Le 27 juin 2010, date de renaissance de la Guinée ?
- Par Administrateur ANG
- Le 26/05/2010 à 16:43
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La Cour Suprême a donc dévoilé la liste des sélectionnés pour le concours à la présidence de la République : 23 garçons et une fille. La mixité vient d’être sauvée de justesse. Inutile de s’étendre sur le nombre élevé des aspirants à la fonction car la pléthore dans les nominations fait partie de nos défauts congénitaux au point de devenir, au même titre que la médiocrité, une des singularités de notre culture politique.
Ce qui me surprend, c’est qu’autant de personnes aient pu payer chacune une caution de 400 millions de Fg. Et dire qu’il ne s’est agi que candidats dépendant d’un parti et « physiquement aptes » ! On constate donc qu’il doit y avoir beaucoup d’argent en Guinée. Une épargne qui sommeille. A moins que…
En effet, j’aimerais bien savoir comment les cautions ont été payées. Est-ce que tous les versements sont au Trésor ? N’y aurait-il eu aucun jeu d’écritures, moyennant finances ? Est-il possible de vérifier l’authenticité des reçus délivrés ? Les paiements ont-ils été effectués en liquide (ce n’est pas facile de compter autant de billets), par chèques (comptes suffisamment provisionnés), par virements (à partir de quelle source ?) ou par carte bancaire (une carte n’a pas pour seule limite les retraits). La Guinée est la patrie des quittances parallèles (donc qui ne se rencontrent pas !) où il est difficile de recouper des informations pour connaître la vérité. Je ne veux pas jeter de suspicion sur le bataillon des candidats qui promettent de bien nous gouverner. Mais il ne serait pas inutile de vérifier si certains candidats, réputés fortunés, n’ont pas financé d’autres « concurrents » dans leur quête effrénée d’alliés. Comme, paraît-il, la caution n’est remboursée qu’au candidat ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés, le réveil du 28 juin risque d’être difficile pour ceux qui n’ont vu en cette élection qu’une opération spéculative. Que peut-on monnayer si on n’a plus de monnaie ?
Pour un poste à pouvoir, nous aurons donc qu’un seul « gagnant » pour 23 « perdants ». Parmi ces derniers, et c’est ce qui est préoccupant, il y aura surtout des perdus ! Perdus par leur aveuglement entretenu par des marabouts qui promettent à chaque candidat la victoire ! Nous allons encore assister à des lectures de textes sacrés suivies de sacrifices d’animaux (et d’autres moins avouables) sur toute l’étendue du territoire, ce qui est contraire à toute religion monothéiste. La méthode maraboutique consiste à faire croire à tout candidat qu’il est le mieux placé pour gagner une élection. Pire, un même marabout peut promettre à plusieurs candidats la victoire pour l’unique poste. Pouvez-vous croire en une personne qui raconte vous avoir vu dans ses rêves que vous étiez vêtu de blanc au sommet d’une montagne ? La Guinée est très montagneuse; de quoi donner du vertige à certains.
Revenons sur les 24 candidats dont beaucoup ne sont que de simples figurants. Comme les partis politiques guinéens n’ont pas de clivage idéologique, ce serait intéressant d’avoir, avant l’élection, une idée de l’équipe qui aspire à gouverner. Aux USA, par exemple, on connaît pour chaque candidat à la présidence celui qui sera, en cas de victoire, le vice-président. Pourquoi chaque candidat ne nous indiquerait-il pas son Premier ministre en cas de victoire. Ce serait d’autant plus facile que le régime qu’on nous promet n’est pas de type parlementaire. Juridiquement, rien ne les y oblige mais c’est un minimum de transparence souhaitable.
En effet, et je l’ai toujours dit, la priorité c’est l’unité nationale. Issu d’un parti, le prochain président devra être celui du pays tout entier. Chaque Guinéen devra se reconnaître dans la prochaine équipe dirigeante. Le montant très élevé de la caution demandée aux candidats a permis, du moins en apparence, de s’assurer de leur santé financière. La Guinée a besoin de candidats physiquement, intellectuellement et surtout moralement sains. Ce sont des conditions difficiles, mais pas impossibles, à réunir chez le même individu. Cependant, on peut s’améliorer, l’homme étant par principe perfectible.
