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La Guinée entre deux fléaux : le scientifique doubien Jean-Mathieu Bart témoigne

En guinee les habitants vendent du gel hydroalcoolique au bord des routes photo er 1586779256Originaire du Doubs, Jean-Mathieu Bart est actuellement en Guinée. Spécialiste de la maladie du sommeil qui sévit dans le pays, il prête main-forte à l’Institut Pasteur sur place pour dépister les habitants atteints par le coronavirus.

Jean-Mathieu Bart, originaire du Doubs, a soutenu sa thèse en biologie à Besançon. Après avoir travaillé en Chine, au Japon, en Espagne, il est depuis un an en France. Scientifique à l’Institut de recherche pour le développement, parasitologue, spécialiste de la maladie du sommeil, qui sévit en Guinée, il témoigne depuis là-bas : « L’objectif de mes deux mois sur place, en Guinée, était d’étudier la faune domestique et sauvage comme réservoir de cette maladie. Et puis le SARS-CoV-2 est arrivé avec les passagers de l’avion Air France du 14 mars. Les premiers cas sont apparus rapidement. Le ministère de la Santé affiche -officiellement- 300 cas et deux décès. »

41 % de la population a moins de 14 ans et seulement 3 % plus de 65 ans. « C’est peut-être cette structure démographique qui permettra au pays d’éviter de nombreux morts », note Jean-Mathieu Bart.

Les réflexes hérités du virus Ebola

Comment empêcher les habitants de Conakry de sortir alors qu’ils vivent au jour le jour ? « Assez vite, et peut-être par un réflexe issu de l’épidémie d’ Ebola , explique Jean-Mathieu Bart, les gestes de protection individuelle se sont mis en place : port du masque, lavage des mains, prise de la température, le tout accompagné d’un couvre-feu et de la fermeture des aéroports ». « Malgré cela, les Conakryka continuent leur vie avec cette énergie qui caractérise cette ville qui normalement ne dort jamais, le virus circule dans ce bouillonnement », relate le scientifique.

Coronavirus : 100 tests effectués par jour

Les activités de lutte contre la maladie du sommeil, qui sévit loin de Conakry, étant stoppées, « - ce qui nous fait craindre d’ailleurs une réémergence des cas comme pour Ebola en 2016 – j’ai été contacté par l’Institut Pasteur de Guinée pour venir renforcer leur équipe de diagnostic. Trois laboratoires sont capables d’effectuer les tests , avec une capacité d’environ 100 analyses par jour. Ce qui reste très insuffisant », regrette Jean-Mathieu Bart qui, pour sa part, ne sait pas quand il pourra retourner en France. « Ma date de retour du 8 mai n’est désormais plus certaine… »

"Contribuer à l'effort général"

« Je sais que ma famille, confinée en France, est en sécurité. Cela me rassure. Avoir l’opportunité de contribuer à l’effort général contre cette pandémie grâce à mon métier, qui souvent peut paraître un peu déconnecté des préoccupations de beaucoup de personnes, me donne une énergie très forte », explique Jean-Mathieu Bart. « Plus vite nous en finirons avec le Covid-19, plus vite nous pourrons nous remettre à lutter contre ces maladies tropicales négligées qui tuent chaque année des millions de personnes qui n’ont pas eu la chance de naître du bon côté du globe. C’est à toutes ses personnes à qui je pense ce soir, avant d’aller me coucher ».

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