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Mémorandum du Bloc Libéral pour la sortie de crise en Guinée

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La Guinée a connu en 2010 ses premières élections présidentielles sur la base d'un véritable espoir de démocratie et d’un retour définitif à l’ordre constitutionnel et à la paix sociale. L’élection du Président de la République devrait contribuer à mettre fin à la longue période transitoire que connait le pays, par la tenue d’élections législatives, libres, transparentes et crédibles.

Malheureusement, deux ans et demi après l’investiture du nouveau Président, la transition est loin d’être finie et le pays est retombé dans le blocage politique et la fracture sociale. La violation des droits et des libertés est fragrante. L’impunité et l’insécurité sont caractéristiques de la situation actuelle du pays. La Guinée  est plus que jamais fragilisée et les tensions sociales sont vives. La paix et la réconciliation nationale sont profondément compromises. L’activité économique est au ralenti. Le chômage et la pauvreté vont crescendo.

 

Or, le 21 décembre 2010, date de sa prestation de serment, le Président Alpha Condé avait pourtant déclaré qu’il est « le Président de tous les Guinéens… » Il a ajoute en disant que : « le changement que nous prônons, n’est pas dirigé contre un parti politique ou contre une ethnie, encore moins, contre une catégorie sociale ou socioprofessionnelle ». Ce discours qui avait pourtant soulevé tant d’espoir est loin de la réalité que la Guinée vit de nos jours.

 

La crise sociopolitique actuelle est donc le résultat d’un manque de cadre consensuel de dialogue et pire d’une politique fondée sur l’exclusion et le mépris de l’Autre.

 

Devant cette situation, le Bloc Libéral constate, avec regret, que les Guinéens continuent encore à faire les frais de l’arbitraire entretenu par l’Etat au mépris même de la Constitution et des lois qui protègent chaque citoyen. En l’absence d’institutions républicaines solides, et grâce à l’impunité devenue légendaire, ces atrocités  continuent à s’inscrire dans la même logique de violences politiques qu’à connu la Guinée : en Janvier et Février 2007, le 28 Septembre 2009, le 3 Avril 2011, le 27 Septembre 2011, la nuit du 3 au 4 Août 2012 à Zogota, le 21 Septembre 2012 etc. Tous ces crimes non élucidés plongent le pays dans une situation délétère.

 

Au regard de ce constat, le Bloc Libéral réaffirme son attachement aux principes ci-après :

  • Préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale
  • Respect des libertés, de l’état de droit et de la dignité humaine
  • Sauvegarde de la démocratie  et le renforcement des institutions
  • Protection des citoyens et de leurs biens

 

Rappelant le fait le pays est encore dans une transition inachevée et en référence aux principes ainsi énumérés, le Bloc Liberal  recommande un moment d’arrêt et de réflexion pouvant éviter la précipitation. Car, dans la précipitation, c’est encore une fois une décision importante sur l’avenir de la Guinée qui serait prise sans consulter le peuple sous prétexte que nous manquons de temps. En plus, dans la précipitation, et encore une fois, il s’agirait de facto d’une répétition de l’histoire, de la conquête d’un idéal qui a démontré ses défaillances, donc de remettre en place le système qui a fait défaut. 

 

En accord avec cette recommandation, le Bloc Liberal adopte  une proposition de sortie de crise articulée autour des points suivants :

1. Libérer immédiatement tous les prisonniers politiques et dédommager tous ceux qui ont été arbitrairement arrêtés et ceux dont les biens ont été saccagés ou volés par les forces de l’ordre y compris les commerçants ayant perdu leurs biens.

 

2. Faire arrêter systématiquement toutes les activités de la CENI sur toute l’étendue du territoire national.

 

3. Organiser des élections couplées (Présidentielle et législatives) en 2015. La tenue des élections législatives maintenant ne fera que plonger le pays dans une crise profonde aux conséquences imprévisibles et désastreuses.

 

D’ici à 2015, il faudra :

-    mettre en place une véritable commission électorale indépendante dotée de compétences et de vrais pouvoirs. Celle-ci sera technique à l’image de l’organe en charge des élections au Ghana et dotée d’une administration électorale permanente et indépendante. Cela nécessitera une nouvelle loi portant création, organisation et fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et la révision du Code électoral;

-    procéder au recrutement en toute indépendance d’un opérateur compétent pour élaborer un fichier électoral fiable, à travers une révision du fichier existant en toute transparence ;

-    élaborer, adopter et mettre en œuvre un chronogramme permettant la tenue effective d’élections justes et crédibles dans un climat apaisé.

 

4. Mettre en place un  gouvernement d’union nationale, bénéficiant de la caution politique et sociale et composé essentiellement de cadres compétents et intègres, dirigé par un Premier ministre aux pouvoirs élargis que le président ne pourra pas démettre d’ici la fin de la transition en 2015. Le choix du Premier Ministre sera fait sur la base d’un profil qui sera défini par consensus.

 

5. Mettre en place un cadre de concertation durant toute la période transitoire avec une facilitation internationale de haut niveau. La certification technique de la fiabilité du fichier électoral sera faite par la médiation internationale.

 

6. Mettre en place un véritable programme de réconciliation nationale du niveau local au niveau national. Ce programme devra être basé sur la mise en place de « contrat local de cohésion sociale » et sur l’établissement de la vérité et de la justice ;

 

7. Reformer le Conseil National de la Transition (CNT) pour l’adapter aux nouvelles réalités ;

 

8. Réviser et faire adopter par référendum la constitution basée sur les réalités du pays et non une constitution copiée-collée, taillée sur mesure et écrite au nom et à la place du peuple. Les consultations communautaires (des populations à la base) devraient être privilégiées.

 

9. La mise en place d’un système de contrôle permanent de la fiabilité du fichier électoral par les experts de la mouvance et de l’opposition.

 

Une feuille de route accompagnera ce mémorandum dans les jours à venir.

 

NB : tous les gestionnaires de la période transitoire, y compris le Président de la République ne seront pas candidats aux élections présidentielles et législatives.

 

Conakry, le 8 mars 2013

 

Le Bloc Libéral

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