Le ‘’complot peul’’ est-il de retour en Guinée ?
- Par Administrateur ANG
- Le 12/01/2013 à 11:20
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Extrait des propos du procureur de la république lors du procès sur l’auto-attaque d’Alfa Condé le 19 juillet 2011 à Kipé, Conakry :
«Le groupe d’assaillants conduit par le Cdt Alpha Oumar Boffa Diallo avait pour but d’assassiner le Président de la République et de le faire remplacer par un Peulh. Soit par le Lieutenant Amadou Diallo (décédé), soit par le Cdt AOB ou enfin par Amadou Oury Bah ». Dixit M. William Fernandez, procureur de la République.
Incroyable, incroyable en 2013 ! En effet, vous avez bien lu : « (…) assassiner le président de la République et de le faire remplacer par un Peulh ».
Ce sont bel et bien les paroles du Sieur procureur de la république d’Alifa Condé lors du soi-disant procès sur l’auto-attaque de la résidence privée du Président de la république à Kipé qui se tient actuellement à Conakry. C’est vrai qu’Alifa Condé avait pris la peine de prévenir qu’il allait reprendre la Guinée où Sékou Touré l’avait laissée [c'est-à-dire : médiocrité et bassesse intellectuelles motivées par la jalousie et des complexes de l’ignorant]. Nous voyons tous les jours que ce n’est pas de vains mots mais bien sa politique de gouvernement. Loin d’être une simple boutade comme ont prétendu certains naïfs et ses partisans de mauvaise foi.
Ce procureur s’était défendu auparavant de ne pas vouloir faire un procès politique lorsque le principal accusé du moment, le Cdt Alpha Oumar Boffa Diallo, lui avait reproché de lui avoir suggéré de citer des hommes politiques et opérateurs économiques comme faisant partie de la prétendue conspiration. Malgré cela, ce même Monsieur Fernandez décide d’aller encore plus loin en amenant les débats sur le dangereux terrain ethno-politique en invoquant explicitement un coup d’Etat à but ethno-communautaire peul.
Quelle aberration pour quelqu’un censé être académiquement éduqué et professionnellement expérimenté, surtout en 2013 pour mentionner de telles inepties dans un procès verbal ! Autant que je sache, généralement on prend le pouvoir de force pour soi-même ou pour le rendre à un commanditaire mais pas pour le donner à une communauté comme suggéré par Mr Fernandez.
Cette absurdité du procureur réactionnaire d’Alifa Condé, nous amène à poser les vraies questions. Faisons fi des incohérences et contradictions sur les dégâts et impacts balistiques constatés après plus de deux heures de combat à l’arme lourde-selon eux- dans cette zone confinée et résidentielle sans qu’aucun secours n’intervienne ; pas de balles perdues ni destructions ou accidents collatéraux chez les voisins. La ruelle goudronnée conduisant à la villa ne semble pas présenter des impacts non plus.
Cela dit, toujours selon Mr Fernandez, le « cerveau » et commanditaire de cette soi-disant opération serait une dame inconnue jusqu’alors-en tout cas du grand public. Elle est ni femme politique, ni membre des forces de l’ordre, ni opératrice économique. Ce serait bien une première mondiale qu’un coup d’Etat soit commandité par une simple citoyenne sans pouvoirs politique et financier ! A moins que l’accusation n’est pas tout dit encore sur sa vraie cible.
Interrogations :
- Les photos prises au lendemain de l’auto-attaque montrent l’installation d’un système CCTV (caméras) sur les murs à l’extérieur de la villa et aussi une antenne parabolique bien saillante : étonnant que nous n’y voyons aucuns dégâts ou impacts pour des combats de plus de deux heures à l’arme lourde (cf. Google et sites guinéens). Pourquoi les images des événements de la nuit du 18 au 19 juillet 2011 n’ont jamais été évoquées, encore mois divulguées ? Vu que l’installation a été faite, la villa habitée depuis plusieurs mois par Alifa Condé et surtout considérant l’importance stratégique du lieu, il est inconcevable que ce système ne fût pas fonctionnel ce jour là, comme par miracle ! Où sont donc les images ou alors pourquoi avoir éteint ce dispositif qui fait partie intégrante du dispositif de protection d’une résidence du Chef de l’Etat ?
