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Législatives en Guinée: des électeurs face au problème de l'encre

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Après avoir voté, Ibrahima Soumah trempe son index gauche dans l'eau et constate que l'encre mauve, censée être indélébile, s'efface. De nombreux Guinéens qui sont allés voter samedi pour les législatives font le même constat.

La commission électorale, elle, parle de "confusion" dans les encres.

Ibrahim Soumah, menuisier de 23 ans, explique avoir eu des doutes sur la qualité de l'encre à sa sortie du bureau numéro 8 d'un centre de vote installé à Ratoma, dans la banlieue de Conakry.

"Je voulais vérifier si je pouvais enlever l'encre", et il n'en est plus resté trace après passage dans un pot d'eau, explique-t-il.

Dans le bureau voisin, Mme Manfrein Bangoura a utilisé un autre procédé pour nettoyer l'encre de son index et a constaté la même chose: "Après avoir voté, j'ai frotté mon doigt contre le mur et je suis parvenue à effacer l'encre", affirme-t-elle.

"Ca peut créer un problème. Si l'encre s'efface, ça peut favoriser le vote multiple", fait remarquer un autre électeur, Abdoul Ghadirou Bah, debout à côté d'elle.

Yacouba Gailard Sylla, président d'un bureau de vote dans le même centre, réfute ces affirmations.

"L'encre reste sur le doigt après le vote. Même si on l'enlève, on ne pourra pas voter deux fois. Sur chaque carte d'électeur, on appose +A voté+ avec un cachet", le multiple est impossible, "chaque électeur n'est inscrit qu'une seule fois sur les listes", soutient Sylla.

Abou Bangoura, président d'un bureau de vote dans la commune voisine de Hamdallaye (banlieue), reconnaît cependant avoir "reçu des informations indiquant que l'encre s'enlève".

Mais "nous nous servons des listes d'émargement des votants pour vérifier. Nous prêtons également attention aux gens qui votent (en essayant de les reconnaître) et sur chaque nom d'électeur ayant voté, il y a cette mention", poursuit Bangoura.

Sur une table, au milieu du bureau de vote, est posé le matériel électoral: marqueurs à encre indélébile, cachets, stylos feutre et listes d'émargement. Selon un responsable électoral, des bureaux n'ayant pas reçu à temps l'encre indélébile - en fait, les "marqueurs indélébiles" - ont utilisé des stylos feutre.

Dans un communiqué publié samedi matin, la Commission électorale nationale autonome (Céni) a fait état d'"une confusion" dans les encres, certains recourant à des stylos feutre à la place des "marqueurs indélébiles"

Voter et "tourner la page de ces législatives"

Dans un bureau de vote d'un stade de banlieue, un membre de bureau de vote assure utiliser "des marqueurs indélébiles", faute d'encre, "sur recommandation de la Céni, qui les a elle-même distribués pour le vote.

"Les gens en Guinée ont l'habitude de voter avec des tubes d'encre" indélébile, "c'était le cas (pour la présidentielle de) 2010. Pour ces élections législatives, nous avons utilisé des marqueurs indélébiles à la place", explique un responsable de la Commission électorale.

Mais cette polémique sur la "confusion" des encres semble laisser indifférentes des vendeuses de petits aliments installées dans un centre de vote de Ratoma (banlieue), dans une cour envahie d'herbes.

Un des électeurs qui se pressent autour d'elles explique s'être rendu dans son centre de vote "depuis 06H00" (locales et GMT), deux heures avant l'horaire officiel d'ouverture des bureaux, qui doivent fermer à 18H00.

"Je n'ai pas eu le temps de prendre mon petit-déjeuner", confie-t-il, tenant en main un sachet contenant de la bouillie et un sandwich fait de pain fourré aux pâtes alimentaires.

Outre les problèmes d'encre, des Guinéens ont fait état d'autres déconvenues: cartes d'électeur ou bureaux de vote introuvables, notamment.

Comme Abdoul Ghadirou Bah, de Ratoma, qui n'a pas pu voter. "Je n'ai pas retrouvé ma carte", affirme-t-il.

Alseyni Sylla, un quinquagénaire au chômage, se dit impatient de "tourner la page de ces législatives", organisées dans un contexte tendu après de multiples reports pendant près de trois ans.

"Tout est suspendu à ces élections et chaque fois que tu veux faire quelque chose à Conakry, on te demande d'attendre que les élections passent", lâche-t-il.

Source: AFP

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