Les Guinéens aspirent à une 'bonne politique' d'habitat
- Par Administrateur ANG
- Le 25/04/2014 à 08:23
- 0 commentaire
Une politique de l’habitat existe-t-elle en Guinée? Assurément non, puisque devant les difficultés des responsables du ministère de l’Habitat à réguler le secteur, les citoyens, notamment les locataires, soutiennent qu’aucun gouvernement, depuis l’indépendance du pays en 1958, ne dispose d’aucune politique d’habitat.
Sous l’anonymat, des agents des services déconcentrés assurent que c’est le ministère de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire qui est le mieux placé pour parler de la politique du gouvernement en la matière. Ils indiquent que les rares projets de logements sociaux qui existent échappent au contrôle de leurs services.
'Les documents du projet de construction de logements sociaux en cours, exécutés par des entrepreneurs chinois à Kipé et à Lanbaniyi, en banlieue de Conakry, sont en langue chinoise', expliquent-ils. Ils ajoutent n’avoir pas été associés au nouveau projet maroco-guinéen de construction d’une cité dans la banlieue de Coléah.
La première pose de la pierre de ce chantier en gestation a été faite récemment par le roi Mohamed VI lors de sa visite officielle dans le pays. Les quelques promoteurs privés nationaux de la place, assurent des locataires, n’ont pas la culture de la location-vente, ils n’exigent que le cash.
Aucune Banque de l’habitat n’existe encore dans le pays en dépit de la volonté du chef de l’Etat, Alpha Condé, qui cite en exemple souvent celle du Sénégal, ainsi que la Société immobilière du Cap-Vert (SICAP).
Des investisseurs turcs et espagnols lui ont présenté récemment des projets de logements sociaux qu’ils souhaitent faire en Guinée où les plus sceptiques n’hésitent pas à dire que seule 'une bonne politique de prêt immobilier' pourrait aider les plus démunis à avoir un toit, soutenant que les banques ne prêtent pas aux pauvres.
Interrogée sur cette question, Mme Barry, responsable du service Prêt d’une banque de la place, indique que le prêt immobilier n’existe pas encore dans son institution. Et face à une telle absence, des locataires estiment qu’ ils seront perpétuellement grugés par 'des propriétaires véreux', surtout qu’ils n’ont aucune association destinée à défendre leurs intérêts.
Enseignant au primaire, Moussa dit : 'Quand les arriérés de loyers s’accumulent, beaucoup de propriétaires se tournent vers les huissiers qui sont prompts à effectuer, sous la supervision des forces publiques, des expulsions faites nuitamment'.
Ceux qui échappent à la descente des huissiers et des forces de l’ordre, encore sous le toit des parents, vivent dans la promiscuité, notamment dans les quartiers de Boulbinet ou Coronthie, au centre de la ville, majoritairement habités par les Soussous, ethnie de la Guinée maritime.
'Ici, nous n’avons pas le choix. Pas de place pour six personnes dans cette petite chambre. Sur la base d’un accord, nous sommes divisés en deux groupes. Le premier, constitué de trois membres, occupe la chambre entre 18 heures et 1 heure du matin, tandis que le second occupe après les lieux jusqu’au petit matin', explique Abdoulaye, Informaticien sans emploi.
Ces habitants de la capitale ne disposant pas de moyens conséquents, affirment ne pas comprendre la hausse vertigineuse des prix des parcelles d’habitation à Nongo ou Lambanyi, considérés comme des quartiers résidentiels, où les 200 à 400 mètres carrés se négocient entre 200 et 500 millions de francs.
Ces quartiers de la haute banlieue sont restés inhabités pendant des décennies par 'les Conakrycas' qui disaient ne pas vouloir aller habiter en brousse où aucune mesure de sécurité n’existe, raconte un retraité d’une soixantaine d’années, dont deux de ses enfants y ont construit des villas mises en location.
Aussi, le système de bail existe beaucoup dans la capitale, notamment dans la commune de Kaloum, centre des affaires et des services, qui abrite les premières constructions de la capitale. Des héritiers s’entendent souvent pour céder à des hommes d’affaires libanais ou à des commerçants peuls leur bien commun.
Les transactions, qui se font sous la direction d’un notaire, font de l’acquéreur le propriétaire des lieux pendant au moins 20 à 25 ans contre le versement d’un montant oscillant entre 100 et 200 millions de francs, offerts aux héritiers qui ont accepté de mettre en bail leur maison d’un autre style.
Ce qui fait dire à un vieux retraité de la Société des Cotons de Guinée : 'l’immobilier aussi est de l’or comme l’or noir, l’or blanc qui peut assurer de lendemains meilleurs à ceux qui en ont dans le pays'.
Ajouter un commentaire