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La Guinée relance la culture de l’ananas

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Jusque dans les années 60, la culture de l’ananas état florissante en Guinée. Mais elle a périclité après l’indépendance. Aujourd’hui, les autorités s’efforcent de relancer la filière. 100 tonnes devraient ainsi arriver sur les étals français dès octobre 2017. Une situation révélatrice des problèmes de l’agriculture du pays.

Dans les années 50, la Guinée était le plus grand exportateur d’ananas frais vers la France où elle envoyait plusieurs milliers de tonnes par an de ce gros fruit oblong et écailleux.

Depuis, la production avait sombré, en lien avec les difficultés politiques du pays. Lequel, depuis l’indépendance en 1958, avait été gouverné jusqu’à sa mort en 1984 par Sekou Touré. Ce dernier, qui avait tenu tête à la France du général de Gaulle, avait nationalisé les entreprises étrangères et planifié l’économie. La culture de bananes et d’ananas était alors «contrôlée par la deuxième et troisième génération d’(agriculteurs) français», rapporte un document de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. Avec les nationalisations, le départ des Français avait entraîné une chute de la production. Par la suite, les problèmes d’électricité et d’irrigation avaient entravé le développement du secteur.

Un débouché pour l’agriculture


Aujourd’hui, l’agriculture occupe «près de 80% de la population», selon des sources officielles. D’où la recherche de débouchés rentables à l’exportation.

Ces dernières années, le marché mondial, dominé par le Costa Rica, était en pénurie, notamment en raison de facteurs climatiques qui ont accéléré la raréfaction de la production. A tel point que fin 2015, les fabricants internationaux de jus de fruits et de conserves éprouvaient des difficultés à approvisionner leurs clients. Dans ce contexte, la Guinée a sans doute une carte à jouer. D’autant qu’en Afrique, le marché  (dominé par le Nigeria, avec 900.000 tonnes par an) est essentiellement local : l’ananas y est surtout consommé sur place.

Fin 2016, le Bureau d’exécution stratégique, placé sous l’autorité du Premier ministre Mamady Youla qui a pour objectif d’accélérer la mise en œuvre d’initiatives phares du gouvernement, a donc décidé de prendre le taureau par les cornes. Et ce en lien avec Dalberg cabinet américain «de conseil en stratégie spécialisé en développement et innovation».

«Pour nous, l’objectif c’est d’augmenter la productivité à l’hectare pour passer de 30 tonnes à 50 Tonnes à l’hectare (…). Et l’autre aspect c’est d’augmenter les superficies (pour) qu’en 2020, on arrive à 1000 hectares», expliquait en juillet 2017 la ministre de l’Agriculture, Jacqueline Sultan (remplacée depuis par Youssouf Kiridi Bangoura), citée par le site guineenews.

Si l’on en croit le témoignage d’un producteur guinéen de Mafèrinya (sud-est), cité par le site afriqueconnection, la culture de l’ananas est apparemment assez rémunératrice et gage d’indépendance pour les agriculteurs. «Sur le plan familial, j’entretiens mes enfants. J’ai cinq enfants qui ont tous fait des écoles privées grâce à la culture d’ananas», raconte Sékou Amadou Conté. «Quand tu cultives l’ananas, tu n’es pas humilié, tu n’es pas commandé. C’est toi qui commande», ajoute-t-il.

Partenariat


Au niveau production, les autorités guinéennes souhaitent récolter 20.000 tonnes d’ananas par an d’ici 2018. Dans le même temps, elles entendent se donner les moyens nécessaires pour approvisionner les marchés européens. Elles ont ainsi conclu un partenariat avec les producteurs de Basse-Guinée (zone côtière du pays) et l’importateur français VB International.

Ce dernier «s'est engagé à acheter 100 tonnes d'ananas de qualité provenant de producteurs guinéens qui respectent les normes du marché européen, entre octobre 2017 et janvier 2018», précise le Bureau d’exécution stratégique. Une quantité peu importante pour l’instant (d’autant qu’un ananas pèse 1,8 kg en moyenne). Mais, précise le chef du gouvernement, c’est «une étape clé pour initier le retour de l’ananas de Guinée sur les marchés internationaux». «L’ambition, c’est quand même d’enclencher la dynamique d’exportation de l’ananas», ajoute l’ancienne ministre de l’Agriculture. A l’horizon 2020, le pays souhaite exporter 2500 tonnes par an.

Laurent Ribadeau Dumas

Source: francetvinfo

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