Les travailleurs de l'usine de Fria sollicitent une intervention des députés pour le rétablissement de leurs droits
- Par Administrateur ANG
- Le 01/03/2014 à 13:16
- 0 commentaire
C'est à travers une correspondance adressée le 21 février dernier au président de l’Assemblée nationale, M. Kory Koundiano, que les travailleurs de Rusal/Friguia ont interpellé les députés guinéens sur la situation de crise qui les oppose à leur employeur RUSSAL et soliciter ainsi une intervention des élus, afin disent-ils d'être rétablis dans leurs droits bafoués par Rusal. Voici l’intégralité de cette lettre.
‘‘Excellence Monsieur le Président,
Les Collèges Syndicaux de RUSAL / FRIGUIA Kimbo et Conakry, tout en vous félicitant de votre élection à la Présidence de l’Assemblée Nationale de notre pays et tout en vous souhaitant plein succès dans cette entreprise combien de fois noble mais difficile, ont l’honneur de venir vers vous par la présente, pour vous exposer le scénario orchestré par la compagnie RUSAL destiné à mettre fin à l’existence même de l’usine d’Alumine, détruisant ainsi toute l’activité économique de cette ville et conséquemment occasionner le chômage de plus de 3.000 travailleurs, toute chose synonyme de misère comme cela se constate actuellement.
Il y a plus de deux (02) ans, que la société RUSAL/FRIGUIA dans le dessein de détruire le tissu économique de la ville de FRIA a élaboré un scénario dont la réalisation s’est déroulée en plusieurs actes qui ont débuté depuis courant année 2011.
Auparavant, il existait des protocoles qui prévoyaient des négociations salariales entre le collège syndical de RUSAL/FRIGUIA et la Direction de cette société qui devaient avoir lieu en Novembre de l’année 2011.
Acte 1 : négociations de décembre 2011 : les protocoles antérieurs entre le syndicat et la direction de RUSAL/FRIGUIA prévoyaient des négociations salariales entre les deux parties en novembre 2011. Après deux reports à la demande de la direction, ces négociations ont commencé début décembre 2011. accéder aux revendications des travailleurs ; après ce constat, nous avons déposé un préavis de grève le 14 décembre 2011.
Suite à ce préavis, la direction de RUSAL/FRIGUIA a décidé d’arrêter l’Usine. Ainsi, du 14 au 30 décembre 2011 l’usine tournait à vide sans production. Les commandes de soude et de mazout qui sont des matières indispensables au fonctionnement de l’Usine ont été annulées. Un bateau de mazout qui dépotait a été déconnecté et renvoyé en rade ; suite à ces agissements, nous avons adressé un courrier (dont copie jointe) au Ministre des Mines d’alors. La société RUSAL/FRIGUIA ayant refusé catégoriquement de faire le moindre geste envers ses travailleurs même avec l’insistance de l’Inspectrice générale du travail et de Madame la Ministre du Travail d’alors, le Syndicat a décidé, le 30 décembre 2011, de lever le préavis de grève car dans le cas précis, l’Usine était déjà arrêtée depuis deux semaines. Une grève aurait été sans objet.
En janvier 2012, Monsieur le Premier Ministre a accordé une audience aux deux parties (direction et syndicat). Au cours de cette rencontre, Monsieur le Premier Ministre a supplié les Russes d’aider le Gouvernement car pour lui, la Russie est un Pays ami et il n’y a pas d’ancien ami.
Acte 2 : réglementation de l’accès des véhicules privés à l’usine : La société RUSAL/FRIGUIA n’ayant pas eu l’occasion de fermer définitivement l’usine, il fallait en créer une.
Ainsi, le 11 janvier 2012, la Direction de la société décide de suspendre les accès de tous les véhicules privés à compter du 1er Février en adressant un courrier à tous les directeurs, Chef de Départements et Services sans en informer le syndicat.
Le 31 janvier 2012, ayant appris la nouvelle de bouche à oreille, le syndicat a rencontré le Directeur Général Adjoint pour lui exprimer son indignation face a ce mépris de la part de la Direction de RUSAL. Celui-ci a promis verbalement de surseoir à l’application de cette décision pour qu’on en discute et nous a informer que le Directeur Général est à Conakry, et qu’au retour de ce dernier, un entretien devait avoir lieu pour aplanir les points de divergences.
Le 1er février 2012, les membres de la délégation Syndicale venus très tôt pour un briefing avant la rencontre avec le Directeur Général, ont été bloqués par les surveillants à la barrière. Surpris par cette attitude alors que promesse avait été faite la veille de surseoir à l’exécution de la décision, Ceux-ci ont laissé leurs véhicules devant la barrière et un bras de fer a commencé avec la Direction. Le Directeur Général est venu rentrer à pied sans rien ne dire à personne.
