Nouvelle sitographie guinéenne (Par Haroun Gandhi)
- Par Administrateur ANG
- Le 06/06/2016 à 22:52
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Je souhaitais faire une nouvelle fois, un bilan rapide et succinct de quelques papiers parus sur les sites guinéens ce dernier mois.
Agriculture
S'agissant de l'agriculture, Alpha Condé a fait savoir que le gouvernement a décidé de relancer les produits d'exportation, … mais va interdire toute exportation d'anacardes en dehors du Port autonome de Conakry. Tous ceux qui exportent ce produit (mais aussi du café et du cacao), doivent ramener des devises et être remboursés en francs guinéens.
Traduction : un entrepreneur (agriculteur) travaille, mais c'est l'État ou des commerçants triés sur le volet, qui empochent le fruit de ce travail. Comment imaginer que l'agriculture puisse se développer ?
Corruption
Concernant Mohamed Alpha Condé, on se demande pourquoi le gouvernement, voire Alpha Condé répondent à la place du fils. C'est ce dernier qui est accusé… médiatiquement. Où il répond lui-même aux rumeurs, parce qu'après tout il a une fonction officielle au sein du régime et il est mis en cause personnellement. Ou il n'y a rien à dire, et on se demande pourquoi tout le monde se précipite pour nier des rumeurs. Doit-on considérer qu'il n'y a pas de fumée sans feu ? Qu'on soit clair… dans tous les sens du terme.
EDG
Alpha Condé a reconnu avoir fait des erreurs dans le secteur de l'énergie, en indiquant que la Guinée n'aurait jamais dû acheter des groupes thermiques. Il reconnaît avoir une vision un peu trop nationaliste ??? - je ne vois pas le rapport - avec une méfiance à l'égard du privé (toujours présente chez AC, sauf pour les multinationales). C'est bien de reconnaître ses erreurs, maintenant il faut rembourser le milliard de $ gaspillé pour rien… et notamment de centrales thermiques qui ne fonctionnent pas. Je pensais naïvement que lorsqu'on achetait un bien qui ne fonctionne pas, le fournisseur nous remboursait intégralement !!!
Enseignement supérieur
Le nouveau ministre Yéro Baldé a pris 4 mois pour faire l'inventaire de ce qui existe en Guinée en matière d'enseignement supérieur. Cela suppose que son prédécesseur l'ignorait. S'il nous avait sollicité, on aurait pu lui épargner cette perte de temps et lui dire d'emblée quels sont les problèmes du secteur :
- la médiocrité des enseignants (10% seulement de maîtres de conférences, d'ailleurs âgés) et pas de renouvellement car le secteur est peu attractif au niveau salarial,
- des problèmes d'infrastructure et d'équipements (y compris de bibliothèques),
- un budget très faible, à vrai dire ridicule,
- des formations non adaptées aux besoins du pays (pas d'école de gestion et/ou de commerce, pas d'écoles d'ingénieurs).
Maintenant qu'il a fait un diagnostic, sans doute va t-il mettre en place des commissions de réflexion pour savoir… comment remédier à ces problèmes !!!
Entretien Hadja André Touré
Un entretien avec Andrée Touré rappelle que chacun voit l'histoire avec ses propres yeux, et Hadja est donc libre de raconter son histoire personnelle. Il faut néanmoins éviter de faire croire que cette histoire personnelle se confond avec celle de la Guinée, surtout lorsque celle-ci est racontée sur les antennes de la RTG, sans contradicteur.
Que Hadja Touré ait souffert en prison est un fait, mais il faut lui rappeler que d'autres y sont également allés sans savoir pourquoi, et pire certains n'en sont pas sortis. Elle rappelle d'ailleurs que pendant les 4 ans passés à la prison de Kindia, elle recevait ses médicaments. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Elle ne nous a par ailleurs pas expliqué pourquoi la cohabitation avec la femme de Diarra Traoré était pire que la prison.
Lorsqu'elle évoque le gouverneur Toupou, qui n'était autre que son garde de corps, elle rappelle qu'il était un illettré parfait. Elle oublie de rappeler que les illettrés ont constitué l'essentiel des dirigeants de ce régime après les années 70.
