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Lettre de démission Du Dr Faya Millimouno de la NGR

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Qualifiant l’attitude de son parti la NGR à cause des récentes tentatives de rapprochement qu’opère le leader Abe Sylla, de pure négation  de toutes les positions prises par le Collectif et l’ADP sur la gouvernance du Président Alpha Condé et sur les conditions d’organisation des prochaines élections législatives, Dr Faya Millimouno, à travers sa lettre de démission, estime que c’est un recul de la NGR par rapport aux valeurs et aux principes, pour lesquels il s’est jusqu’ici battu au sein de ce parti, pour l’instauration d’un régime démocratique en Guinée, respectueux des libertés individuelles et collectives.

Ci-dessous la ettre de démission:

Vendredi le 27 avril 2012

 
A Monsieur Ibrahima Abe Sylla

Président de la NGR,


Monsieur le Président,

J’ai appartenu à la NGR (Nouvelle Génération pour la République) depuis ses premières heures. Cette appartenance était basée sur les principes et les valeurs. Je continue à croire aux mêmes principes et aux mêmes valeurs.

Je crois en la Guinée, en ses filles et en ses fils. Je crois en son caractère unitaire et indivisible. J’apprécie à sa juste valeur sa diversité que je considère comme une richesse plutôt que comme un obstacle à son épanouissement comme le laissent apparaître certains Guinéens.

Je crois en la liberté, en la vérité, en la justice et en l’égalité entre les Guinéens. Je crois en la démocratie et en l’Etat de droit. Je crois en la possibilité du bien-être de toutes les Guinéennes et de tous les Guinéens. Je suis respectueux de la Loi que je ne considère pas comme un encombrement.

Je suis socio-libéral et je crois en l’initiative privée, en la propriété privée, en l’économie du marché et en la solidarité entre les hommes.

Fondé sur ces grandes valeurs, je me bats pour leur affirmation en République de Guinée depuis que je me suis engagé en politique. Je considère que ces valeurs sont un passage obligé pour tout progrès véritable.

Depuis son accession à l’indépendance, notre pays a fait beaucoup de sacrifices pour la démocratie et l’Etat de droit. Beaucoup de Guinéens ont perdu la vie. Beaucoup de Guinéens ont vu leur dignité bafouée pour permettre à d’autres Guinéens d’être libres et respectés sur le sol de leurs ancêtres.

 

Depuis les élections présidentielles de 2010, l’ethnocentrisme et le régionalisme, quoiqu’antérieurs à ces élections, gagnent du terrain à une vitesse inquiétante parce qu’encouragés par le discours et le comportement du Président Alpha Condé et des membres de son gouvernement. Le pari de préserver la dignité humaine et d’assurer le bien-être de chacun et de tous s’éloigne des Guinéens tous les jours à mesure que cette politique de division pour régner continue.

 

Des Guinéens continuent d’être victimes de violences de toutes sortes, de privations de liberté et de discriminations. Cette situation maintient chacun de nous dans la misère. Et cette misère va crescendo à mesure que les jours passent. Les Guinéens que nous sommes ne méritent pas cela.

 

Cette situation qui caractérise notre pays aujourd’hui explique le scepticisme grandissant des populations, surtout les jeunes, les femmes et la couche paysanne, vis-à-vis des politiques. Elle interpelle chacun de nous. Elle nous invite à opérer un changement positif au niveau individuel et au niveau collectif. Ces changements individuels et collectifs ont besoin d’être guidés par un leadership éclairé. Mais hélas !

 

J’ai dénoncé cette situation avec force et conviction depuis l’investiture du Président Alpha Condé. J’ai dénoncé sa gestion ethnocentriste, régionaliste et trotskiste de la Guinée. J’ai dénoncé les élans dictatoriaux du Président Alpha Condé et de son gouvernement. Je l’ai fait aux côtés de mes frères et sœurs du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) pour promouvoir les valeurs de démocratie, de paix, d’unité et d’Etat de droit.

Le Collectif et l’ADP se battent, entre autres, pour l’organisation d’élections législatives libres, transparentes et crédibles dans un climat apaisé. J’ai participé pleinement à ce combat au nom de la NGR. En le faisant, en consultation avec le leader et l’exécutif du parti, j’ai traduit le plus profond de ma conviction. Je croyais le faire en accord parfait avec mon parti et ses responsables. Aujourd’hui, je me suis rendu compte que ce n’est pas le cas.

Deux faits au moins justifient ce constat :

  1. l’offre, sans demande préalable de la part de l’intéressé et surtout sans discussion préalable au sein du parti, de participer au gouvernement du Président Alpha Condé sur la base de simples hypothèses et sans égard aux valeurs et principes auxquels s’identifie la NGR, et
  2. la participation de la NGR, à l’insu des autres partis du Collectif et de l’ADP, et sans concertation préalable au sein du parti, aux discussions, avec la CENI contestée, sur la fixation des cautions devant être payées par les futurs candidats aux prochaines élections législatives dont le processus est engagé au mépris de toutes dispositions légales et en l’absence de tout consensus.

Ces deux faits sont d’abord une négation claire de toutes les positions prises par le Collectif et l’ADP sur la gouvernance du Président Alpha Condé et sur les conditions d’organisation des prochaines élections législatives, cela malgré la participation pleine et entière de la NGR, à travers ma personne, à leur conception et à leur élaboration. Ils sont aussi, de par leur implication, un recul de la NGR par rapport aux valeurs et aux principes, énumérés plus haut, qui ont guidé jusque la l’action du parti.

En plus de ces deux faits, je me dois de dénoncer l’attitude devenue habituelle de considérer qu’il suffit que le leader décide, même sans consultation avec les autres responsables et avec la base du parti, pour que tout le monde suive. Une telle attitude ne correspond pas à ma conception de la démocratie pour laquelle je me bats et au nom de laquelle tant de vies ont été perdues dans notre pays.

Par ailleurs, je me dois aussi de préciser que durant tout le temps que j’ai représenté la NGR au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, j’ai soumis à l’appréciation du Président Abe Sylla toutes les positions que j’ai défendues avant de les rendre publique.

Bref, par ses prises de positions actuelles, la NGR ne semble plus être le parti auquel j’ai adhéré et pour lequel je me suis battu de toutes mes forces.

Je continue à croire que les Guinéennes et Guinéens ont aujourd’hui besoin d’une grande victoire contre l’arbitraire, l’injustice, le mensonge, la discrimination, l’ethnocentrisme, le régionalisme, l’ignorance et la misère. Ce sera une victoire pour tous les Guinéens. Je compte faire partie du combat qui mènera à cette grande victoire.

 

Pour me permettre de continuer à participer librement, efficacement et en toute indépendante à ce combat, je rends démission de la NGR à compter de ce vendredi 27 avril 2012.

 

Très fraternellement,


Faya L. Millimouno

cesnégation claire de toutes les positions prises par le Collectif et l’ADP sur la gouvernance du Président Alpha Condé et sur les conditions d’organisation des prochaines élections législatives

Synthèse: BAYO Abidine

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