Libre Opinion: Discours d’Alpha Condé - “Militant engagé un jour, militant pour toujours”
- Par Administrateur ANG
- Le 03/04/2019 à 09:18
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Une personnalité forte et qui témoigne d’une intelligence malicieuse. Il prend toujours un malin plaisir de détruire subtilement l’adversaire politique qui, surtout ne ferait montre d’esprit d’anticipation qui lui caractérise, lui. De la loyauté dans l’adversité, il n’en a cure, seule compte pour lui, la finalité et ce, sans état d’âme. Calculateur impénitent, notre président n’est cependant pas incapable de gestes cordiaux et compatissants à l’endroit de ses adversaires. Le doute dans un flou artistique, il l’aura entretenu par une sorte de silence bruyant, relativement à son avenir politique au-delà de 2020. Personne n’en était dupe, cependant. Les masques finissent par tomber et le doute se dissipera.
Le discours au siège de son parti
La politique dans son versant initiatique est un univers mystérieux pour les technocrates, réduits généralement à la production et à l’exécution de projets de développement. Lui, au contraire en excelle et même ses adversaires des plus irréductibles, intimement, en ont bien conscience. Sa conception artistique de la politique fascine plus d’un, et cet éternel militant, dernier des Mohicans, continuera bon an mal an ce qu’il croit être sa vocation de vie. Aussi, il agace nombre qui ne voit en lui, que le parfait exemple de cynique pur jus. Il clôture un cycle politique. Le manteau du militant et la veste du Président. L’artiste à l’entame de son discours rappelle, prenant prétexte la question du genre, un vieux réflexe de potentat, une stratégie aussi vielle que le monde et qui se schématise ainsi :
Conquête du pouvoir
« Le prince » Condé feignant s’adresser aux filles dont il se servait de la crédulité, s’érige en défenseur du genre ici mais sauf qu’en réalité, il était dans l’autosatisfaction «…Je m’adresse aux filles, vous voulez l’égalité, le genre, mais il y’a combien de filles dans la salle ? Le pouvoir ne se donne pas, le pouvoir se prend.»
Et, justement, c’est dans le même ordre d’idée, c’est-à-dire de reconquête, il se dira prêt à troquer sa veste de président contre le manteau du militant. Mais, pour quelle « bataille » ? Contrairement à ce qu’il a dit, c’est bien le Président de la République lui-même, qui prendrait « le pays en otage.» Dans sa logique de gloire et pour mettre en avant sa patience et désapprouvant les appels à manifester de l’opposition, le professeur tente la moralisation « Moi, j’ai gagné les élections en 93, mais j’ai dit que je ne suis pas venu pour diriger le cimetière. Conté n’a qu’à garder le pouvoir.» Il continuera sa conquête et semble-t-il en infiltrant fortement les rouages de l’appareil d’État. Militant estudiantin, constant notoire, l’éternel militant n’avait d’yeux rivés que sur le fauteuil présidentiel.
Exercice du pouvoir
Nous avons eu l’honneur, le jour même de son investiture en 2010, de recevoir un cours magistral sur la jarre trouée, du logo de la FEANF. Le militant précède toujours le président et c’est presque instinctif chez lui. Naturel. Mais, ce militant de toujours, confronté aux dures réalités du pouvoir posera un des plus lucides diagnostics sur ce dont il a hérité des différents régimes. Il apprenait tout, le militantisme sous veilleuse pour renouer avec le système non sans conséquences. Il marquait son quartier, faisant ses marques. Les audits étaient bons que pour le tiroir, faute de courage politique, ils sont aujourd’hui éléments de chantage. Qu’en a-t-il dit au siège ? « En Guinée, c’est très simple. La plus part des opposants ont gouverné. Alors, expliquez aux jeunes quel était leur bilan. Quand les gens sauront leur bilan est-ce qu’ils vont prétendre diriger ce pays ? » Aucune excuse pour lui dédouaner en dépit de la situation de marasme qu’il y trouva ! Professeur, vous ne pouvez être juge et partie, l’appréciation de votre bilan ne saurait objectivement vous revenir. D’ailleurs, si tant est qu’il soit élogieux, cela ne devrait aucunement être une raison de s’éterniser au pouvoir. Nous ne vivons pas, excusez du peu, dans une situation d’exception ! Professeur, nous ne jetterons pas le bébé avec l’eau du bain et donc, merci pour la décennie et que vive la démocratie !
Conservation du pouvoir
« Seul le peuple donne le pouvoir », le président parle-t-il d’un générique ou d’un principe sacrément fondateur de la démocratie ? Rigoureusement, nous ne pouvons qu’être d’accord là-dessus, car tout pouvoir tient de lui, sa légitimité. Cependant, l’on ne peut prétexter de l’illégitimité de la constitution pour s’aventurer dans son tripatouillage. Toute Constitution s’amende, mais l’esprit de la loi relative au nombre de mandats pour exemple, règle un différend basé sur la question de l’alternance démocratique. Celle qui apaise la société et participe de la respiration de la vie politique. Elle est fruit de l’expérience de soubresauts liés à la compétition politique; la paix en dépend. La paix est fragile, sensible. Parce que vous en êtes le garant, êtes-vous censé réaliser le premier, que votre affirmation est sujette à caution : « Personne, personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le Peuple ». Cet état d’esprit jusqu’au-boutiste porté par la force de l’ambition et marqué le dédain de l’adversaire fait interroger sur l’état de santé de l’acteur politique. Mais, il n’en est rien, c’est simplement l’aboutissement d’une stratégie consciente et manifestement irréaliste.
L’histoire le témoigne et de tentatives infructueuses sont pourtant dignes d’enseignements en déshonneur et en humiliation. Mais, le pouvoir qui a aussi un goût luxueux peut user, et, le Peuple est aussi capable de surprises.
Citoyen,
PENDESSA Amara
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