La Guinée défiée, la Guinée défiante
- Par Administrateur ANG
- Le 24/01/2013 à 07:43
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J’avais fait le choix de travailler tout l’été quand mes collègues savouraient les bienfaits du temps estival. C’était pour pouvoir communier avec une partie de mes concitoyens pendant les fêtes de fin d’année et du début de la nouvelle. Le 15 décembre 2012, mon épouse chérie et moi embarquions à bord d’un des Boeing d’Air France. Après un petit retard pris au départ et une escale à Nouakchott, nous atterrissons à 17h45 à Gbessia-Conakry.
A la descente d’avion et à la traversée de la police des frontières deux rangs sont formés. L’un pour les détenteurs de passeport et titre de voyage guinéens ; l’autre, pour les autres nationalités. Un calme sécurisant règne dans le hall proprement tenu. Les fonctionnaires, qui contrôlent nos documents de voyages, sont dans un bureau vitré, assis face à un autre ordinateur portant une webcam. Chaque passager est photographié. Pas de cris, ni de bousculade comme autrefois. Ceux qui n'ont pas encore les nouveaux passeports biométriques sont conseillés à se les pourvoir.
Après avoir franchi l’espace de la police des frontières, les douaniers ont fouillé respectueusement nos bagages.
Nous voilà, mon épouse et moi, dehors sur le parking où nous attendent les parents venus nous accueillir. Après les accolades et quelques larmes de joie, nous montons différemment à bord des voitures venues avec eux. Un petit cortège se forme, mais pas pour longtemps
La chaleur monte et la sueur commence à mouiller les habits dans le dos et sous l'aisselle. C’est l’heure de retour de la majorité des travailleurs ainsi que des marchands vers les banlieues. Un embouteillage monstre s’est formé. Il y a moins de klaxon qu’autrefois, mais l’indiscipline au volant l’a remplacé. Les taxis aux chauffards totalement ignorant le code de la route, sont d’une indiscipline mortelle. Au milieu de la chaussée, ils marquent des arrêts qui, pour prendre un passager, qui, pour laisser descendre un client. Entre temps, notre cortège s’est disloqué. Entre des véhicules circulent des gamins (filles et garçons) que des banabana ont arrachés à leur famille villageoise sur la base de fallacieuse promesse. Une fois à Conakry, ils sont transformés en ambulants marchands de mouchoirs, pomme, gâteaux, oranges épluchées, eaux glacées, cacahouètes grillées, cartes téléphoniques de recharge, journaux locaux, jouets made in china ou Dubaï, biscuits et chocolat…. Ces enfants qui devraient être scolarisés (ils n’ont pas connu le chemin du savoir livresque) fourmillent entre les véhicules, tels des animaux et ne craignent pas le danger qui les guette. Ils courent après ces véhicules et leurs passagers pour proposer à l’achat leur bricole. Ils crient « léfourré », « eaux glacées » « biscuits »… Un bras pendant fait signe et toute la meute se regroupe autour de la fenêtre à la vitre descendue de la voiture. Les automobilistes se doublent ou dédoublent dans un brouhaha indescriptible. Les motos aussi. C’est au rythme de la marche d’escargot que nous avançons.
Nous mettons le même de temps passé entre Paris et Conakry avant d’arriver chez nous.
Entre temps, la nuit noire a enveloppé une partie de Conakry. Ma cour est plus que noire quand nous y arrivons. Mes frères me rassurent, qu’à partir de minuit la lumière viendra.
Je prends rapidement une douche à la lumière d’une bougie avant de gagner Kaloum. C’est dans ma propre voiture que je me trouve maintenant. Elle est climatisée. Je suis à l’aise. Le chauffeur est l’un des connaisseurs de la sociologie de la ville de Conakry. Il connaît très bien les mouvements politiques. Il commence à égrener les faits. J’écoute avec avidité. Avant d’arriver à destination, j’ai une vraie cartographie de la réalité guinéenne via celle de la capitale.
Je voulais tester la question de l’insécurité, marchandise trop souvent vendue avec exagération par une opposition politique stérile. Je reste jusqu’à deux heures du matin à Kaloum avant de regagner mon domicile en banlieue. Des barrages sont dressés sur les artères. J’en rencontre un au 8 novembre. Ce sont des militaires qui y veillent, mais respectueux des usagers noctambules. Ils fouillent le coffre et l’intérieur de la voiture puis lèvent le barrage. Nous passons. Nous rencontrerons deux ou trois autres sur le chemin de retour.
Démenti formel et cinglant de tous ceux qui écrivent et bavent sur les sites internet à propos de l’insécurité.
Dans toutes les grandes agglomérations du monde, la question de sécurité se pose. Conakry, devenu aujourd’hui une grande métropole, peut-elle échapper à ce fait de société ? Si la réponse est NON, les démons de la désinformation doivent être maudits ! Ils présentent l'insécurité en Guinée comme l’enfer. Mais Dieu existe. Il est le seul maître de la vérité.
Pendant un mois, je suis rentré régulièrement chez moi, au plutôt à deux heures du matin sinon plus tard que cela. Aucune égratignure, ai-je eu. Que ne nous racontent pas les oiseaux de malheur en ce qui concerne l’insécurité en Guinée ?
Le fanatisme religieux et le radicalisme politique alimentent le vivre-ensemble dans notre pays. Des confréries fondées sur le fanatisme terrorisant ont fait pousser des simulacres de mosquées. Ce sont des sanctuaires de prêches anti républicaines où les fidèles, conditionnés, se réunissent nuitamment (de 1heure à 5heuresdu matin) ; c’est-à-dire au moment où les vrais croyants répondent à l’appel de Dieu pour lui rendre grâce et hommage. Ces mosquées sont des usines de fabriques de tous ces bobards que nous lisons sur les sites fanatiques et haineux. Les produits qui en sortent sont l’intoxication, la stratégie de manipulations des jeunes qui sont malheureusement les proies de véreux politiciens. Elles sont les laboratoires où se conçoivent les plans et les slogans des manifestations de ceux qui ont échoué dans leur mésaventure pour avoir trahi la patrie quand ils étaient aux commandes. Certains, ayant été maudits, sont devenus des réfugiés amers qui ne cessent de déverser leur venin haineux sur l’espace virtuel. Disons, honte et mort, à ceux-là!
Ceux qui défient notre patrie oublient l’existence de cette armée vivante invisible qui la garde et veille jalousement sur elle. C’est en cela que
Paris 24 janvier 2013
Jacques KOUROUMA
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