Libre Opinion: Elections guinéennes : le fichier qui fait chier ! (Par Kyle Diallo)

Fichie electoralLa Guinée, pays à la pyramide des valeurs inversée, l’escroquerie est instituée en système de gouvernance. On y fabrique du faux à grande échelle et aucun signe de baisse de productivité n’est en vue même en période de pandémie. Le répertoire des inventions devrait prévoir un brevet du  faux pour tenir compte du cas guinéen.

Si le ridicule pouvait tuer, le régime guinéen serait déjà mort.

En effet, le 22 mars 2020, le peuple du RPG a approuvé une nouvelle constitution mais le texte présenté aux Guinéens est bien différent  de celui soumis au vote.  La malheureuse constitution aurait-elle été contaminée, entre temps, par un « Damarovirus » ?

Entre la mouture imposée et la version promulguée, on a constaté plus de vingt modifications. Dans un Etat démocratique, une simple erreur de frappe aurait empêché toute promulgation.

L’Ordre des Avocats a constaté l’irrégularité du document en cause et en a pris acte, ce qui signifie qu’il ne pouvait rien dire de plus. Il s’agit d’un constat d’impuissance. Je comprends sa prudence.  Pourquoi risquer de perdre ses vivres pour ce qui est joué d’avance ?

Nos avocats, aux têtes d’ananas, défendent leurs intérêts. Ces affamés disent aux gens du pouvoir : « Les Guinéens savent ce que vous faites mais ne nous privez pas de nourriture. Prenez tranquillement votre repos non mérité et peu menacé mais subvenez à nos besoins vitaux. »

Dans ces circonstances, le Président Alpha Condé peut remettre les compteurs à zéro  et brigander un premier mandat, de jure, soit le troisième de fait. Celui qui, lors de son long séjour en France n’avait aucune raison et probablement aucun moyen d’envoyer un mandat en Guinée, veut y effectuer trois mandats au moins, si la santé physique le lui permet.

En souhaitant mourir au pouvoir, Alpha Condé ne condamne-t-il pas le RPG de mourir de pouvoir ? Ce « Regroupement des Pourris de Guinée » ne laisse aucune place à une alternance démocratique. La Guinée est démunie parce que punie en permanence et inexorablement engagée dans la voie du sous-développement. Comment peut-elle respirer si le prof Alpha Condé et son PM Fofana ont leurs genoux sur son cou ?

La disparition politique d’Alpha Condé rappellera ce qui s’était passé à la mort du tyran Touré : l’inertie du parti-Etat présidentiel qu’est le RPG.

Cette formation politique s’est confinée dans tous les coins et recoins du pouvoir : administration, armée, police, gendarmerie, finances, mines, diplomatie, etc. La Guinée n’est pas une démocratie ; elle n’en a que la caricature : faux fichier électoral, campagne électorale teintée d’animosité, élections organisées avec des résultats préfabriqués.

Alpha Condé fait ce qu’il veut. Il a devant lui un boulevard, certes poussiéreux ou boueux en fonction des saisons, mais un boulevard quand même. Il prépare les résultats avant les élections.

C’est à se demander si une opposition existe en Guinée. Si oui, où est-elle et que fait-elle ?

La politique est malheureusement jonchée de petits coups de pied de voisinage. Les opposants s’opposent entre eux et Alpha Condé se pose en père de la nation. Qu’attendent Cellou D., Sidya T., Faya M. et Lansana K. pour sortir de leur confinement médiatique et faire une déclaration commune, avec ou sans masque, en ce moment où la soi-disant démocratie guinéenne souffre d’une difficulté respiratoire aigüe ? Unis, ils peuvent éjecter Alpha Condé ; rivaux, ils glisseront ensemble dans le trou creusé par le fossoyeur historique de la Guinée.

La Providence n’a pas épargné ce pays. Alpha Condé  n’y a aucune attache familiale mais s’y est enraciné par goût de l’argent et du pouvoir. Il s’est donné les moyens de son aventure. Il compose et recompose, par intimidation et corruption, une opposition en pleine décomposition.

Dans cette atmosphère de mélancolie collective, quel pilote pour la nation ?

