins primaires ne sont pas satisfaits, les besoins secondaires ont peu de chance de l’être si tant est qu’il y ait une hiérarchisation dans la survenue de ces besoins chez l’Homme.

Quoi qu’il en soit, les gouvernants doivent se fixer des priorités, et le président Condé a tout intérêt à prêter une oreille attentive à ces doléances de ses compatriotes. S’il veut se donner des chances réelles d’un second mandat à la tête de ce pays, il doit se donner les moyens de relever ces défis qui sont plus que vitaux pour les Guinéens.

A sa décharge, on pourrait dire que les chantiers sont grands et multiples, et qu’Alpha Condé a hérité d’un problème dont la responsabilité incombe à tous les régimes qui se sont succédé jusque-là en Guinée. Mais en même temps, cela pose le problème des promesses électorales que nos gouvernants sont prompts à faire. Malheureusement, une fois au pouvoir, ils se montrent incapables de trouver les solutions adéquates aux aspirations profondes des populations. Et dans le cas d’espèce, il y a fort à parier que plus le problème tardera à trouver solution, plus il empirera, eu égard à l’accroissement de la population à une vitesse exponentielle, et à la vétusté des installations.

A l’analyse, l’on se surprend quelquefois à se demander si les difficultés de la Guinée ne rélèvent pas d’une malédiction, tant il est difficile de comprendre que malgré les nombreuses richesses de ce pays, ses populations peinent à disposer du minimum vital.

En tout cas, pour les esprits cartésiens, cela relève moins de la malédiction que de l’incapacité de la classe dirigeante à satisfaire les attentes du peuple. Et quand les gouvernements se succèdent et se montrent tous incapables à trouver une solution aux problèmes des populations, on en vient à se demander si les problèmes des Guinéens ne dépassent pas les Guinéens eux-mêmes.

En tout cas, dans ce pays, les défis restent entiers, et le président Condé est plus que jamais interpellé, d’autant plus qu’à quelques encablures de la fin de son mandat actuel, on ne voit pas les choses bouger véritablement dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations en matière d’accès à l’eau potable et à l’électricité qui sont pourtant des besoins sociaux de base.

Outélé KEITA

Source: Le Pays

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