Les victimes survivantes d’un massacre en Guinée saisissent la justice internationale
- Par Administrateur ANG
- Le 02/11/2018 à 08:56
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La répression de protestations contre la politique de recrutement du groupe minier Vale-BSGR avait fait six morts en 2012, dans le sud-est. Les victimes survivantes d’un massacre de six villageois survenu en 2012 en Guinée ont porté plainte dans leur pays contre une société minière qu’elles accusent de complicité, puis devant la cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) contre l’Etat guinéen, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 31 octobre, auprès d’ONG.
Le 4 août 2012 vers minuit, à Zogota (sud-est), les forces de défense et de sécurité avaient tiré sur des villageois qui protestaient depuis plusieurs jours contre la politique de recrutement du consortium Vale-BSGR en Guinée (VBG) – alors titulaire d’une concession d’exploitation du fer dans cette zone du gisement du Simandou –, « tuant six habitants, en blessant plusieurs autres, incendiant des habitations et arrêtant et torturant plusieurs autres personnes », a précisé l’association Les mêmes droits pour tous (MDT) dans un communiqué.
Le 11 septembre 2018, cette ONG a déposé une plainte au nom des victimes devant le procureur de N’Zérékoré contre la société minière pour sa « responsabilité présumée dans les assassinats, arrestations et détentions arbitraires, la torture [d’habitants de Zogota], la destruction de biens privés, etc. ».
« Ils sont venus la nuit, tandis que les gens dormaient. Nous avons été réveillés par le son des tirs […], les gens sont sortis voir ce qui se passait [et] ils ont abattu nos pères et frères », a déclaré le chef du village et du collectif des victimes, Kpakilé Gnédawolo Kolié, cité dans le communiqué.
Première plainte en 2013
Selon l’ONG, la compagnie minière avait « étroitement collaboré avec les forces de l’ordre » en « aidant à planifier l’action », en ravitaillant des véhicules en combustible et en en mettant d’autres à leur disposition. « La police et l’armée disent que c’était une mission d’arrestation légitime et non une attaque répressive. Et la compagnie affirme n’avoir rien à voir dans cette attaque. Mais ces dires ne correspondent pas aux preuves collectées sur le terrain », estime le directeur d’Advocates for Community Alternatives, Jonathan Kaufman, qui appuie MDT, tout comme la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Dans une réaction transmise mercredi à l’AFP par courriel, le groupe brésilien Vale, associé à celui du milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz (BSGR) au sein du consortium VBG, a nié toute implication dans des violences. « Vale souligne n’avoir jamais entrepris ni soutenu aucun acte de violence à Zogota. En 2012, le camp de VBG avait été envahi par des manifestants et les installations avaient été endommagées. Pour des raisons de sécurité, les employés avaient été évacués, indique notamment le groupe. Vale condamne fortement tout acte de violence et se conforme aux plus hautes normes internationales concernant les droits de l’homme. »
Une première plainte avait été déposée en 2013 par MDT, contre cinq responsables des services de sécurité. « Nous n’avons reçu aucune réponse de l’Etat guinéen depuis le dépôt de ces plaintes contre les responsables des services de sécurité et contre Vale-BSGR », a indiqué à l’AFP M. Kaufman. Les victimes viennent donc de saisir la cour de justice de la Cedeao, dont le siège est à Abuja, au Nigeria.
Elles accusent les autorités de Conakry de « violation du droit la vie, à ne pas être torturé et à ne pas être arrêté arbitrairement » et d’avoir failli à leur « obligation d’enquêter,poursuivre et punir les auteurs ». Elles leur reprochent également de n’avoir pas « apporté des réparations aux victimes de crimes commis par des agents de l’Etat ou d’autres, tels que la compagnie minière Vale-BSGR », a expliqué M. Kaufman.
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