Présidentielle en Guinée: la tension monte avant les résultats du 1er tour contesté par l'opposition

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La tension montait mardi en Guinée au lendemain de la demande par les sept adversaires du chef de l'Etat sortant Alpha Condé à la présidentielle d'une annulation du premier tour, sans attendre les résultats provisoires. Le scrutin s'est globalement déroulé dans le calme dimanche et avec une importante participation, mais sous tension, la campagne de M. Condé visant une réélection au premier tour.

Cet objectif est jugé par ses adversaires totalement irréalisable sans une fraude caractérisée, cinq ans après une victoire à l'arraché au second tour d'Alpha Condé sur le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo.

Les premiers résultats n'étaient pas attendus avant plusieurs jours, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) disposant légalement de 72 heures à partir de la réception du dernier procès verbal des quelque 14.000 bureaux de vote pour annoncer les résultats provisoires.

Dans ce contexte, les conclusions des différentes missions d'observation internationales sur le déroulement du scrutin étaient très attendues, en particulier la déclaration préliminaire de celle de l'Union européenne (UE), à partir de 10H00 GMT lors d'une conférence de presse.

Énumérant les difficultés en tout genre observées lors du vote - retards, manque de matériel, électeurs sans carte ou au contraire munis de carte mais ne figurant pas sur le registre de leur bureau, listes sans ordre ni alphabétique ni numérique - ils ont dénoncé une "fraude massive" et réclamé l'annulation du premier tour.

"Nous demandons son annulation et nous ne reconnaîtrons pas les résultats qui vont être issus de ces urnes", a affirmé M. Diallo lors d'une conférence de presse conjointe avec les six autres concurrents d'Alpha Condé, promettant de mobiliser ses partisans dans la rue pour se faire entendre.

"Nous avons le droit de manifester, on le fera", a assuré le chef de l'opposition. "On n'a a pas de recours, la justice est inféodée, la justice, la Céni (Commission électorale nationale indépendante), les institutions ne sont pas des institutions indépendantes, malheureusement", a-t-il estimé.

- "Fracture politico-communautaire" -

Arrivé en troisième position en 2010, l'ex-Premier ministre Sidya Touré, se disant particulièrement visé par la fraude, a accusé le pouvoir de chercher à "éliminer le parti le plus consensuel qui puisse exister, pour maintenir toujours la fracture politico-communautaire que les uns et les autres veulent entretenir".

MM. Diallo et Condé tirent la majeure partie de leurs suffrages de leurs communautés respectives, les Peuls et les Malinkés, les deux plus importantes du pays.

Le ministre de la Jeunesse Moustapha Naité, directeur de la communication de la campagne de M. Condé, a jugé "assez bizarre et étonnante" cette demande d'annulation. "Ils n'ont même pas attendu que les résultats du vote soient centralisés", a-t-il déclaré à l'AFP, appelant à "garder le calme".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué lundi "la conduite paisible" du premier tour, exhortant les forces politiques à "s'abstenir de toute déclaration qui pourrait mener à des violences".

Selon le Dr Alpha Amadou Bano Barry, professeur de sociologie politique à l'université Sonfonia de Conakry, le risque de heurts le jour du vote était faible, les violences électorales en Guinée se concentrant généralement sur la fin de campagne, comme la semaine dernière, et la période de proclamation des résultats.

"Pour étouffer la contestation, habituellement on le fait la nuit, en quadrillant les rues avec le forces de sécurité, de sorte que la population se réveille sous un état de siège qui ne dit pas son nom", a-t-il expliqué à l'AFP.

Le président Condé table pour l'emporter sur son bilan: réforme de l'armée et de la justice, achèvement du barrage hydro-électrique de Kaléta, transparence sur l'attribution aux sociétés minières des contrats d'exploitation des précieuses ressources du pays.

Ses adversaires l'accusent de mauvaise gestion - notamment lors de l'épidémie d'Ebola qui s'est déclarée en décembre 2013 -, d'autoritarisme et d'attiser les tensions ethniques, particulièrement envers les Peuls.

Les deux précédents scrutins en Guinée, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été entachés par des violences et des accusations de fraude.

Ancien opposant qui a connu la prison, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, dirigée jusqu'alors par des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux.

Source: AFP

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