Non, le FMI et la Banque mondiale n’ont pas quitté la Guinée avant le référendum du 1er mars
- Par Administrateur ANG
- Le 27/02/2020 à 09:25
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Plusieurs sites sénégalais et guinéens ont affirmé que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale “quittaient” la Guinée avant le référendum constitutionnel et les législatives du 1er mars, qui se tiennent en pleine vague de contestation du président Alpha Condé. Cette formulation est trompeuse: si le FMI et la Banque mondiale ont effectivement suspendu leurs déplacements sur le terrain, les deux institutions ont assuré que leurs programmes se poursuivaient et que leurs bureaux sur place demeuraient ouverts.
"Après le FMI, la Banque mondiale quitte la Guinée", titrait le 18 février un article du pureplayer sénégalais Senenews. La Banque mondiale "ferme boutique" dans la foulée du FMI, a également annoncé le site Financial Afrik.
Ces titres alarmistes laissent croire que les deux institutions internationales ont fermé leurs représentations dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
“Après le départ du FMI, c’est la Banque mondiale qui décide de plier bagages ce lundi 17 février en suspendant ses activités dans le pays pour la période allant du 28 février au 08 mars. Ce, suite à l’insécurité qui sévit avec le projet de référendum constitutionnel qui pourrait ouvrir un 3e mandat au président Alpha Condé”, explique l'article de Senenews, partagé plus de 100 fois sur Facebook selon l’outil de mesure CrowdTangle.
Dès le 6 février, la page Facebook Le Monde du Web avait affirmé, dans une publication partagée plus de 400 fois, que le FMI avait suspendu “toutes ses missions et activités en Guinée pour des raisons de sécurité”.
"L’information est prise très au sérieux" par le gouvernement guinéen, "mais personne ne veut communiquer là-dessus sous le prétexte que les membres de l’équipe gouvernementale ne sont pour l’instant pas informés officiellement", ajoutait cette publication.
Bureaux ouverts en Guinée
Contactée par l’AFP, la représentation de la Banque Mondiale en Guinée a démenti ces informations.
“Notre bureau de Conakry est ouvert et nos opérations continuent. En consultation avec le système des Nations unies, seules les missions de visite sont temporairement suspendues à l’approche des élections. Il s’agit là d’une pratique courante dans la plupart des pays de la région. Cette mesure est généralement levée après les élections”, a expliqué le porte-parole de l’institution.
“Le programme de la Banque mondiale en Guinée se poursuit. Nos bureaux à Conakry sont ouverts et n’ont jamais été fermés”, a également assuré Nestor Coffi, le représentant de la Banque mondiale en Guinée.
Le FMI a lui aussi confirmé à l’AFP que l’institution avait temporairement suspendu ses déplacements, mais pas ses activités au sein du pays.
“Nous confirmons que depuis le 9 février, le FMI a temporairement suspendu ses missions de visite, par mesure de précaution en vue des élections législatives. Ce n’est qu’une mesure temporaire et administrative qui n’affecte pas les engagements pris par le FMI envers la Guinée”, a déclaré un porte-parole du FMI dans le pays.
Cette rumeur s’inscrit dans un contexte de tensions à l’approche des élections législatives, initialement prévues le 16 février avant d’être reportées au 1er mars, couplées à un référendum sensible sur une modification de la Constitution.
Quatre mois de contestation
La Guinée, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest malgré les richesses de son sous-sol, est depuis plus de quatre mois livrée à une contestation meurtrière.
Depuis octobre, au moins 30 civils et un gendarme ont perdu la vie au cours de manifestations de l’opposition, sévèrement réprimées, contre un éventuel troisième mandat du président Condé.
L'opposition est convaincue que le chef de l'État, élu en 2010 et réélu en 2015, entend se représenter fin 2020.
La Constitution guinéenne limite actuellement à deux le nombre de mandats présidentiels, mais Alpha Condé a annoncé en décembre son intention de modifier le texte.
Le projet de nouvelle Constitution soumis à référendum maintient à deux le nombre de mandats autorisés, mais l'opposition soupçonne que son adoption servirait à M. Condé, 82 ans le 4 mars, de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro et se présenter à un troisième mandat.
Anne-Sophie Faivre Le Cadre
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