Le bras de fer se durcit entre opposition et pouvoir
- Par Administrateur ANG
- Le 08/01/2020 à 08:39
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À un mois des élections législatives, les partis d'opposition annoncent leur boycott et durcissent le ton contre un éventuel 3e mandat d'Alpha Condé. Les principaux partis de l'opposition en Guinée ont confirmé mardi leur intention de boycotter les élections législatives prévues le 16 février, au lendemain d'une nouvelle forte mobilisation contre la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
Dans le même temps, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a enregistré le dépôt de listes émanant de 29 partis, dont le Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPG) du président Condé, a indiqué lors d'une conférence de presse le président de cette institution, Amadou Salif Kébé. Ces élections maintes fois reportées visent à renouveler l'Assemblée nationale, dominée par le RPG. Et surtout pour les opposants, ces élections serviraient de tremplin pour Alpha Condé dans sa stratégie bien étudiée de briguer un troisième mandat.
Vers un boycott de l'opposition
Mardi 7 janvier, aucune liste n'a été déposée par les grandes formations de l'opposition réunies, avec des organisations de la société civile, au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui mène le combat contre cet éventuel troisième mandat du chef de l'État depuis plusieurs mois. « Nous confirmons le boycott. Les conditions pour une élection transparente ne sont pas réunies », a déclaré à l'AFP le principal opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo. Il a réclamé, pour changer de position, « un fichier électoral assaini, un recensement correct [des électeurs] et un président de la Commission électorale moins partisan ». « Ces élections, on les empêchera », a ajouté le leader de l'opposition. L'ex-Premier ministre, à la tête de l'Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré, abonde dans le même sens. « Nous sommes foncièrement impliqués, donc on est engagé et nous allons continuer le combat », a-t-il dit devant les journalistes de la presse locale.
Bras de fer avec le pouvoir
L'opposition avait déjà annoncé le 23 décembre qu'elle boycotterait le scrutin, plusieurs fois reporté, et même qu'elle « empêcherait » sa tenue. Les législatives en Guinée associent deux modes de scrutin. Vingt-neuf partis vont concourir pour remporter 76 des 114 sièges de l'Assemblée nationale mis en jeu sur des listes nationales, qui seront répartis à la proportionnelle. Les sièges restants seront désignés lors de scrutins majoritaires à un tour dans les 38 circonscriptions du pays (33 en province et 5 à Conakry). Quatorze partis ont inscrit des candidats pour ce scrutin majoritaire, selon Amadou Salif Kébé. « Nous sommes déterminés à organiser les législatives à la date prévue du 16 février 2020 puisque nous sommes techniquement et matériellement prêts », a affirmé le président de la Céni.
À Kindia, où il était en visite, le chef de l'État a répondu en pointant du doigt les responsables politiques de l'opposition : « Ils ne peuvent même pas faire 500 mètres à pied. Ils sont obligés de monter dans les véhicules. Donc ne suivez pas ceux qui veulent ramener la Guinée en arrière. La Guinée avance… C'est nous [Guinée] qui avions eu le courage en 1958 pour dire NON au général de Gaulle, nous n'avons pas eu peur des Blancs, de qui allons-nous avoir peur ? En tout cas pas ceux qui sont fatigués », a déclaré le président guinéen, qui doit sa révision constitutionnelle à un référendum dont la date n'a pas encore été fixée.
Lundi, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de plusieurs villes pour l'une des plus grandes manifestations de ces dernières semaines. Une marche placée sous le signe de « l'ultimatum », selon le responsable national du FNDC, Abdourahmane Sanoh. « Non à une nouvelle Constitution », « Non à un 3e mandat pour Alpha Condé », pouvait-on lire sur des banderoles déployées dans un cortège de manifestants vêtus de rouge, en signe de colère. Au moins 12 personnes auraient été blessées dans la ville de Kankan, dans l'est du pays, où les manifestants ont affronté des partisans du président Alpha Condé. Dès le 13 janvier, l'opposition compte multiplier les protestations à travers le pays.
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