Certains évoquent l’hypothétique recours au duo que formaient Daddis Camara et Sékouba Konaté. Mon Dieu ! Sommes-nous condamnés à une désespérance immuable ? En Guinée, c’est lorsqu’on a rien à dire  qu’on s’apprête à dire n’importe quoi. En convalescence forcée au Burkina Faso, Daddis semble physiquement « à moitié vide ». Quant à Sékouba, qui erre en France, il serait, par rapport à l’alcool, au moins « à moitié plein ». Ce monsieur à qui on fait miroiter un nouveau destin national n’aurait même pas un destin villageois, eu égard à son état « konateux ».

Maintenant, la petite question qui fâche : à quoi joue Cellou Dalein ? On a écouté son lourd silence ; on veut entendre maintenant sa parole concernant la mascarade électorale qui se prépare. Un leader qui se tait entretient le doute pouvant créer la confusion. Il a été deux fois candidat à la magistrature suprême et a obtenu deux mandats de « chef de file de l’opposition ». En briguerait-il un troisième ?

Quoi qu’il en soit, avec le fichier actuel Cellou Dalein n’a aucune chance de diriger la Guinée. Il se rendra peut-être au Palais présidentiel pas pour recevoir qui que ce soit mais pour être reçu comme simple invité politique. Avec le fichier électoral de 2015, il n’avait aucune chance d’être élu. Avec le fichier de 2020 encore plus pourri,  Cellou  conserve toutes les chances de s’éloigner du fauteuil présidentiel et de se rapprocher de sa localité natale de Dalein.

Dès lors, pourquoi s’engager dans ce qui est perdu d’avance tout en légitimant les fraudeurs ? L’idéal pour le RPG est d’avoir Cellou comme adversaire à qui il pourrait, par cynisme, accorder le score final de 49% afin de crédibiliser une élection bidon. Le perdant est celui qui a perdu quel que soit son score. Le fauteuil présidentiel n’est pas pour deux et ne se partage pas.

Contrairement à ce que certains croient, un citoyen a le droit de contester une élection qu’il a boycottée. Une élection anticonstitutionnelle n’est pas incontestable. La contestation n’est pas l’apanage des seuls partis politiques. On peut donc refuser de voter et contester une consultation électorale. On peut même aller aux élections et en contester les résultats. Dire que les absents ont toujours tord, ce n’est pas tout à fait vrai !

Le fichier actuel est tellement pourri qu’il ne peut même pas servir d’engrais.  Personne, même celui qui l’a conçu, ne peut le corriger. Avec ce fichier la victoire est assurée à l’avance pour n’importe quel candidat du RPG. Affronter ce parti dans ces conditions équivaut à un suicide politique. Est-ce être fou pour le faire ? Je pense que le faire c’est aussi être faux !

Un fichier erroné fait suer ; un fichier pourri fait chier ! C’est qui est également emmerdant c’est d’avoir une CENI corrompue et un Conseil Constitutionnel aux ordres du pouvoir en place. Même avec un fichier propre, une Commission peut manipuler des résultats et un Conseil approuver une tricherie à l’échelle nationale. Le pire en Guinée, c’est qu’elle n’a pas une armée républicaine mais une milice tribale au service du chef.

Alpha Condé a fait un coup d’Etat constitutionnel le 22 mars 2020. La Communauté Internationale ne l’a pas condamné. Il se croit à l’abri d’un coup d’Etat militaire. Un coup de famille pourrait l’éjecter du pouvoir.

Pour le fichier électoral, la solution serait d’en créer un nouveau afin de recenser tous les Guinéens en âge de voter. Dans ce cas il n’est pas souhaitable de solliciter l’aide de la CEDEAO ou de l’Union Africaine, ces deux organisations n’étant que des syndicats de Chefs d’Etats qui sont systématiquement du côté leurs collègues en place.

La Guinée étant incapable d’organiser elle-même des élections libres et transparentes, pourquoi ne pas la remettre sous tutelle ? Les Nations-Unies pourraient le faire en demandant, par exemple,  l’appui logistique d’un pays scandinave.

Une fois la démocratie instaurée et bien enracinée, la Guinée n’aura plus besoin de ce machin maudit appelé CENI et pourra traduire en justice les auteurs des crimes commis au Stade du 28 Septembre.

Comme on le voit, le pays de Malik Sankon porte bien son nom. Je croyais que la Guinée n’était gangrénée que par un ou deux cons. Je constate qu’il y en a au moins cent.

Je vous salue !

Kyle Diallo

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