Mansour Kaba «koungbè» : l’ethno obtus qui se fout du Fouta !
- Par Administrateur ANG
- Le 15/08/2013 à 07:34
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Dans une pétition putride du 30 juillet 2013, intitulée "Pour la création d’un mouvement citoyen à but unique: l’abolition de l’esclavage au Foutah Djallon" et publiée par le site ActuConakry.net, un certain Mansour Kaba, chef du micro-parti « DYAMA » vient de cracher des fumerolles haineuses contre les Peulhs.
Le nom de cette association signifie « masse » dans le sens d’une multitude d’individus mais si l’on tient compte de son poids réel, il s’agit plutôt d’un regroupement clanique à effectif réduit mais aux effets très nocifs.
Mansour, dont l’ethnocentrisme est particulièrement exacerbé à l’égard des Peulhs et régulièrement constaté envers toute communauté guinéenne non “maninka-mori”, est un récidiviste notoire. Chacun se souvient de sa brève fonction ministérielle au cours de laquelle son souci n’a jamais été d’améliorer l’urbanisme mais de développer le népotisme.
Fallait-il répondre au menteur et sournois Mansour ou s’abstenir de lui faire une publicité dont il pourrait se délecter ? Dire qu’il faut l’ignorer au motif qu’il serait insignifiant me semble hasardeux. Il a dit tout haut ce que d’autres individus de sa famille pensent tout bas. Les ethnocentristes minent le tissu social comme un acide corrode les métaux. Se taire est la meilleure façon de les encourager.
Certains de nos compatriotes comme Sadio Barry, Sidoux Barry et Lamarana Petty ont, chacun à sa manière, répondu à Mansour en affrontant cet effronté qui, sans être intimidé physiquement, doit être dénoncé publiquement, condamné moralement, isolé politiquement, rejeté socialement et inculpé juridiquement.
Malheureusement, ces propos anti-peuls sont tenus quotidiennement en Guinée où le changement conduit par Alpha Condé consiste à considérer comme normal tout ce qui serait anormal dans n’importe quel Etat de droit. Dans notre pays, s’attaquer aux Peulhs est devenu un sport national dont le comité «olympique» est présidé par le boitillant Alpha Condé qui, pour préparer le prochain tournoi législatif, utilise sa recette habituelle : l’ethnocentrisme.
Ceux qui pensent que Mansour Kaba serait un malade mental se trompent énormément. Il est faux et tient des propos fous mais il n’est pas fou. Il n’a donc pas besoin d’un psy. Je pense même qu’il est loin d’être bête. Sans être un génie, ce civil aurait effectué de bonnes études en Allemagne. Il a certainement de l’instruction, plus qu’Alpha Condé qui, lui aussi, avait poursuivi des études en Europe (mais sans en rattraper aucune ). C’est l’éducation, c’est-à-dire tout ce qui fait qu’un homme en soit un, qui lui manque. Une lacune qu’il ne peut plus combler. Ce serait une erreur de se focaliser sur cet individu alors que le véritable ennemi reste Alpha Condé dont il a été un des premiers à stigmatiser les origines faso-voltaïques. Il n’y a pas plus méchant que ce dernier et son griot Mansour Kaba n’est qu’un haut-parleur.
Chaque fois qu’AC est coincé, il sort un joker pour lui attribuer une valeur spécifique et conjoncturelle. Mansour Kaba n’est qu’un « joker ethnique » à usage unique aux mains d’AC dans le cadre de la fièvre législative en cours. Inutile donc de chercher ce qu’a bu ce Mansour Kaba pour vomir autant de haine sur les Peulhs et nuire à l’unité nationale. Il réalise la portée infâme de ce qu’il dit et en espère un résultat politique. Mais lorsqu’un âne brait de façon intempestive, faudrait-il lui donner un coup de pied pour le calmer ou s’adresser à son maître ?
Mansour Kaba ayant évoqué un soi-disant esclavage au Fouta-Djallon; parlons-en sereinement et comparons-le au système appliqué dans son Mandé natal.
Sous toutes les latitudes, des hommes ont toujours dominé d’une façon ou d’une autre leurs semblables. La servitude a existé dans toutes les sociétés. La formule célèbre de « l’exploitation de l’homme par l’homme » reste encore d’actualité. C’est la domination institutionnalisée qui s’estompe lentement mais sûrement.
Le système de dépendance qui fut instauré par des Peulhs au Fouta-Djallon et qui prit fin avec la suppression de la chefferie traditionnelle sur tout le territoire de la Guinée Française en 1957, n’avait rien à voir avec la tyrannie en vigueur dans les contrées voisines.