- Peut-on faire un coup d’Etat, particulièrement en Guinée, sans avoir auparavant rallié la majorité de l’Armée ? Encore une fois, est-ce qu’un civil peut prendre le pouvoir par la force dans un pays où les soldats ont été conditionnés -depuis Lansana Conté- pour voir leurs compatriotes civils en ennemis et refusent de se soumettre volontairement au pouvoir civil ? C’est une des raisons du succès facile du coup d’Etat de Dadis-Konaté face au civil Somparé en 2008 après la mort du Général Conté.
- Et puis surtout, pourquoi avoir reconstruit et donc effacer ainsi des preuves accablantes pour les soi-disant accusés ? Autant que je sache, une scène de crime doit rester intacte jusqu’au procès, d’autant plus que le locataire a fui pour s’installer en ville. Si ce n’est pas le cas dans le code de procédure guinéen, nous comprenons pourquoi notre justice est si corrompue. Autrement, la seule explication sensée est la volonté des autorités de cacher leur honteuse mise en scène. La vérité serait trop évidente pour tous.
Ce sont là que quelques questions qui montrent la forfaiture d’Alifa Condé voulant instrumentaliser la justice pour s’attaquer à toute une communauté et tenter de mettre hors course ses principaux opposants politiques.
Pour finir, il faut que tous les citoyens démocrates et sans préjugés ethniques fassent en sorte qu’Alifa Condé soit débusqué et exposé tel qu’il est ; c'est-à-dire un autocrate machiavélique, mentalement perturbé par des complexes au même titre que Sékou Touré et Dadis. L’opposition et nous commettrions une très grave erreur si nous acceptions que ce procès se termine sans que les vrais commanditaires et manipulateurs ne soient nommés et punis. L’UFG et son vice président indexés par le procureur Fernandez, Alifa Condé les accusant de velléité de coup d’Etat, l’opposition doit s’impliquer dans la manifestation de la vérité dès maintenant en formant une structure ad-hoc faite de professionnels. Ils seraient mal inspirés de prétendre attendre la tenue des législatives qui risquent de se faire que lorsque tout le système de fraude sera en place, les privant de moyens légitimes et légaux.
Avec une opposition clairvoyante et proactive, ce procès devrait avoir un effet boomerang pour Alifa Condé devant conduire à sa démission et éventuellement des poursuites judiciaires contre lui : car il est soit l’instigateur et le metteur en scène ou seules des personnes très proches de lui et intimes ont pu manigancer cette auto-attaque. Ce qui fait que de toute façon sa responsabilité est engagée. Comment savait-il tout ce qui s’est passé dès le lendemain ? (Cf. sa déclaration sur RFI). Il a dit que c’est une communauté avec des leaders de cette même communauté qui sont derrière ce faux complot. Comment a-t-il su tout cela sans enquête ?
Bon ! Je sais d’avance que c’est un vœu pieux avec nos leaders politiques ‘’trop’’ sages, responsables et mesurés pour agir, hélas ! Et la vie va suivre son long et pénible cours avec des hommes politiques préoccupés que par des législatives jusqu’au jour où Alifa Condé va oser les mettre en prison- à défaut de trouver un moyen de les éliminer.
Derniers mots sous forme d’humour : les leaders de l’opposition sont si prolixes en déclarations du Collectif-ADP que si chacune d’elles correspondait à une action politique concrète, Alifa Condé aurait déjà fui le pays, probablement en pleine nuit.
PS : 1-Concernant nos armées, vu leur coût sur nos budgets, leur instrumentalisation par nos dictateurs (c’est le cas avec Alifa Condé en Guinée), les problèmes et leur entrave à la démocratie en Afrique, je suis pour la dissolution des armées nationales au profit d’une armée régionale de la Cedeao. Autre débat à développer pour les vrais panafricanistes -mais par étapes.
2- ‘’Ghana : A la Cour Suprême, le NPP conteste désormais les juges.’’(Titre dans la presse en ligne) Voila ce que certains partis politiques font dans leur pays pour lutter. En Guinée, on attend toujours des actes avant la rue et pas que la rue seulement.
Ibrahima Diallo -‘’Ollaid’’
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