La Guinée va exporter 150 tonnes de déchets toxiques vers la France !
- Par Administrateur ANG
- Le 09/05/2017 à 15:47
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C’est un mouvement assez inhabituel pour être signalé. Cette fois-ci, les déchets ont emprunté une destination bien éloignée de l’image d’une Afrique servant de «continent poubelle de l’Occident». La Guinée Conakry a exporté 150 tonnes de déchets toxiques vers la France pour leur destruction. Un «deal» qui inverse les rôles, mais qui réveille les douloureux souvenirs des crimes environnementaux commis par des multinationales étrangères dans ce pays. Les détails.
Les déchets sont tellement dangereux pour la santé publique et l'environnement qu'ils ont été acheminés sous un conditionnement spécial. La Guinée a expédié 150 tonnes de déchets toxiques vers la France où il sera procédé à leur destruction, selon des sources officielles citées par l'agence Xinhua.
Déchets dangereux cherchent destructeurs en France
Dans la cargaison dangereuse, des déchets liquides composés de boues rouges, mais aussi des métaux lourds, de l'arsenic et de la soude caustique. Ces déchets de nature toxique sont issus de la raffinerie d'alumine de Friguia, la plus grande d'Afrique. Située à 160 kilomètres de Conakry, cette usine est la propriété de Rusal, géant russe de l'aluminium et premier producteur au monde du métal.
Les substances issues du processus de production de l'aluminium ont été stockées au port autonome de Conakry d'où elles ont été conditionnées pour être expédiées en France. Sur place, ces substances dangereuses vont être traitées puis détruites. Le projet entre dans le cadre de projet sous-régional de protection de l'environnement piloté par le ministère guinéen de l'Environnement, des eaux et forêts.
Ce projet envisage de débarrasser la Guinée des déchets toxiques les plus dangereux pour l'environnement d'ici 2020. Pour cette fois-ci, on est loin des pratiques de certaines multinationales peu soucieuses de la santé des habitants, qui utilisent les pays africains comme des sites d'enfouissement ou de déversement en mer de déchets électroniques dangereux, nucléaires, biomédicaux...
L'Afrique, «continent poubelle des pays industrialisés» ?
En octobre 2016, l'ONG Public Eye a révélé le scandale du Dirty Diesel, des carburants hautement toxiques livrés par des négociants helvétiques à huit pays africains. Cela a fait resurgir le débat des produits toxiques déversés dans «le continent poubelle». Un des négociants impliqués dans ce scandale d'ampleur se trouve être Trafigura. Ce courtier que l'on accuse d'avoir trempé dans l'affaire du Probo Koala, un navire qui a déversé en 2006, près de 600 tonnes de déchets hautement toxiques dans des décharges autour d'Abidjan provoquant la mort d'une dizaine de personnes et l'intoxication de dizaines de milliers d'autres.
Sans avoir de rapport avec des produits dangereux, avec le récent refus du Bénin de réceptionner un don français de matériel médical, les réseaux sociaux africains ont prêché la méfiance contre le don en équipements médicaux usagers.
Même si les scandales sont de moins en moins médiatisés, les crimes environnementaux menacent toujours la santé des Africains. Selon un rapport du programme des Nations Unies pour l'environnement, les déchets toxiques déversés en Afrique devraient atteindre 67 millions de tonnes, soit une augmentation d'un tiers par rapport aux statistiques de 2014.
Essentiellement des produits électroniques contenant des substances dangereuses, voire cancérigènes, ces substances sont souvent exportées vers des pays africains en provenance principalement de pays comme la Grande-Bretagne, la France ou encore l'Allemagne. A cause de leur coût de destruction jugé trop élevé, ces déchets sont envoyés dans les décharges des métropoles africaines moyennant des millions de dollars représentant le tiers de leur coût de destruction.
Dans un continent où le Kenya et l'Afrique du Sud sont les deux pays à disposer d'une chaîne de traitement de produits toxiques, le durcissement de législation et le recyclage des déchets sont les seuls remparts face au déversement des déchets toxiques.
Ibrahima BAYO Jr
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