Pour une «transition de courte durée» en Guinée

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Le groupe de contact international sur la Guinée, réuni dimanche 13 décembre 2009 à Ouagadougou, a pressé les militaires au pouvoir à Conakry d'accepter une « transition de courte durée » pour organiser rapidement des élections, dix jours après la tentative d'assassinat du chef de la junte.

Il a fallut de longues heures aux membres du groupe international de contact, pour aboutir au communiqué final de la réunion. C’était tard dans la nuit de dimanche à lundi, et en l’absence de certains délégués qui avaient déjà pris l’avion.

Parmi les absents, le ministre nigérien dont le pays préside la CEDEAO et aussi Ibn Chambas, président de la Commission de la CEDEAO, qui avait proposé à l’ouverture de la réunion le déploiement d’une force d’observation pour protéger les civils.

C’était également le cas du secrétaire général de la Cen-Sad (Communauté des Etats sahélo-sahariens), le Libyen Mohamed al-Madani, qui au cours du huis clos s’en est vivement pris aux Occidentaux qu’il accuse de viser les richesses de la Guinée.

La réunion que tout le monde disait cruciale, n’a finalement fait que reprendre les recommandations de la dernière réunion d’Abuja : par exemple la mise en place d’une mission internationale d’observation, l’engagement des membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) de ne pas se présenter aux élections ou encore la mise en place d’une nouvelle autorité consensuelle de transition.

Consensuelle, le mot est ajouté désormais et on ne parle plus de retrait du CNDD. Un petit bémol, sans doute pour ne pas gêner la médiation en cours du président Compaoré.

Des Casques blancs pour la Guinée ?

Des casques blancs en Guinée, la proposition faite ce dimanche par Mohamed Ibn Chambas, le président de la commission de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) est exceptionnelle à plus d'un titre.

L'organisation ouest-africaine est toujours intervenue dans les pays en guerre (Libéria, Sierra Leone, Guinée Bissau et Côte d'Ivoire). Dans l'esprit des dirigeants ouest-africains, il est donc clair que la Guinée se trouve déjà dans une situation explosive même si elle n'est pas encore aussi grave qu'une guerre civile.

Mohamed Ibn Chambas n'a d'ailleurs pas caché son inquiétude. Il semble penser que la junte au pouvoir en Guinée représente encore une menace pour la population et pour toute la sous-région.

Cependant sa proposition risque de provoquer des débats au sein de la junte. Certes il s'agirait d'une force de protection civile et humanitaire et en aucun cas d'une force destinée à combattre la junte, mais celle-ci risque d'y voir une menace.

D'ores et déjà certaines voix font vibrer la corde nationaliste pour rejeter toute présence étrangère en Guinée.

Le général Sékouba Konaté qui assure l'intérim de Dadis Camara a donc sur les bras un premier dossier délicat. S'il ne ramène pas la sécurité et s'il n'est pas capable de calmer les soldats, d'autres voudront s'en charger à sa place.

Quelques réactions en marge de la rencontre de Ouaga:

Moussa Keïta, chef de la délégation du CNDD à la réunion du groupe de contact international sur la Guinée:
...pour nous, gouvernement, l’envoi de toute force étrangère sur le sol guinéen, sans l’autorisation préalable du gouvernement, sera considérée comme une atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national...
François Fall, membre de la délégation des Forces vives à la réunion du groupe de contact pour la Guinée:
La plupart de nos préoccupations ont été prises en compte. Nous sommes dans un processus... et les recommandations qui ont été faites permettront certainement au médiateur de prendre en compte les directives données...
Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la Coopération et à la Francophonie, invité de "Internationales":
 … ce que l’on choisit, c’est le retour à la constitution le plus vite possible, des élections le plus vite possible, avec une armée qui s’occupe de ce dont elle a à s’occuper c'est-à-dire la sécurité des personnes et des biens, et que la solution politique passe par les civils. Il y a suffisamment de leaders politiques en Guinée…
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