Le mécénat de Dian Bobo Baldé

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Je vous ai parlé la fois dernière, de Mme Condé et de son travail extraordinaire pour les enfants de Guinée ; eh bien voici celui d’un autre guinéen, pour les jeunes guinéens et pour notre pays.
Les amateurs du cuir rond connaissent bien Dian Bobo Baldé, le colosse qui fut la tour de contrôle de la défense du syli national ; notre équipe de foot ; aujourd’hui à la retraite, il est encadreur de cette même équipe qu’il a servi avec abnégation.
 
Pour bien comprendre la portée de son action, un petit tour sur un sujet que j’ai failli traiter il y a quelques années ; en effet, un confrère me demanda à l’époque, de parler des jeunes footballeurs guinéens, sans club, qui vivent dans des conditions difficiles en Europe.
 
Ils vivent dans la précarité ; des dizaines qui vivent dans des chambres comme ce fut le cas en Turquie ; bref je recevais des informations de toutes sortes et ce collègue me demandait d’attirer l’attention sur le sujet et voir dans quelle mesure les aider ; loin des parents ; loin du rêve de la vie de star qui les a attiré ; disons en gros ; un drame humain.
 
Joueur en Europe, Dian Bobo en sait beaucoup plus que moi et meurtri dans sa peau ; il a toujours voulu aider ces jeunes compatriotes mais la vie d’un professionnel n’est pas de tout repos ; les jeux pour le club et les voyages pour l’équipe nationale ne lui permettaient pas de faire face à ce problème.
 
Aujourd’hui, à la retraite et encadreur, il se dit que le moment est venu de réaliser ce projet d’aide aux jeunes mais aussi de repérer ceux qui seront plus tard dans notre équipe nationale ; faire d’une pierre deux coups, diront certains.
 
Il décide alors de faire une annonce, pour inviter les joueurs sans club dans un centre ; ce sera à Istre dans le sud de la France ; faire une sélection et les retenus iront jouer un rencontre amicale contre une équipe  de troisième division ; une façon de les mettre devant les projecteurs des recruteurs.
 
Projet ambitieux et impossible à réaliser en solo; il contact alors un autre ancien de l’équipe nationale Abdoul Karim Bangoura AKB ; enthousiaste, ce dernier téléphone à son tour aux amis et collègues en France et en Belgique, pour la réussite du projet ; tous accepte.
Dian Bobo, veut faire un projet 100% guinéen ; des entraineurs au kiné et même au chauffeur du bus alloué à cet effet.
 
Il ne réussira pas cet autre challenge car un kiné est malade ; pas de chauffeur de bus guinéen ; mais le principe attire du monde ; 87 joueurs répondent à l’appel et débarquent à la gare de Marseille ; évidemment, tous ne viennent pas à la même heure ; donc des allez- retour à la gare jusqu’à 22h ; peu importe.
 
Tous ont payé leur billet et aussitôt arrivé, ils sont remboursés cash ; direction un hôtel trois étoile ; deux terrains (gazon et synthé) ; sont loués ; bref ces jeunes ne se voyaient pas traité en star. Petit déjeuner ; disons les trois repas à volonté.
 
L’équipe de l’organisation ne s’attendait certainement pas à un tel nombre mais il faut gérer tout de même ; certains dormiront à deux dans les chambres.
Les jeunes sont repartis en quatre groupes et les deux entraineurs guinéens diplômés, se relayeront pour les séances techniques.
Gérer un tel nombre cosmopolite, pose quelques challenges supplémentaires mais à cœur vaillant, rien n’est impossible.
 
L’organisation n’est pas parfaite mais les jeunes sont aux anges ; ce qui est l’essentiel et au finish ; il fallait prendre 22 joueurs. Ceux qui ne sont pas retenus, sont accompagnés à la gare par Dian Bobo en personne et leurs transports assurés.
Comme il connaît déjà leur condition, il veut s’assurer qu’ils ne se retournent pas meurtris.
 
Les 22 qui ont le sésame ; s’embraquent alors pour Toulouse afin de jouer contre l’équipe de Colomier ; une équipe de troisième division française.
En chemin, un coup de fil ; trois jeunes non sélectionnés, qui devaient s’embarquer à la gare de Marseille sans Dian Bobo, sont bloqués et pour cause ; ils avaient des billets week end et le lundi, ce tarif ne s’applique pas; il faut donc payer la différence.
Heureusement que la femme d’AKB habite Marseille, elle alla résoudre ce problème.
 
Pour une première du genre ; il y a évidemment, du retard dans les déplacements ; mais ils arrivent à bon port fatigués mais heureux ; un couple guinéens Mr Ousmane Youla et sa femme offre le petit déjeuner ; quelques heures de repos et c’est la rencontre.
 
Tonton Maurice Sylla, la famille Ghussein et d’autres guinéens habitants Toulouse, sont là, pour les soutenir.
Cette équipe rapidement constituée, tient tête pendant une mi-temps ; elle est même dominatrice parfois ; comme vous le savez, au foot, dominer n’est pas gagner.
En fin de seconde période, la fatigue du voyage sans doute, ils prennent trois buts.
 
Des recruteurs sont émerveillés ce qui était le but d’ailleurs ; des contacts sont pris avec certains jeunes ; un autre repas dans la famille Youla avant le départ et encore une fois, Dian Bobo Baldé est à la gare de Toulouse pour s’assurer des conditions de retour.
Au finish, notre compatriote aura dépensé de sa poche, plus de 100 000 euros.
 
Dans cette période critique de notre pays, qui voit des communautés s’entre tuer ; voir des compatriotes, se dévouer pour la cause des autres ; doit systématiquement attirer notre attention ; notre admiration et notre soutien.
 
Il compte refaire une autre édition l’année prochaine avec des sponsors et il se servira sans doute, de cette expérience, pour mieux peaufiner la suite.
Pour une première, il fallait le faire et le réussir.
 
Monsieur Dian Bobo Baldé, je vous tire mon chapeau.
 
Je compte l’interviewer un de ces jours.
Paul Théa
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