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Mais où est donc passé Moussa Dadis Camara?

Ils sont nombreux, les Guinéens – et même les Africains – qui s’interrogent sur l’état de santé réel du «chef» de la junte militaire qui a pris possession du pouvoir en Guinée, le 23 décembre 2008. Atteint par la balle de son aide de camp qui voulait l’éliminer parce que se sentant lâché par son mentor face aux investigations de la commission d’enquête de l’ONU, Moussa Dadis Camara se remettrait toujours de son attentat manqué à l’hôpital militaire de Rabat, au Maroc.

Seulement, voilà! La polémique enfle sur son état actuel de santé, qui continue de faire l’objet de bulletins contradictoires. Le flou opaque entretenu par les responsables du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), en charge de la transition politique du pays, finit par inquiéter plus d’un. Et les questions fusent de toutes parts à ce sujet, pour s’enquérir des tenants et des aboutissants du cas Dadis, dont ne sait plus s’il doit toujours être considéré comme le «chef», en attendant son hypothétique «retour triomphal». Ou si, au contraire, on doit tourner la page, ainsi que nombre d’observateurs semblent déjà l’admettre, de fait.

Il est donc aisé de comprendre le Mouvement social guinéen qui, n’en pouvant plus de ressasser le doute, réclame rien de moins qu’une «expertise internationale sur l’état de santé du capitaine Moussa Dadis Camara, hospitalisé au Maroc depuis près d’un mois, après avoir été victime d’une tentative d’assassinat». On le comprend d’autant plus que le président guinéen par intérim, le général Sékouba Konaté, qui a fait le déplacement au chevet du blessé du 3 décembre 2009, reste désespérément silencieux sur une situation qui, pourtant, concerne tous les citoyens guinéens, ainsi que les citoyens du monde. En effet, le silence entretenu autour de l’état de santé de Dadis Camara vient en rajouter à la complexification d’une situation qui n’était déjà pas simple.

Désormais considéré comme un point de revendication, au nom du droit à l’information, cette question prend ainsi, déjà, place dans les plateformes d’action de protestation. En menaçant d’aller en grève pour réclamer la vérité sur la situation sanitaire réelle de celui que l’on désigne toujours comme le «chef de la junte», le Mouvement social guinéen entend, sans doute, voir clair dans cette affaire, mais également mettre le doigt sur d’autres questions sociales qui ne manquent pas d’intérêt. Aussi, les leaders syndicaux ont-ils mis en avant, dans une lettre ouverte publiée le lundi 4 janvier 2010, «les problèmes d’insécurité, de cherté de la vie et de réorganisation administrative».

Mais par-delà toutes ces questions importantes, qui viennent se greffer à une situation politique délicate, se pose toujours la lancinante interrogation sur l’état de santé de Moussa Dadis Camara. Et l’on en vient à se demander sérieusement pourquoi, un mois après la tentative d’assassinat dont il a été victime, et malgré les assurances serinées à grand renfort médiatique par ses lieutenants, l’homme du «Dadis show» ne fait pas… le show pour calmer tout le monde et rassurer le peuple sur sa convalescence? Questions de sécurité, au moment où celui qui a attenté à sa vie court toujours dans la nature? Besoin d’affiner une stratégie politico-militaire?

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