Le Prrrrr... Condé: homme public pour des intérêts égoïstes ?
- Par Administrateur ANG
- Le 22/01/2011 à 10:58
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Le Président en exercice de la Guinée n’aurait rien géré avant sa nomination au poste de chef d’Etat. Aujourd’hui il tient à tout gérer à coups de décrets. C’est, semble-t-il, la seule arme (son fusil de chasse) disponible pour son « Changement ».
Un «décret de chasse» présidentiel vient d’être pris à l’encontre d’un certain Alsény Barry pour le bâillonner et le déposséder de son bail emphytéotique. Une mauvaise transcription (erreur des secrétaires qui baillent ou ignorance des conseillers qui dormaient?) d’adjectif a fait le tour du web. Personnellement, lorsque j’ai lu l’expression « bail amphétoritique », j’ai pensé à une nouvelle boite d’antibiotiques produits par notre Pr., pour ses militants soi-disant empoisonnés, d’autant plus que le terme emphytéose, moins usité, rappellerait phonétiquement une maladie nécessitant un traitement de très longue durée.
C’est justement la très longue durée (pouvant aller jusqu’à 99 ans !) qui caractérise le bail emphytéotique (ou emphytéose). Ce louage particulier confère au preneur (emphytéote) un véritable droit réel sur le bien (domaine foncier, immeuble à usage industriel, commercial, agricole ou d’habitation, etc.) dont il est quasi-propriétaire en échange d’un loyer modique. L’intérêt de ce système est la mise en valeur du bien sans que le véritable propriétaire n’en supporte le coût. Le preneur exploite le bien et en tire des bénéfices tandis que le bailleur encaisse un loyer (généralement annuel). Sauf clause particulière, le bailleur n’indemnise pas le bénéficiaire en fin de bail.
Cela dit, je suis d’accord sur le principe de la récupération par l’Etat de ses biens. Mais encore faut-il le faire dans les règles ? On n’annule pas un bail par décret ! Il y a une procédure qui ne doit pas être politique mais administrative et juridique à respecter.
L’emphytéote Alsény Barry n’a-t-il pas payé son loyer ? Aurait-il des arriérés de deux années consécutives? Quels sont les manquements dont on l’accable ? Faut-il le virer ou lui demander de régulariser sa situation ? Voilà des questions qu’il faut se poser lorsqu’on veut non pas régler des comptes mais respecter le droit.
Ayons quand même un minimum d’honnêteté intellectuelle. Si Alsény Barry est effectivement en possession d’un bail, on peut toujours discuter d’éventuels vices de procédure précédant sa signature mais on ne peut pas parler de vol. On récupère ce qui est perdu ou volé. Or, un voleur ne signe rien ; il s’empare d’un bien. C’est en ce sens que le vol est différent du détournement qui suppose d’autres artifices comme, par exemple, la falsification de documents comptables.
Ce qui me sidère, c’est l’égoïsme infécond des Guinéens. Quand comprendront-ils qu’en déshabillant Alsény, ils ne pourront pas habiller un autre, qui qu’il soit ? Voilà un opérateur économique qui produit des biens et des services et qui crée des emplois. Au lieu de le chasser, pourquoi ne pas l’encourager à produire davantage et à payer plus d’impôts non pas au Président mais à l’Etat ? Si votre voisin a une belle maison, devriez-vous la casser ou chercher à en construire une plus agréable ? Ne faudrait-il pas encourager d’autres « Momo, Mamady ou Niankoye » à imiter cet Alsény sur toute l’étendue du territoire ? La Guinée a-t-elle besoin de casseurs ou de constructeurs ?
Le décret antipersonnel à l’encontre d’Alsény Barry ne relève même pas d’un excès de pouvoir qui aurait pu générer, dans tout Etat de droit, un recours contentieux. C’est un racket ciblé ! Ironie de l’histoire, pour casser quelqu’un on utilise toujours un des membres de sa propre communauté ! Qui avait-on utilisé pour casser « Kaporo Rail » ? Vous verrez bien comment un honorable ministre va, avec zèle, exécuter « en ce qui le concerne » un décret à effet immédiat. Le capharnaüm de la « Sig Madina » est-il, pour cause de peuplement spécifique, à l’abri d’un décret de spoliation ?