En effet, c’était une forme tempérée de sujétion originale plus proche du servage classique que de l’esclavagisme systémique. Tous les autochtones n’étaient pas asservis et tous les Peulhs n’étaient pas des asservisseurs. Certains ont parlé d’«esclavage domestique», d’autres, d’«esclavage de case», ce qui signifie une absence de rejet et, par conséquent, une proximité certaine.
Ce qui motivait les Peulhs dans leurs pérégrinations, c’était la quête de pâturages et non la capture d’esclaves. Avant de posséder des esclaves, et donc les gérer, il faut d’abord se sédentariser. A l’époque, les Peulhs étaient des nomades, plus portés sur l’élevage bovin que sur la culture sur brûlis. Evidemment, ils avaient vite compris l’intérêt économique que représentait la traite des captifs que pratiquaient leurs voisins “Maninka-mori”. Le commerce était simple: les “Maninka-mori” vendaient des Malinkés à des Peulhs mais tandis que les vendeurs considéraient leurs captifs comme de simples produits, les acheteurs les traitaient comme des serviteurs à islamiser et à intégrer dans la société peulhe. Ce point est d’une portée historique.
En effet, guidés par leur foi, les Peulhs avaient un objectif ambitieux : répandre l’Islam. Qu’avaient fait les Peulhs des captifs achetés ? Bien sûr, il ne faut pas le nier, ils en avaient fait une force de travail d’appoint mais surtout de nouveaux musulmans. Pour ce faire, ils avaient simplifié la procédure de conversion à l’Islam, ce qui fut tout à leur honneur. Ainsi, la shahada, profession de foi de l’Islam dont elle constitue le premier des cinq piliers, pouvant se traduire par « Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre dieu qu'ALLAH et que Mohammad est son messager. » avait été remplacée par le lapidaire « Allahou akbar ! ».
Bien entendu, ce n’était qu’une étape car il fallait d’autres mesures d’accompagnement pour les nouveaux convertis comme leur alphabétisation et leur initiation à la pratique religieuse (notamment la prière et le licite alimentaire et vestimentaire).
C’est dans ce contexte d’échanges, voire d’une certaine promiscuité avant la propagation effective de l’Islam que naquirent des termes aujourd’hui politisés et controversés comme « matchoudo » et « bhalèdjo ».
Le Peulh est une langue dont la pratique donne une impression de gracieuse aisance et de liberté. Son vocabulaire, très riche, comporte des mots résultant de contractions linguistiques. Ainsi « djouldho » qui signifie croyant (c’est-à-dire musulman, dans le cas présent) est une contraction du mot « djouloudho » qui veut dire « celui qui a prié ». Concrètement, « djouldho » a pris le sens définitif de « celui qui prie », de « musulman ». Le pluriel est « djoulbhè » (musulmans).
De la même manière, « matchoudho » vient d’une altération phonétique de « madjoudho » qui signifie « égaré » c’est-à-dire celui qui n’a pas encore trouvé le bon chemin (celui d’ALLAH). Ce n’était pas à proprement parler le « perdu » car il avait ses repères géographiques et sociaux, ses connaissances et ses croyances. Par la suite, comme le mot « nègre », il est devenu péjoratif en désignant le « serviteur ». Pour l’atténuer, un mot a été trouvé : « houwoowo » (celui qui travaille manuellement pour le compte d’un autre, censé être intellectuel). D’autres mots existent encore, avec de nombreuses nuances, mais sont, heureusement, tombés en désuétude: « kourkaadou » ou “kordho” ( “horbhè” au pluriel), « kaadho » («haabhè» au pluriel), etc.
Maintenant, le mot « bhalèdjo ». Si « bhalè » signifie «noir», le terme « bhalèdjo » a une définition plus sociale que biologique. Il est vrai qu’à l’origine les Peulhs étaient très clairs de peau. Avec le brassage très poussé des populations pendant une longue période (ce qui prouve leur ouverture d’esprit aux autres), ils ont inscrit volontairement des couleurs variées sur leur épiderme originel.
Lorsqu’un Peulh qualifie donc une personne de « bhalèdjo », cela ne signifie nullement qu’il se considérerait lui-même comme « ranèdjo », c’est-à-dire « blanc » ! En effet, les Peulhs des temps anciens avaient créé trois termes pour classifier les hommes : le Poullo (le Peulh), le Bhalèdjo (le Noir non Peulh) et le Porto (le Blanc). Ils ne connaissaient rien des Amérindiens ou des Asiatiques ! Les termes sont restés alors qu’un Poullo peut être de peau très foncée et un Bhalèdjo avoir le teint d’un Caucasien !
