Les Guinéens regardent avec circonspection les querelles de clocher que se livre la classe politique (Analyse)
- Par Administrateur ANG
- Le 01/04/2013 à 09:05
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A mesure que les jours s'égrènent, on sent une sorte de "lassitude" gagner de nombreux citoyens guinéens, qui ont du mal à décrypter les signaux émanant de la discorde qui entoure les préparatifs des élections législatives.
Mettant dos à dos le pouvoir et l'opposition, chacun des camps étant accusé par maints observateurs de faire prévaloir "son égo", dans ce bras de fer qui empêche toute évolution dans l'amorce de la dernière ligne droite de la transition.
Le dernier fait en date dans ce quiproquo est le retrait de l'opposition du cadre de dialogue, dont les travaux avaient débuté au Palais du peuple de Conakry. Retrait que les alliances ADP, Collectif et CDR tentent de justifier par la présence selon elles, d'une pléthore de participants aux travaux.
L'opposition pointe du doigt également la composition du club de facilitateurs, qui comprend d'après elle 4 membres au lieu de 3, comme cela a été prévu dans les accords conclus entre les deux parties, en prélude à la mise en place de ce cadre de dialogue.
L'opposition n'ayant désigné qu'un facilitateur se retrouve en face de trois autres, dont le général Lamine Cissé, qui est apparu sous une posture de "facilitateur international". Chose qu'elle dit ne pas comprendre.
Cellou Dalein Diallo et ses pairs reconnaissent certes la "valeur intrinsèque" de cet officier sénégalais qui s'est vu confier la supervision de la réforme des Forces de défense et de sécurité guinéennes, mais ils affirment n'avoir pas reçu de notification officielle de la part de la communauté internationale, allusion faite aux Nations Unies sur la désignation du général Cissé, en tant que facilitateur international dans ce cadre de dialogue. D'où cette réserve émise à son endroit.
L'opposition a du coup déterré la hache de guerre en annonçant de nouvelles manifestations de rue, ce à compter du 8 avril prochain. Cette annonce a été faite au cours d'une conférence de presse tenue vendredi à Conakry.
Les opposants comptent organiser une marche le 8 avril, qui sera suivie d'une journée "ville morte" le lendemain.
Dans le camp de la mouvance présidentielle, on reste cependant optimiste quant à la reprise du dialogue avec l'opposition. Comme l'a indiqué Saloum Cissé, secrétaire général du RRG-Arc-en-ciel s'exprimant à propos du retrait de l'opposition du cadre de dialogue. "Nous sommes toujours disponibles à discuter avec l'opposition. Comme l'opposition préfère dialoguer avec la mouvance, nous n'avons pas d'autres choix", a indiqué Saloum Cissé.
Jean-Marie Doré, ancien Premier ministre et secrétaire général de l'Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), qui se réclame du centre, a toutefois proposé une solution de sortie de crise, en appelant les deux camps à des concessions. Pour Jean-Marie Doré, "c'est un problème 'banal' qu'on essaie de compliquer par des manœuvres dilatoires alors qu'il y a longtemps, si on aime vraiment la Guinée, on aurait pu se passer de ce débat en recrutant un autre opérateur de saisie".
L'ancien Premier ministre guinéen suggère à l'opposition elle aussi de "renoncer au vote des Guinéens de l'étranger", ne serait-ce que pour ces législatives. Cette proposition de sortie de crise du secrétaire général de l'UPG, relayée par des médias locaux, alimente la chronique dans certains milieux politiques.
Ce samedi, la mouvance présidentielle a demandé au gouvernement de mettre un terme à la transition, en organisant des élections législatives dans les meilleurs délais. C'était au cours d'un grand meeting organisé au Palais du peuple de Conakry, qui a regroupé de nombreux militants et sympathisants du RPG-Arc-en-ciel.
Déjà dans les préfectures intérieures, le parti au pouvoir s'active aussi à travers des mobilisations de ces sympathisants, pour réclamer des élections.
Face à cette dissension entre le pouvoir et l'opposition autour de la tenue des législatives, c'est un pays tout entier qui risque de subir les "affres" de ce blocage.
Et nombreux sont les citoyens qui regardent aujourd'hui avec circonspection ces querelles de clocher que se livre la classe politique, dont nul ne peut prédire finalement la fin.
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