Dans les environs de 10 heures, le Préfet, le Maire et l’Inspecteur du Travail de la zone économique de Fria ont réuni les deux parties sans aboutir à un accord concernant l’accès des véhicules. C’est ainsi que la Direction de RUSAL/FRIGUIA a définitivement supprimé de façon unilatérale l’accès des véhicules des délégués Syndicaux et décidé de licencier les syndicalistes dont les véhicules avaient bloqué la barrière. Ne pouvant accomplir cet acte sans l’accord de l’inspecteur du travail de la zone, le 10 février 2012 la Direction de RUSAL/FRIGUIA a adressé une demande dans ce sens.
Ce dernier, après enquête et audition des personnes concernées, a refusé la demande par courrier n°003 le 15 mars 2012 dont Copie jointe. Le 16 Mars 2012, la Direction de RUSAL/FRIGUIA a fait recours auprès de l’Inspection Générale du Travail pour exécuter son projet mais celle-ci, après audition des syndicalistes concernés, a confirmé la décision de son représentant à FRIA par courrier n°144 du 26 mars 2012 dont copie jointe.
Le syndicat avait déjà déposé un préavis de grève depuis le 19 mars 2012 suite aux agissements de la Direction envers les travailleurs concernant les droits acquis (réduction des quotas de carburant, refus des évacuations sanitaires, détérioration des prestations de l’hôpital, manque d’équipement de sécurité, insuffisance et vétusté des bus de transport, rupture de stock des produits pharmaceutiques…)
Acte 3 : saisine du tribunal du Travail : la Direction de RUSAL/FRIGUIA, au lieu de négocier avec le syndicat après avoir reçu le préavis de grève du 19 mars 2012, fait l’amalgame entre le droit des travailleurs et la fourniture d’eau et d’électricité à la ville de FRIA. Oubliant que par le passé, la même Direction avait distribué des groupes électrogènes aux expatriés et coupé le courant au reste de la population. Il a fallu la manifestation des jeunes qui sont sortis la nuit casser les maisons des expatriés pour qu’ils renoncent à leur plan.
La Direction de RUSAL/FRIGUIA a donc introduit une demande d’arbitrage au Tribunal du Travail de Conakry avec comme argument qu’une grève à FRIA va entrainer des troubles à l’ordre public et porter atteinte à l’intérêt général du fait que l’usine fournie l’eau et l’électricité à la ville.
Le 29 mars 2012, sachant qu’une demande d’arbitrage était déjà déposée au Tribunal du Travail et que le Président de ce Tribunal avait pris une ordonnance sur requête en ce sens, la Direction de RUSAL/FRIGUIA a fait convoquer le collège syndical à l’Inspection Générale du Travail pour négocier.
En réalité, la Direction de la société RUSAL/FRIGUIA ne voulait pas négocier mais cherchait plutôt à faire signifier à la délégation syndicale l’exploit d’huissier contenant l’ordonnance de Monsieur le Président du Tribunal de Travail autorisant l’arbitrage.
Ce 29 mars 2012, dans le bureau de l’Inspectrice Générale du Travail ; un huissier nous surprend avec une ordonnance et une convocation à comparaitre à l’adresse des deux secrétaires généraux Mamady KOUROUMA et Thierno Amadou FOFANA. Les négociations n’ont pas eu lieu entre les parties par le fait que l’Inspection Générale du Travail s’est déclarée incompétente après la demande d’arbitrage.
Les leaders syndicaux sont convoqués au Tribunal du Travail le 10 avril et le préavis expire le 03 avril à 0h. L’ordonnance unilatérale du juge nous demande de ne pas aller en grève mais la Constitution de la République nous reconnait le droit de grève.
Nous avons estimé que la Constitution Guinéenne est au dessus d’une ordonnance et que le juge ne pouvait pas nous priver d’un droit constitutionnel ; nous sommes allés en grève comme prévu le 04 avril 2012. La Direction de la société RUSAL/FRIGUIA, n’ayant pas pu manipuler l’Inspection Générale du Travail s’est tourné vers les Cours et Tribunaux pour les manipuler à souhait et obtenir toute sorte de décisions de justice pour dire que la grève est illégale et fermer définitivement l’usine ; faute de licencier les 7 délégués syndicaux, les juges guinéens les ont autorisés à licencier tous les travailleurs.
Monsieur le Président, Honorables députés, vous êtes l’espoir des milliers de travailleurs qui sont abandonnés à leur misère depuis Avril 2012.
Nous vous prions de bien vouloir intervenir à faire respecter nos droits, que les lois Guinéennes en matière du Travail soient appliquées ; Que RUSAL ne continue pas impunément à se moquer des nos institutions et des hommes qui les incarnent’’.
P/Le Secrétaire Général kimbo/PO Le Secrétaire Général port
Ajouter un commentaire