Manifs de l'opposition en Guinée : Condé va-t-il céder à la pression de la rue ?
- Par Administrateur ANG
- Le 24/07/2017 à 08:10
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Face à un président aux intentions d’un pouvoir à vie, l’opposition guinéenne déroule une stratégie de resserrage. En effet, depuis le début de ce mois, elle a décidé de passer du clavier au pavé, en dévoilant un programme de manifestations de rue afin d’étouffer dans l’œuf les intentions mal cachées d’Alpha Condé de tripatouiller la Constitution pour briguer un troisième mandat tout en le contraignant à aller aux élections locales.
En effet, les opposants guinéens, réunis au sein du Front pour l’alternance démocratique (FAD), ont inscrit dans leur agenda une série de marches-meetings de façon tournante dans les différentes communes de Conakry dont Kaloum a accueilli la première, le 16 juillet dernier. Le 22 juillet, c’était au tour de Matoto, et hier 23 juillet, ils ont battu le macadam à Ratoma. L’apothéose, c’est pour le mercredi 2 août prochain, avec une grande marche.
Ces manifestations de l’opposition, on le sait, sont dirigées contre le président Alpha Condé qui, non seulement se refuse à organiser les élections communales alors que l’accord politique du 12 octobre 2016 avait proposé leur tenue courant février 2017, mais aussi adopte une attitude pour le moins ambiguë quant au respect du nombre de mandats présidentiels.
D’ailleurs, pour le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, « c’est presque devenu un secret de Polichinelle : Alpha Condé veut tenter l’aventure de tripatouiller la constitution pour s’offrir un 3e mandat » et selon lui, seule la pression est en mesure de l’en dissuader. Mais seulement, l’on peut se poser la question de savoir si Condé est du genre à céder à la pression de la rue.
Alpha Condé sera tenu pour responsable du pourrissement de la situation
Car, pour qui connaît la mégalomanie du chef de l’Etat guinéen, par ailleurs ancien dirigeant de la FEANF et opposant historique aux différents régimes qui se sont succédé en Guinée depuis Sékou Touré jusqu’à Moussa Dadis Camara, il y a lieu de craindre que cette bataille de l’opposition qui consiste à le prendre à la gorge, même si elle se passe pour le moment pacifiquement, ne se termine par un bain de sang.
Eu égard au passé, l’on croise les doigts pour voir comment vont se terminer ces séries de manifestations de rue, tant dans le pays d’Almany Samory Touré, les régimes ont toujours cette manie d’avoir recours à la soldatesque pour mater les opposants quand ils les assaillent par les contestations.
Pour l’heure, si Alpha Condé tente de se montrer comme étant « le messie » de la Guinée et le « pacificateur » après tant d’années de troubles sociopolitiques, il reste qu’en ne disant rien depuis que l’opposition est vent debout contre ses faits et gestes qui corroborent ses velléités de sauter la clause limitative du mandat présidentiel, il sera tenu pour responsable du pourrissement de la situation nationale qui pourrait servir de prétexte à l’armée pour réapparaître dans la vie politique.
Et comme bien des opposants historiques de sa trempe parvenus au pouvoir, Alpha Condé risque de rater son rendez-vous avec l’Histoire, au moment de joindre la parole à l’acte pour donner une belle leçon de démocratie au monde entier. Mais si la Guinée devait s’embraser à cause de ses velléités monarchistes, il en porterait l’entière responsabilité devant l’Histoire. Car, Dieu seul sait ce qu’un tel entêtement pourrait avoir comme conséquences pour la Guinée.
De plus, il n’aura pas échappé aux observateurs que le président guinéen est en train de s’enfermer de plus en plus dans une logique qui le rend pratiquement réfractaire aux critiques. Ce qui est un état d’esprit hautement dangereux, face à une opposition qui ne veut pas se laisser conter fleurette.
Drissa TRAORE
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