Concernant les cases Bellevue, il ne faudrait pas changer l'histoire. Les fans d'AST racontent qu'il n'a rien volé, ne possédant aucune propriété en Guinée, contrairement à la seconde république. D'abord AST n'avait pas besoin de posséder, puisqu'il était partout chez lui. Enfin s'il n'a réellement rien possédé, il ne faut pas aujourd'hui revendiquer quoi que ce soit.
De même Hadja Touré conclut que son époux a tout donné à son peuple, en oubliant qu'il lui a également tout pris, et qu'on en subit encore les conséquences aujourd'hui.
Enfin c'est dommage d'être resté au pouvoir pendant plus de 25 ans, et de n'avoir pas pu construire une école pour les enfants aveugles à Kankan, mais d'y avoir pensé seulement en prison, c'est-à-dire lorsqu'il n'était plus possible de le faire…
Puisqu'elle se dit préoccupée par le social, pourquoi ne milite t-elle pas pour l'amélioration des conditions de vie carcérale en Guinée ?
Mines : encore des bras cassés
Depuis 60 ans nos dirigeants ne travaillent pas. Certes AST a échoué, mais il a au moins essayé d'agir. Depuis 1984, plus personne ne veut travailler, se contentant de vivre sur des rentes monopolistiques. Certains considèrent que le développement de la Guinée passe par l'exploitation de quelques jeunes qui iront creuser à la sueur de leur front, pour trouver des cailloux dans la terre. Certes ces cailloux peuvent être de l'or ou du diamant, mais en dehors de ces « mineurs de fonds » qui travaillent réellement, les autres se contentent de brader ces pierres, qu'ils ont simplement fait ramasser. Au niveau national c'est la même chose, on ne veut pas travailler, on veut se contenter de tirer profit des cailloux qui se trouvent dans le pays (fer et bauxite notamment), mais comme on n'est pas capable de les exploiter nous-mêmes, même après 60 ans, on pleure pour que des étrangers viennent le faire à notre place, en oubliant que ceux-ci ne le feront que par rapport à leurs propres intérêts. Le nouveau ministre des mines n'a rien inventé, mais reste dans la logique de ses prédécesseurs. À quel moment, nos dirigeants vont-ils compter sur le travail de tous les Guinéens, en les aidant éventuellement à se prendre en charge, et à se responsabiliser grâce à l'éducation, afin d'investir dans l'agriculture... vivrière ?
Sanctions du CSM
Plusieurs magistrats guinéens ont été « punis » par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) lors de la session disciplinaire tenue en début d'année, suite à des plaintes formulées par de simples justiciables ou par le Ministre de la Justice. Sur les 34 plaintes enregistrées, 16 sanctions disciplinaires ont été prononcés (allant de l'avertissement à la rétrogradation).
Tous les citoyens doivent donc se souvenir que le CSM ne peut être saisi que pour des faits postérieurs à la loi du 17 Mai 2013, soit par courrier au Secrétaire exécutif du CSM, soit au Premier Président de la Cour Suprême (Président du Conseil de Discipline), soit au Ministre de la Justice. Il ne faut surtout pas à hésiter à le faire, ne serait-ce que pour diminuer le traitement de ces magistrats.
Enfin contrairement à ce qu'affirme Alpha Condé lors de sa conférence de presse du 15 Mai, la liste des magistrats sanctionnés n'a pas été publiée.
Un ambassadeur idoine
Arrivé à Conakry en Février 2012, le diplomate français, Bertrand Cochery, vient d’être nommé nouvel ambassadeur de la France au Congo chez Sassou Nguesso, qui vient d'être réélu en Mars 2016 au premier tour, après avoir tripatouillé la constitution pour un nouveau mandat. Bon vent à l'ambassadeur Cochery, spécialiste lui aussi du tripatouillage, et qui ne sera donc pas dépaysé.
Gandhi, citoyen guinéen
« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace » (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, Mai 1791).
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