Toute cette action est menée dans le cadre d’un « Changement » et, paraît-il, pour une cause d’utilité publique, notion qui s’apprécie normalement au regard de l’intérêt général, sauf en Guinée. L’Etat veut-il récupérer « ses » biens ? D’accord, mais la question qui se pose est de savoir non pas c’est quoi l’Etat en général mais qui est l’Etat en Guinée. A qui appartenaient ces biens ? Les décrets utiles au public ne sont-ils pas ceux à prendre rapidement pour l’eau, l’électricité, etc. ? Les urgences des populations devraient toujours être les priorités du pouvoir.
Pour l’instant je ne vois pas ce que Mr. Condé, bénéficiaire d’un bail de 5 ans (reconductible), a pris comme décision ayant un intérêt général. Il ne se comporte pas en chef d’Etat mais se prend pour le chef incontesté de l’Etat. Même élu démocratiquement, un Président ne s’octroie pas tous les droits. Il a surtout des devoirs dont celui de préserver la paix entre les différentes communautés de son pays. Quand on est à la tête de l’Etat, on se met au-dessus des coordinations régionales. Est-ce normal qu’un Président de la République réponde à une convocation de « sages régionaux » ? Notre Président reste manifestement l’otage de la coordination qui l’a adopté. Pire, pour mieux régner, il divise les Guinéens en instrumentalisant les uns contre d’autres, désignés comme les responsables de tous les malheurs du pays. Une vigilance accrue s’impose plus que jamais.
En effet, d’aucuns disent qu’il faudrait attendre la fin d’un état de grâce (de 100 jours ?) pour juger la politique de Mr. Condé. C’est une erreur d’appréciation car nous ne sommes pas dans un Etat normal! Peut-on s’attendre à des fruits lorsque rien ne fleurit ? Cet attentisme risque de nous coûter cher. Notre pays n’est pas menacé d’immobilisme mais de tensions ethniques et sociales. En cas d’incendie, faut-il intervenir immédiatement ou s’accorder un délai (de 100 minutes ?) pour connaître jusqu’où pourraient se propager les flammes ?
Pour terminer quelques perles du Net.
1°) faut-il sauver de la noyade le sofa Cissé ?
Un certain « Cisse » a réagi à l’article du Dr Hassatou Baldé, intitulé « Alpha Condé et son décret amphétoritique ». C’est possible qu’il aime le droit mais c’est le droit qui ne l’aime pas car il manque singulièrement de rigueur. Ce n’est pas « AISSATOU » mais « Hassatou ». Il a foncé tête baissée pour se noyer sans l’intention de se suicider.
2) « guajiro », un internaute sympathique m’a posé la question de savoir si Alpha Condé est « professeur de rang A… à Paris 1 ». Je ne sais pas s’il y a enseigné quoi que ce soit mais je crois savoir qu’il a aujourd’hui le rang de « Président de Guinée ».
3°) Mory Diakité, un « extranaute » qui lit tout mais ne produit rien, continue à bourdonner alors que personne ne l’oblige à me lire. Il a parlé de « loghorées » que je serais condamné à pondre pendant 10 ans (un bail !). Je crois qu’il voulait parler de logorrhées, un mot difficile à écrire, comme le mot diarrhée, surtout par un inculte qui en serait atteint. C’est ce qui m’a d’ailleurs inspiré pour le titre : Prrrrrrrrrrrr !
4°) enfin, Issiaga Dansoko qui semble grammaticalement encombré. Le doyen Bokoum, en vrai professeur, lui a donné une leçon de Français, notre langue officielle. L’élève « Danse nko » n’a pas à réviser sa conjugaison car il ne l’a jamais étudiée, mais à l’apprendre.
Je vous salue !
Ibrahima Kylé Diallo
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