La victoire du parti d'Alpha Condé contestée par l'opposition
- Par Administrateur ANG
- Le 19/10/2013 à 09:14
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Après trois semaines de dépouillement, la Commission électorale nationale indépendante a enfin annoncé les résultats des élections législatives du 28 septembre. Le parti d'Alpha Condé, le RPG au pouvoir, arrive en tête et recueille 53 sièges sur les 114 en lice à l'Assemblée nationale. Mais l'opposition a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne reconnaîtrait pas ces résultats.
Il aura fallu trois semaines à la Guinée pour dépouiller le scrutin du 28 septembre. Trois semaines qui auront creusé davantage la méfiance congénitale entre le pouvoir et l'opposition et achevé d'enterrer la crédibilité de la commission électorale. Quasiment tous les partis s'accusent mutuellement de fraude, y compris le RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) d'Alpha Condé, et envisagent de déposer des recours devant la Cour suprême.
Très courte majorité pour le RPG
Mais au terme de ce long processus, une chose apparaît clairement, le parti au pouvoir ne dispose que d'une courte majorité et encore, il la doit à ses alliés de la mouvance présidentielle. Il faut en effet 58 sièges pour former une majorité. Le RPG va donc devoir compter sur ses alliés s’il veut s’assurer la majorité absolue à l’Assemblée. Pour l’instant, les 53 sièges qu'il a remportés ne sont pas suffisants, mais il peut déjà compter sur cinq partis qui lui sont alliés, ce qui lui permettra de passer de 53 à 58 sièges, ce qui représente un peu plus de la moitié par rapport aux 114 sièges disponibles à l’Assemblée.
Mais cette majorité restera une très courte majorité et elle ne sera pas vraiment écrasante pour l’opposition. A lui tout seul, l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) de Cellou Dalein Diallo occupe 37 sièges à l’Assemblée, et s’il s’associe avec l’UFR (Union des forces républicaines) de Sidya Touré, il aura donc 47 sièges. En comptant les autres partis de l’opposition, il pourra faire face à une majorité du RPG qui n’est pas suffisamment forte pour imposer sa loi dans le pays.
Au RPG, on se satisfait sans triomphalisme de ce résultat, expliquant qu'il traduit les difficultés d'un scrutin de mi-mandat où les réformes engagées n'ont pas encore porté leurs fruits. « Il est tout à fait normal que les Guinéens, aujourd’hui, nous fassent encore confiance, ce qui n’était pas du tout donné au début de ce scrutin », a ainsi déclaré Moustapha Naïté, porte-parole de campagne du RPG. « Nous avons pu battre une belle campagne pour convaincre les Guinéens de la nécessité de donner une majorité confortable au président de la République, pour lui permettre de gouverner dans la sérénité », ajoute-t-il. Une majorité qui, « quelle soit courte ou grande », doit « permettre [au président guinéen] de travailler dans la sérénité ».
L'opposition consteste les résultats
En revanche dans l'opposition cette courte défaite laisse un goût amer. Certains leaders, comme Lansana Kouyaté, se disent persuadés que s'il n'y avait pas eu fraude, le RPG aurait été battu.
« On ne reconnaît pas ces résultats et on ne reconnaît même pas le vote, parce que ça s’est passé dans des conditions absolument scabreuses », a expliqué Lansana Kouyaté, président du PEDN, au micro de RFI. Evoquant des élections qui se sont tenues dans « des conditions calamiteuses », il estime que « ces résultats sont le fruit (...) de fraudes accumulées ». « Le pays traverse une dépression économique sans précédent. La famine est installée. La courte victoire (du RPG, ndlr), justement, c’est pour pouvoir masquer l’échec réel qui serait issu d’une élection transparente. Et ce n’est pas moi seulement qui vous le dis. C’est l’Union européenne. »
Pour d'autres, comme Sidya Touré, le RPG a tout fait pour écraser les formations moyennes et se retrouver seul face à l'UFDG de Cellou Dalein Diallo. « Il est clair que ces résultats ne nous conviennent pas. Nous n’avons cessé de réitérer notre demande d’annulation de ces élections, parce que plus les jours passent, plus nous nous rendons compte de l’immensité de la farce électorale qui a été organisée dans notre pays », a déclaré Sidya Touré, dirigeant de l'UFR et porte-parole de l'opposition, à RFI après l'annonce des résultats.
Les leaders de l'opposition se réunissent ce samedi pour faire le point. Mais Sidya Touré a d'ores et déjà annoncé que les résultats ne seront pas reconnus par l'opposition. « Nous n’acceptons pas ces résultats et nous continuons de demander l’annulation de ces élections. Parce que l’ampleur de la fraude dépasse tout ce qu’on peut imaginer ». Pour lui, « l’ampleur de la fraude est telle qu’aucun parti d’opposition n’est en mesure aujourd’hui de donner un satisfecit à cette élection. »
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