Les fonctionnaires fictifs coûtent 26 millions d’euros par an
- Par Administrateur ANG
- Le 22/09/2014 à 13:35
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Traquer les fonctionnaires “fantômes” est l’objectif poursuivi par l’État guinéen depuis janvier, grâce à un recensement biométrique des agents qui sera achevé fin septembre. Déjà, le pays sait qu’ils sont exactement 105 757. Parmi ceux-ci, on dénombre plus de 11 000 agents fictifs… dont certains ont vingt-cinq ans d’ancienneté !
Le recensement biométrique des fonctionnaires lancé en Guinée Conakry en janvier dernier – et qui doit s’achever le 30 septembre – tient ses promesses. Au cours d’une conférence de presse, le ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de la Modernisation de l’administration, Sékou Kourouma, vient d’en donner un avant-goût, en attendant d’établir le bilan final de l’opération dans quelques semaines.
Selon les chiffres en possession du ministre, les fonctionnaires fictifs coûtent actuellement plus de 26 millions d’euros (244,54 milliards de francs guinéens) par an au Budget de l’État. Ce qui représente chaque mois 2,22 millions d’euros (20,4 milliards de francs guinéens) qui s’évaporent des caisses de l’État. Et qui passeraient dans les poches de plus de 11 000 fonctionnaires fantômes sur 105 757 agents identifiés.
Salariés de l’État et du privé en même temps
Le croisement de plusieurs fichiers, dont celui des salariés affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a livré un premier lot de surprises, avec un nombre très important de fonctionnaires travaillant également pour le secteur privé : sur un premier échantillon de 600 personnes, 254 percevaient un salaire du privé et une rémunération de l’État !
Et parmi les fonctionnaires indélicats, 19 % travaillent dans les banques commerciales publiques du pays et 2 % à la Banque centrale de la république de Guinée (BCRG). Dans les départements ministériels, 22 % des agents de l’État qui ont deux emplois émargent au ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation.
“Les salaires de ces fonctionnaires sont suspendus au courant de ce mois de septembre 2014. L’inspection générale de l’Administration publique est en train d’évaluer l’incidence financière de tous ces salaires, perçus au préjudice de l’État, depuis leur embauche dans le privé jusqu’à la découverte de leur double emploi”, a insisté le ministre Sékou Kourouma.
Car la surprise du ministre ne s’arrête pas là : le recensement biométrique a mis à jour des fonctionnaires qui travaillent en toute impunité dans le privé depuis 1989. Soit depuis vingt-cinq ans ! Ce qui n’a pu se faire sans la complicité des directeurs des ressources humaines et de certains chefs de service, soupçonne le ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de la Modernisation de l’administration.
Identification biométrique
Ce dernier a précisé qu’il sera instauré un contrôle physique permanent, suivi de la distribution de cartes biométriques aux agents enrôlés et de l’assainissement du ficher des contractuels de l’État, de la pension des retraités et du croisement consécutif de la base de données biométriques de la CNSS.
Le recensement et l’identification biométrique des fonctionnaires se sont déroulés en trois étapes : le recensement, l’identification et la phase de centralisation en cours avec le croisement de plusieurs fichiers (solde, CNSS, pension des retraités…). Désormais, la fiche de chaque fonctionnaire de l’État qui aura passé avec succès les étapes du recensement contiendra, en plus des données alphanumériques (nom, prénoms, âge, date et lieu de naissance), des données biométriques (photo et empreintes digitales). Une carte sera ensuite délivrée à chaque “vrai” fonctionnaire guinéen.
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