Le bluff de Konaté : coup de boeuf d'un « tigre » repu ?

 

Le microcosme politique guinéen est vraiment extraordinaire. On parle de coup de bluff ; ce n’est rien d’autre qu’un coup de …bœuf ! Sékouba Konaté n’est pas un mystère. En quoi est-il obscur ? Qui ne le comprend pas ? Il n’est pas un mythe, non plus ! Il existe bel et bien car il agit en tant que patron de l’armée. Ne vient-il pas d’élever Tibou Kamara au grade de « ministre d’Etat » ? En revanche, il est très mystifiant car il a réussi à tromper beaucoup de monde, en commençant par Dadis, son frère d’armes d’hier devenu maintenant « un faux type » qui fait tout pour l’éviter à Ouagadougou.

Au cours d’un récent entretien (nocturne pour porter conseil?) avec une radio mondiale, le Général Konaté affirme martialement qu’il n’en a rien à foutre du pouvoir. C’est maintenant qu’il le dit ? Quel patriotisme ! Vouloir se tirer après avoir fait le plein à la lucrative « station Guinée » puis casser la marmite après avoir bien dîné ?

Sékouba ne comprend-il rien à la politique ? Voyons, mon Général ! Je le crois s’il parle de la politique au sens noble du terme. Par contre il est un habile politicard car il a créé avant son départ de la scène politique les conditions de sa survie économique. Cet homme aurait pu entrer dans l’histoire mais il s’est embourbé dans des histoires. Il y a plusieurs façons, donc plusieurs portes, pour entrer dans l’histoire mais Sékouba veut y accéder par d’autres chemins. Or, l’histoire n’a pas de fenêtre !

Après avoir écarté Dadis, Sékouba aurait pu entrer dans l’histoire en partant d’abord pour mieux revenir ensuite. Je m’explique. Le 15 janvier 2010, la Guinée a reçu de Ouagadougou un trousseau de 12 clés pour sortir de la crise. Il aurait suffit à Sékouba qui prétend ne rien comprendre à la politique de prendre uniquement la 3ème clé (« La réorganisation et la réforme des Forces de Défense et de Sécurité ») et de s’en servir honnêtement pour mettre le pays sur les bons rails.

En effet, tout tourne autour de l’armée qui constitue un véritable tourment pour le pays depuis qu’elle a goûté au pouvoir il y a des décennies. Cette armée n’a rien de « nationale » et certains de ses chefs sont plus préoccupés par la défonce que par la défense des intérêts du pays. Les militaires guinéens sont les principaux distributeurs de violence (juin 2006, janvier et février 2007, septembre 2009, etc.) et grèvent lourdement le budget national. L’armée guinéenne est non seulement pléthorique par rapport aux besoins sécuritaires du pays mais elle est aussi indisciplinée, sous-équipée (au plan  vestimentaire !) et ethnocentriste (les recrutements et les promotions se font sur la base du népotisme). Censée être subordonnée à l’autorité civile, elle a pris en otage toute l’administration du territoire.  Aucune menace extérieure ne pèse sur la Guinée. C’est l’armée guinéenne qui menace de manière ciblée  des populations guinéennes.

Donc, Sékouba  n’a pas rempli sa mission. Et ses poches ? Et celles de ses proches ? Quand Sékouba est arrivé à la tête du pays, on lui a attribué toutes les qualités et chacun pensait qu’il allait prendre le taureau par les cornes pour créer les bases d’une véritable démocratie. Il nous a pris, lui le «Tigre» pour des cabris  

Ce qui m’étonne, c’est la naïveté incroyable des Guinéens. Sékouba a toujours une griffe d’avance sur eux. Il menace de faire le tour des casernes pour imposer un civil. Le civil est déjà en place : c’est Tibou Kamara ! Que les autres civils cessent de s’agiter car Sékouba a maintenant fait son coup !