Le Fouta-Djallon a connu un grand brassage de populations qui y ont toujours vécu en parfaite harmonie. Il intègre plus qu’il n’assimile. Le « roundé » n’est pas un ghetto de création peulhe mais un village autochtone avec son chef, le “manga” et sa cour. Il vit dans une interdépendance avec le « marga » ou « foulasso » (village des Peulhs). L’élément fédérateur des « Foutaniens » est, d’une part, la communauté de langue et de religion, et, d’autre part, le partage de valeurs comme la tolérance et la solidarité.
L’erreur que font certains analystes consiste à juger une époque à l’aide de critères d’une autre époque. Ainsi lorsqu’on parcourt l’histoire de l’Etat Théocratique du Fouta-Djallon, on se rend compte qu’il était, par son organisation territoriale et sa gouvernance, très en avance sur les royaumes voisins. Par exemple, cet Etat avait, dès le milieu du 19ème siècle, vaincu totalement l’analphabétisme. Avant l’arrivée des Européens, les «Foutaniens » savaient déjà lire et écrire.
Est-ce un hasard si, lors des conquêtes de Samory, les habitants de l’actuelle Haute Guinée, craignant leur extinction, avaient confié beaucoup de leurs enfants aux Peulhs du Fouta-Djallon afin d’assurer leur protection et de pourvoir à leur éducation ? Ces enfants avaient bénéficié dans le Fouta Théocratique de ce qui correspondrait aujourd’hui à un droit d’asile et à des bourses d’études. Pour éclairer certains ignorants, on peut interroger ceux qui connaissent la véritable histoire de Siguiri et de Kankan (quartier de Timbo).
Ce sont les “Maninka-mori” et Samory qui avaient vendu des captifs malinkés aux Peulhs. Si le servage persistait au Fouta-Djallon, c’est l’esclavage le plus brutal qui sévissait dans le Mandé. Il ne s’agit pas de nuance mais de différence fondamentale. Dans le premier cas, c’est la case, dans le second, c’est la caste ! On peut naître dans une case puis habiter plus tard dans une maison en dur. Mais c’est presque impossible de sortir de sa caste de naissance. On ne s’en débarrasse pas par un simple décret de la Présidence ou du Gouvernement !
Si la case du Fouta-Djallon est visible et palpable, la caste du Mandé est pernicieuse avec des codes oraux transmis par une tradition séculaire. Il est vrai que les deux régions n’avaient pas connu l’électricité mais le Fouta avait réussi à faire fonctionner des “ascenseurs sociaux” car chaque individu pouvait s’y épanouir. Dans le Mandé, en revanche, il n’y avait pas d’ascenseur du tout et aucun escalier n’était prévu. La caste y est toujours aussi rigide que dans l’hindouisme. Les « Maninka-mori », plus féticheurs que bâtisseurs, sont au sommet de la pyramide sociale et traitent toujours les autres Malinkés qui les qualifient à juste titre de “boyorodjan” (Ceux qui viennent de loin et dont l’origine n’est pas clairement définie) avec un mépris qui ne trouve pas d’équivalent même dans une société des plus féodales. En matière de mariage, par exemple, est-ce facile de rencontrer une Madame Dioubaté (ou Kouyaté, ou Kanté ou Magassouba, etc.) née Kaba (ou Dianè )? Tous frères, oui , mais beaux-frères seulement dans un seul sens !
Si la Haute Guinée actuelle était un Etat à part, un Lansana Kouyaté n’aurait jamais dirigé son gouvernement. Il aurait, tout au plus, géré un ensemble musical à Kouroussa.
Nous devrions donc faire attention aux propos que nous tenons. La Guinée est une création coloniale et personne n’a demandé l’avis des habitants de ce territoire lors du tracé de ses frontières. Si nous voulons construire une nation, chacun doit y mettre du sien. Le pouvoir actuel d’Alpha Condé ne va pas dans le sens de l’unité du pays. Il a réussi à diviser profondément la Guinée et à cultiver la haine au sein de ses populations. Par son favoritisme régionaliste, il a fait de la Haute Guinée une véritable hautaine Guinée.
Certains propos ne sont pas des opinions mais des délits. La façon dont Mansour Kaba s’est exprimé montre qu’il n’a pas encore tué le vieux cochon qui sommeille en lui. N’aurait-il pas dû rester dans son cocon ? Il faut s’affranchir d’abord de sa propre caste avant de balayer devant la case des autres.
Je vous salue.
Ibrahima Kylé Diallo,
Responsable du site « www.guineeweb.net »
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