Ce que j’attends du nouveau président, c’est un signe fort pour calmer les esprits, incarner l’unité nationale et rendre le processus démocratique irréversible. Car il ne faut pas se leurrer. Même si la prochaine élection est démocratique, la Guinée ne sera pas pour autant démocratique. Ce ne sera qu’une étape. La démocratie est un processus long et souvent fragile qui ne se construit que collectivement. Un bon président est celui qui écoute et qui rassure et non celui qui verrouille le système à son profit par des nominations complaisantes et claniques aux hautes fonctions civiles et militaires.
A ce propos, je réitère quelques propositions que j’avais faites pour améliorer la gouvernance de notre pays et permettre la renaissance de la Guinée. Elles sont depuis longtemps dans mon congélateur mais demeurent toujours comestibles, la chaîne du froid n’ayant jamais été rompue.
Ma proposition s’articule autour de deux points, à savoir une restructuration (qu’on souhaiterait optimale) du gouvernement et une réorganisation de la diplomatie du pays.
I) Projet de structure de gouvernement
Il n’y a pas de modèle type car chaque pays a sa spécificité. Ainsi le Koweït a un ministère du pétrole. La Guinée pourrait avoir un ministère de la bauxite, ce qui pourrait prêter à sourire sans être ridicule !
A mon sens, la Guinée pourrait se contenter, en dehors d’un Premier ministre et d’un Secrétariat général du gouvernement, de 21 départements ministériels à renforcer par quelques secrétariats d’Etat en fonction de chaque cas. Les voici, sans prééminence aucune, car il n’y a de ministères plus importants que d’autres mais une équipe qui doit être solidaire et efficace :
1°) ministère des affaires étrangères
2°) ministère du plan et de la coopération
3°) ministère de la défense nationale et de l’action civique
(les militaires doivent être patriotes et bien éduqués)
4°) ministère de la justice et des droits de l’homme
(si ces droits ne sont pas respectés, il n’y a pas de justice)
5°) ministère de l’économie et des finances
( prévision, ressources humaines,budget,trésor, directions générales pour les impôts, la douane, la dette publique, la comptabilité publique,les assurances,….)
6°) ministère de l’intérieur et de la réforme administrative
7°) ministère de l’industrie, du commerce et des PME
(en Guinée chacun veut faire du commerce alors qu’il faut d’abord produire !)
8°) ministère de l’urbanisme, de l’habitat et de l’assainissement
(le paysage urbain est mal aménagé et les Guinéens mal logés. Les parcelles ne sont pas assainies et les titres fonciers sont douteux !)
9°) ministère des mines et de l’énergie
10°) ministère des transports et des travaux publics
11°) ministère de l’éducation et de la formation
(il faut lier la pratique à la théorie pour que toute formation se traduise par un emploi)
12°) ministère de la prévention et de la santé
(il vaut mieux prévenir que guérir)
13°) ministère des affaires sociales
(tout ce qui est promotion féminine, famille, enfance, personnes âgées, etc.)
14°) ministère du travail, de la fonction publique et des lois sociales
(il faut d’abord du travail au sens le plus général car l’Etat n’a pas vocation à employer tout le monde)
15°) ministère de l’agriculture et du développement rural
(l’agriculture, c’est tout le secteur primaire et il faut créer dans les campagnes les conditions du progrès afin de freiner l’exode rural)
16°) ministère de l’artisanat et du tourisme
(la Guinée a un potentiel énorme !)
17°) ministère de l’information, de la culture et du patrimoine historique
(je préfère l’ancien terme « information » que le nouveau terme « communication ». Un gouvernement doit donner une bonne information aux citoyens au lieu de faire sa propre promotion)
18°) ministère des sports, de l’éducation physique et des loisirs
(il faut supprimer le terme « jeunesse » car pour le sport, l’éducation physique ou les loisirs, il n’y a pas d’âge)
19°) ministère de l’environnement et de la protection de la nature
(eaux et forêts, animaux sauvages comme les différentes variétés de singes, lutte contre les feux de brousse, reboisement, bassins de rétention d’eau)
20°) ministère des postes et télécommunications
(il faut faire revivre le réseau de la poste en Guinée ! on doit pouvoir affranchir sa correspondance, envoyer ou recevoir des mandats, expédier en toute sécurité un colis, etc. Avoir le téléphone à domicile et au travail !)
21°) ministère des ressources de la mer
(tout ce qui est pêche industrielle bien que la mer ne fournisse pas que du poisson et du sel mais d’autres ressources)
II) Réorganisation totale de la diplomatie du pays
On peut nouer des relations diplomatiques avec tous les Etats du monde mais il ne faut surtout pas, pour des raisons économiques, avoir des représentants partout !