L’ethnocentrisme est entrain de nous tuer à petit feu. Nous avions tous soutenu Dadis au début parce qu’il avait semblé sincère et surtout, osons le dire, parce qu’il appartenait à une ethnie minoritaire (je précise que c’est sur le plan simplement numérique, les Guinéens étant tous égaux en droit, du moins en théorie). On a vu ce que qui s’est passé. Sékouba est arrivé avec quelques atouts qui auraient pu l’éloigner de l’ethnocentrisme : origine malinko-moyen-orientale, culture basique conakryenne, épouse(s) foutanienne(s), etc. On voit ce qui se passe : une partialité outrancière. Sékouba, conseillé par de sataniques « sages »,  a «voté» pour Alpha Condé avant même les élections ! Mais tout ne se passe pas comme prévu, le tankiste Konaté n’ayant pas encore réussi à manœuvrer son engin pour défoncer ce qu’il croit être le camp mou de Cellou-Sydia-Abé-Fodé Soumah.

Tout est fait pour un seul objectif : empêcher Cellou d’accéder à la présidence au seul motif qu’il n’appartient pas à l’ « ethnie des gouvernants » ! On a voulu d’abord remplacer la CENI par le MATAP alors que leurs missions respectives sont clairement définies. Echec ! On a ensuite voulu pourrir la CENI de l’intérieur en remplaçant une bonne Camara par un mauvais Camara. Echec !

Je reviens un peu sur le cas du Camara qui ne peut s’asseoir sur le tabouret brûlant du président de la CENI. Des juristes du RPG, tombés de l’arc-en-ciel de Condé, parlent d’une élection démocratique de Lounsény Camara. Quelle incurie ! Ils confondent démocratie et majorité ! Même si le sieur Camara avait été « élu » par la totalité des membres de la CENI, cette mascarade n’aurait pas été démocratique car entachée d’une irrégularité : l’élection n’était pas à l’ordre du jour ! Il s’est agi d’un putsch dans la mesure où la présidente par intérim, Mme Mame Camara était absente. Un coup d’Etat n’est jamais mené avec l’accord du président en exercice. La démocratie a ses règles et ne saurait se résumer à une simple addition nocturne d’individus spécieusement convoqués.

A titre personnel, je n’ai rien contre M. Lounsény Camara. Ce n’est pas son appartenance au RPG qui est en cause car tous les « Ceniens » sont adhérents ou sympathisants d’un parti politique. Qu’il soit actif, c’est même une qualité pour présider la CENI mais il n’est pas qu’actif. Il est activiste pour le compte du RPG, ce qui le rend partial et inacceptable. D’aucuns disent qu’il ne serait pas à la hauteur pour être calife à la place de la vice calife. Ses lacunes seraient telles qu’on aurait pu parler de profondeur abyssale.

J’invite donc l’alliance Cellou-Sydia-Abé-Fodé Soumah, etc. à ne pas se contenter de doubler de vigilance mais à passer à l’offensive. L’arc-en-ciel de Condé n’est rien, c’est l’alliance précitée qui est molle en se comportant comme si les élections se passaient dans un pays démocratique. Quand quelqu’un ne comprend que le langage de la violence, il faut lui opposer la même arme avec un supplément : à la gifle il faut répondre par une gifle plus forte et y ajouter un coup de pied douloureux !

Pour finir une perle du net, trempée dans du « kouroumangate d’ignominium ». A force de balancer entre plusieurs partis politiques, signe d’instabilité, un compatriote vient de se tromper de liane en s’adressant à une « communauté » dont le seul ciment est un découpage administratif.

Qu’il réponde succinctement à de courtes questions ?

 

-Qui a assassiné Nyankoye Samoé à la veille de l’indépendance ?

-Conté étant contesté, n’est-ce pas la population qui s’est opposée à la nomination de son proche Eugène Camara à la primature, indépendamment de son origine ethnique ?

- Souaré ayant remplacé le PM  Kouyaté, arrivé dans le cadre d’un consensus, pouvait-il faire l’objet d’un rejet populaire ?

- A qui a profité l’éviction de Dadis ?

-Qui vient d’affirmer sans la souplesse d’un félin mais avec la force d’un bœuf que Dadis est faux type ?

-Qui avait dit que Lansana Béavogui n’était pas digne de succéder à Sékou Touré ?

-Au profit de quel civil Jean-Marie Doré est-il entrain de sombrer comme Claude Pivi et autres Forestiers?

 

Des réponses précises nous sortiraient de ténébreux sillons.

 

Je vous salue.

Ibrahima Kylé Diallo

Animateur de www.kylediallo.info

Mon contact : kylediallo@gmail.com

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