Le manque d'électricité pénalise les élèves pendant cette période des examens
- Par Administrateur ANG
- Le 31/05/2013 à 17:28
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Comment relire ses cours quand on n'a pas de lumière chez soi ? C'est à ce problème que les étudiants de Conakry tentent chaque soir de trouver une solution. Face aux coupures de courant qui maintiennent la ville dans le noir la nuit venue, ils prennent d'assaut les rares lieux publics encore alimentés en électricité.
À Conakry, les stations-services et le parking de l'aéroport international se transforment, à la tombée de la nuit, en gigantesques salles d'étude à ciel ouvert. Privés d'électricité chez eux, c'est là que collégiens, lycéens et étudiants se retrouvent par centaines pour préparer leurs examens sous la lumière blafarde des réverbères, au milieu du brouhaha de la circulation.
Des conditions de travail loin d'être idéales, mais comment faire autrement ? Mis à part le centre-ville, les quartiers de la capitale guinéenne ne profitent chacun que de 45h d'électricité par semaine, soit de 18 h à minuit, soit de minuit à 8h, selon un système de rotation qui, lui aussi, est loin d'être parfait. Ces dernières semaines, des émeutes ont éclaté dans certaines zones qui s'étaient vues privées de leur tour d'alimentation.
Voilà plusieurs années que la Guinée est confrontée à ces pannes généralisées. Lors de la dernière présidentielle, les candidats en avaient même fait l'une de leurs priorités. C'était il y a trois ans. Depuis, rien n'a changé.
"Je prends mon courage à deux mains, je ferme les yeux et je poursuis mon chemin"
Ibrahimasory Sylla, 19 ans, étudie au collège de Bonfi. Il passe actuellement le brevet des collèges.
"Je révise tous les soirs dans une station-service du quartier de Bonfi. Je préfère ça plutôt que de rester chez moi à m'éclairer à la bougie, parce qu'il y a plus de lumière. J'y vais parfois avec des amis, parfois seul. Ce n'est pas uniquement des révisions, nous allons aussi compléter les programmes qui n'ont pas pu être achevés pendant l'année à cause des manifestations qui nous ont empêchés d'aller à l'école.
La station est située à deux ou trois kilomètres de chez moi, mais il n'y a rien de plus près pour réviser. Je traverse à pied des zones qui sont dangereuses, où il y a parfois des violences, du racket. Une fois, alors que j'étais avec un ami, deux motards se sont arrêtés pour lui voler son téléphone portable. Ils lui ont mis une gifle. Moi je me suis enfui. Malgré ça, je continue à passer par là. Je prends mon courage à deux mains, je ferme les yeux et je poursuis mon chemin. Je suis obligé, c'est mon avenir qui est en jeu.
J'arrive à 19h. Il faut venir très tôt pour profiter des meilleures places, celles qui sont le plus près de la lumière. J'y reste jusqu'à 22h, heure à laquelle la station ferme et où les employés éteignent les lumières. Je rentre chez moi, je dors un peu et je me réveille à minuit pour profiter du retour du courant. Je révise encore jusque 3h ou 4h du matin et je me recouche pour me lever à 7h et partir en cours.
À la station, nous sommes plusieurs centaines d'étudiants à réviser. J'ai commencé en avril. Les premiers jours, c'était très compliqué parce tous les enfants préparaient leur examen de passage au collège. Ils rigolaient, parlaient fort, couraient partout. C'était très dur de se concentrer. Bien que les plus jeunes ne soient plus là, les conditions restent très difficiles. Il y a beaucoup trop de bruit, notamment à cause des véhicules qui viennent chercher de l'essence."
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