Nouveau gouvernement en Guinée: pari sur l'économie face à de fortes demandes sociales
- Par Administrateur ANG
- Le 22/01/2014 à 14:10
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Le président guinéen Alpha Condé a nommé mardi un nouveau gouvernement, confiant des postes économiques clés à des technocrates, et accordant nettement la priorité à l'économie, dans un pays en proie à de fortes demandes sociales.
Fin décembre 2013, soit deux mois après les législatives, le président Condé avait promis de former un gouvernement "de mission", entendant ainsi redonner un nouveau souffle à son pouvoir, perturbé pendant près de trois ans par des turbulences politiques et de violentes contestations de l'opposition.
Lundi, il l'a répété à son Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, économiste qu'il a reconduit à son poste, de façon inattendue. M. Fofana, qui était chef du gouvernement depuis trois ans, avait démissionné le 15 janvier.
Il lui a remis une "lettre de mission" devant les caméras de la télévision publique. Le contenu du document n'a toutefois pas été dévoilé.
Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), son parti, a obtenu la majorité des portefeuilles ministériels (19 sur 34), mais la nouvelle équipe comprend aussi des technocrates, sans étiquette politique.
"Sur un certain nombre de ministères clés comme les Mines, l'Energie, l'Agriculture, on a des gens qui sont plutôt des techniciens, des hauts fonctionnaires pas connus pour un rôle dans la vie politique directement", note Vincent Foucher, analyste à l'International Crisis Group (ICG).
Le nouveau ministre des Mines et de la Géologie est Kerfalla Yansané, promu ministre d'Etat, qui était précédemment ministre de l'Economie et des Finances.
"J'imagine que ma nomination va contribuer à développer ce secteur si important pour notre pays. C'est un secteur stratégique, c'est même le poumon pour le développement du pays", a déclaré à l'AFP M. Yansané.
"Ce ne sera pas tout, ce sera l'un des grands défis auxquels nous serons confrontés", a-t-il ajouté.
Premier pays exportateur mondial de bauxite, la Guinée possède des gisements de minerai de fer très convoités, mais aussi de l'or, des diamants et du pétrole. Cependant, selon les Nations unies, plus de 50% de ses 11 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins d'un euro par jour, beaucoup n'ont pas accès à l'électricité et à l'eau courante.
"Les attentes sont nombreuses"
Au lendemain de sa reconduction à son poste, Mohamed Saïd Fofana avait lui-même reconnu que le changement de gouvernement intervenait dans un contexte où "les attentes sont nombreuses" en Guinée.
"A court terme, nous devons engager des actions et de grands investissements à fort impact économique, social (...) pour aller au-devant des besoins des citoyens. Il faut qu'il y ait plus d'eau, plus d'énergie pour les populations, plus de routes, plus d'infrastructures sanitaires et scolaires", avait-il dit, en promettant de "s'attaquer à certaines anomalies en matière de gouvernance" et à la corruption.
Depuis son arrivée au pouvoir, Alpha Condé - élu en novembre 2010 et investi en décembre 2010 - a entrepris plusieurs réformes, en particulier dans le secteur des mines, dont les gisements sont largement inexploités notamment à cause du manque d'infrastructures.
Officiellement, en 2013, la Guinée a exporté 17 millions de tonnes de bauxite et 3 millions de tonnes de fer, qui ont rapporté 160 millions de dollars à l'Etat via sa participation dans la Compagnie des Bauxite de Guinée (CGB).
Par ailleurs, en 2012, le pays a obtenu un allègement de sa dette extérieure, représentant plus de 1,6 milliard d'euros sur près de 2,5 milliards d'euros, selon la présidence à l'époque.
Cela devait, officiellement, permettre des investissements "dans les infrastructures et services sociaux de base, la santé, l'éducation, l'eau et l'électricité, les routes, l'agriculture".
Mais, dans leur vie quotidienne, les habitants se plaignent de la cherté de la vie. Pour le nouveau gouvernement guinéen, estime Vincent Foucher d'ICG, "le pari, c'est de jouer le bilan socio-économique: faire rentrer de l'argent avec les mines, la question de l'énergie, qui est vraiment centrale, et puis sans doute aussi la question de l'agriculture".
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