A mon avis la Guinée pourrait se contenter simplement de 24 postes diplomatiques. Je pense même que ce nombre est encore élevé ! A la limite un « super ambassadeur itinérant » par continent pourrait bien faire l’affaire si on lui en donne les moyens. On installerait des consulats dans des endroits où résident des Guinéens (minimum qui reste à définir).
Ce serait déjà aller dans le bons sens, si on regroupait les ambassades de la façon suivante:
Dakar pour le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Cap Vert et la Mauritanie
Bamako pour le Mali et le Burkina Faso
Freetown pour la Sierra Leone et le Libéria
Abidjan (ou Yamoussoukro) pour la Côte d’Ivoire et le Ghana
Abuja pour le Nigeria, le Niger, le Togo, le Bénin, et Sao Tomé
Bangui pour la RCA, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, les 2 Congo, la Guinée Equatoriale
Adis Abeba pour l’Union Africaine, l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti, la Somalie (du moins ce qu’il en reste !), le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi
Pretoria pour toute l’Afrique australe, les Seychelles, les Comores, Madagascar et Maurice
Rabat pour le Maroc, l’Algérie et la Tunisie
Le Caire pour la Ligue Arabe, l’Egypte, la Libye, le Soudan, le Liban, la Syrie, l’Autorité Palestinienne et Israël (la Guinée a tout intérêt à reprendre la coopération avec cet Etat reconnu depuis longtemps par l’Egypte !)
Djedda pour l’Arabie Saoudite, la Jordanie, le Yémen, Oman, l’Irak, et tous les autres Etats du Golfe
New Delhi pour l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Sri Lanka, les Maldives, le Népal, le Bhoutan, l’Afghanistan, l’Iran et la Turquie
Kuala Lumpur pour toute l’Asie du Sud-est (Myanmar, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Vietnam, Laos, Kampuchéa, Philippines, Indonésie, Brunei)
Pékin pour la Chine, la Mongolie et la Corée du Nord
Tokyo pour le Japon et la Corée du Sud
Sans établir des relations diplomatiques avec Taiwan, ce qui ne serait pas du goût de Pékin, on peut se contenter de relations commerciales pouvant être très profitables pour la Guinée.
Canberra pour tous les Etats de l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, etc.…)
Paris pour la France, Monaco et la Suisse
Bruxelles pour l’UE, le Benelux, le Royaume-Uni et l’Irlande
Berlin pour l’Allemagne, l’Autriche, le Liechtenstein, et toute l’Europe du nord (Danemark, Suède, Norvège, Islande, Finlande)
Moscou pour la Russie et tous les Etats de l’ex URSS, la Pologne, la Rép. Tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie
Madrid pour l’Espagne, Andorre, le Portugal, Malte, l’Italie, Saint Marin, le Vatican, les Etats de l’ex Yougoslavie,l’Albanie, la Grèce, Chypre et la Turquie
Washington pour l’Onu, les USA et le Canada (consulats à New York, L.A., Atlanta, Chicago, etc.)
La Havane pour Cuba, autres Etats des Antilles et d’Amérique centrale, Mexique
Brasilia pour tous les Etat d’Amérique du Sud.
Un diplomate doit être bien formé et représenter dignement son pays. Il doit protéger ses concitoyens dans la mesure du possible. Il ne devrait pas rester trop longtemps à l’étranger (pas plus de 15 ans !) et au même poste (pas plus de 5 ans) ! Les diplomates doivent être respectés. Quand on voit ce qu’ils sont obligés de faire pour les épouses et enfants des dignitaires afin de conserver leurs postes !
La Guinée doit se monter respectable pour être respectée par les autres en exigeant de ces derniers l’application du principe de réciprocité! Je suis indigné par les tracasseries dont sont victimes nos concitoyens détenteurs de visa, de la part des autorités aéroportuaires européennes. Les passagers sénégalais, ivoiriens et autres n’ont pas ces problèmes ! Peut-être, c’est parce qu’ils ont, eux, un Etat ! Qu’attendons-nous pour instaurer le nôtre ?
Je vous salue !
Ibrahima Kylé Diallo
Directeur de guineenet.org et de kylediallo.info
Mon contact : kylediallo@gmail.com
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